En Colombie, le bilan des violences dans la région du Catatumbo s’alourdit. Selon les autorités locales, plus de 80 personnes ont été tuées, essentiellement des civils et plus de 5 000 ont fui depuis le début de l’offensive menée par l’Armée de libération nationale (ELN) qui veut assurer le contrôle de la région. Le gouvernement, qui a suspendu le 17 janvier les négociations de paix en cours avec cette guérilla, ne parle pas de les reprendre.
« Nous estimons que plus de 80 personnes ont perdu la vie », a indiqué, dans un communiqué, William Villamizar, le gouverneur du département de Norte de Santander, où se situe la région du Catatumbo. Plus de 20 personnes ont également été blessées, a ajouté le gouverneur. Depuis le 16 janvier, les guérilleros des deux organisations s’affrontent pour le contrôle de cette zone stratégique pour la production de cocaïne.
En raison de ces affrontements, environ 11 000 personnes ont été déplacées dans la région du Catatumbo, selon le Bureau du médiateur colombien.
« Nous sommes confrontés à l’une des crises humanitaires les plus importantes et les plus graves que le Catatumbo ait jamais connues, si ce n’est la plus importante. (…) En seulement quatre jours, au moins 11 000 personnes auraient été déplacées et il pourrait y en avoir beaucoup plus », a déclaré Iris Marin, cheffe du Bureau du médiateur, dans une vidéo publiée sur X.
Hoy, la Defensora del Pueblo Iris @MarnIris estuvo en Ocaña, Norte de Santander, para hacer seguimiento a la crisis humanitaria en el Catatumbo a causa del conflicto armado en la región.
En 4 días se han reportado al menos 11.000 personas desplazadas en Tibú, Ocaña y Cúcuta.… pic.twitter.com/dnoDFmGR8S
— Defensoría del Pueblo (@DefensoriaCol) January 20, 2025
Le Catatumbo, valeur stratégique
Les habitants du Catatumbo fuient en voiture, en camion, en pirogue, comme ils peuvent. Les images des véhicules surchargés et les appels au secours des habitants qui n’ont pas encore pu quitter la région se multiplient sur les réseaux sociaux. La peur est de retour dans ce territoire qui a été le théâtre de violents affrontements entre l’armée et les guérillas dans le passé, raconte Marie-Ève Detoeuf, correspondante de RFI à Bogota.
Le Catatumbo est une région très pauvre.
Mais il y pousse de la coca (quelque 50 000 hectares de cultures de coca) et pour les groupes armés qui vivent du trafic de cocaïne, elle est stratégique. Depuis trois jours, l’ELN (en activité depuis 1964 et qui compte quelque 5 800 membres selon les services de renseignement militaire) multiplie les assassinats, les enlèvements et les menaces pour tenter d’éliminer son rival régional, un groupe armé qui se réclame de l’ancienne guérilla des FARC.
Hier dimanche, l’armée a annoncé l’envoi de 5 000 soldats dans la région.
Les militaires veulent d’abord sécuriser un couloir humanitaire pour permettre aux civils d’échapper aux règlements de compte entre les deux groupes armés. Le commandant en chef de l’armée a annoncé la mise en place d’un plan stratégique pour tenter ensuite de contrer l’ELN.
rfi