Scission: Pourquoi huit députés socialistes ont voté la censure malgré l’abstention de la majorité du PS

Le député Inaki Echaniz assiste à la séance des questions au gouvernement à l'Assemblée nationale française, le 07 février 2023 à Paris, France. Photo by David Niviere/ABACAPRESS.COM

Une poignée de parlementaires socialistes ont voté, ce jeudi 16 janvier, en faveur de la censure déposée par La France insoumise. Deux jours plus tôt, Jean-Luc Mélenchon avait affirmé que les insoumis récupéreraient les circonscriptions des députés PS qui ne voteraient pas la censure.

Après de multiples rencontres avec le gouvernement et plusieurs réunions à leur siège, les socialistes avaient finalement annoncé à la mi-journée la décision de ne pas voter la motion de censure déposée par la France insoumise.

Ce jeudi 16 janvier, aux côtés des autres partis du Nouveau Front populaire, huit députés du Parti socialiste sur 66 n’ont pas suivi la ligne du groupe, soit un peu plus de 12 % : Alain David (Gironde), Fatiha Keloua Hachi (Seine-Saint-Denis), Philippe Naillet (Réunion), Claudia Rouaux (Ille-et-Vilaine), Pierrick Courbon (Loire), Paul Christophle (Drôme), Peio Dufau (Pyrénées-Atlantiques) et Iñaki Echaniz (Pyrénées-Atlantiques).

Un choix qu’avait déjà annoncé hier Philippe Naillet, le député réunionnais dans un communiqué publié sur son compte X.

Reprochant à François Bayrou «un grand flou» dans son discours de politique générale, il regrettait l’absence d’annonce sur «les services publics», «la crise du logement» ou encore «la vie chère» dans les territoires ultramarins. «En l’Etat, le Premier ministre ne nous laisse pas d’autre choix que de le censurer», avait conclu l’élu socialiste.

Quelques minutes après le vote, dans une publication sur son compte du réseau social Medium, Paul Christophle s’est justifié à son tour : «François Bayrou a refusé d’accepter ce qui était la condition minimale d’une non-censure : la suspension immédiate de la réforme des retraites. Il n’était prêt à aucune concession majeure sur les retraites. Las, il fallait donc s’y résoudre et voter la censure.» Alors que la coalition gouvernementale accuse le Nouveau Front populaire de déstabiliser le pays avec un tel vote, il se défend : «Tant qu’Emmanuel Macron nommera des Premiers ministres qui ne disposent d’aucune légitimité populaire, il fera perdurer l’instabilité», pointant notamment du doigt Bruno Retailleau et de Gérald Darmanin.

Pression de Mélenchon
Dans un poste sur X, Fatiha Keloua Hachi a revendiqué son vote. «Ce que propose le gouvernement Bayrou est loin de répondre aux enjeux actuels, même avec les avancées obtenues par les socialistes», justifie-t-elle. Sur ce vote, la députée de Seine-Saint-Denis jouait potentiellement son siège aux prochaines élections législatives. «Tous ceux qui ne votent pas la censure sortent de l’accord du NFP donc on met des options sur leur circonscription», avait menacé Jean-Luc Mélenchon mardi 14 janvier devant plusieurs journalistes.

Majoritairement acquise à la cause des insoumis, la Seine-Saint-Denis a voté à 49 % pour le candidat LFI aux dernières présidentielles en 2022, contre 1 % pour Anne Hidalgo. Un candidat LFI en face de Fatiha Keloua Hachi aux prochaines législatives aurait réduit les chances de la députée de conserver son siège. Même situation pour Philippe Naillet à la Réunion, dominée par le PCF et la France insoumise. Le département d’Outre-mer avait placé le leader insoumis en tête du premier tour de 2022 avec 40 % des voix exprimées.

C’est la première fois, depuis la création du NFP, que le Parti socialiste ne vote pas une mention de censure avec l’ensemble de la gauche.

«Nous avons choisi de ne pas pratiquer la politique du pire parce qu’elle peut conduire à la pire des politiques, c’est-à-dire l’arrivée de l’extrême droite, a argumenté Olivier Faure devant l’hémicycle ce jeudi. Nous sommes dans l’opposition et nous y resterons». Alors que l’un des points centraux des négociations avec le gouvernement était l’abandon ou la suspension de la réforme des retraites, l’exécutif a finalement proposé des renégociations par les partenaires sociaux pendant trois mois et une «mission flash» de la Cour des comptes. Dans Chez Pol, le PS a fait savoir que les huit députés censeurs ne seraient pas sanctionnés.

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