Madagascar fait un pas important vers l’accès à l’énergie dans ses zones rurales, grâce à un financement de 11,5 millions d’euros débloqué pour soutenir l’électrification de la région d’Atsimo-Andrefana, dans le Grand Sud de l’île. Cette somme, comprenant une subvention de 7,5 millions d’euros de l’Union Européenne (UE) et de l’Agence Française de Développement (AFD), permettra à Anka, un des principaux opérateurs de mini-réseaux solaires, de renforcer ses opérations dans cette région enclavée et vulnérable.
Le soutien de ces partenaires internationaux marque un tournant majeur pour le secteur privé malgache, qui joue un rôle crucial dans l’électrification rurale du pays.
Une impulsion vitale pour l’électrification rurale
La région d’Atsimo-Andrefana, où l’accès à l’électricité est parmi les plus bas du pays, bénéficiera de 13 nouveaux mini-réseaux solaires. Ces infrastructures permettront d’alimenter une quarantaine de villages et contribueront ainsi à améliorer les conditions de vie de milliers de familles. L’Atsimo-Andrefana est une zone difficile d’accès et à faible pouvoir d’achat, ce qui la rend risquée pour les investisseurs traditionnels. Néanmoins, grâce à l’engagement de l’UE et de l’AFD, Anka pourra développer ces projets à grande échelle.
Le secteur de l’électrification rurale à Madagascar, encore jeune et sous-développé, a souvent été négligé par les bailleurs de fonds, notamment au profit d’autres pays africains anglophones comme la Tanzanie, le Nigeria ou l’Ouganda.
Cependant, cette subvention marque un changement de cap en faveur d’une collaboration accrue entre les investisseurs internationaux et le secteur privé local. Selon Dina Rajaobelina, directrice de la communication d’Anka, ce financement est un signal fort que le développement du secteur de l’électrification rurale est possible à Madagascar. Elle ajoute que cette initiative montre aussi l’importance d’écouter le secteur privé, déjà actif sur le terrain, pour définir les priorités et l’utilisation de ces fonds.
Anka : un opérateur engagé pour un avenir énergétique durable
Anka, l’un des leaders des mini-réseaux solaires à Madagascar, fournit déjà de l’énergie solaire à plusieurs centaines de bénéficiaires dans le Grand Sud de l’île. Avec des tarifs qui, bien que deux fois plus élevés que ceux de la compagnie d’État Jirama, restent parmi les plus accessibles du marché, Anka s’efforce de rendre l’énergie plus abordable tout en assurant la viabilité économique de ses projets. Le coût moyen de l’électricité vendue est de 1800 ariary par kWh, ce qui reste largement inférieur à celui des solutions alternatives.
Cependant, comme le souligne Dina Rajaobelina, le modèle économique d’Anka est toujours conditionné à la pérennité des subventions.
« Les populations du Grand Sud, particulièrement vulnérables face au changement climatique, sont souvent les premières à souffrir des impacts environnementaux. Elles risquent même de devenir les premiers réfugiés climatiques de Madagascar. Ainsi, le soutien continu des bailleurs de fonds reste essentiel pour garantir la durabilité de ces projets », indique-t-elle.
Un marché encore en développement
Malgré des progrès notables, l’accès à l’énergie reste une grande problématique à Madagascar, où deux tiers de la population n’ont toujours pas accès à l’électricité. Le marché reste immature et en pleine structuration, et les investissements suivent encore le rythme de développement des opérateurs privés, qui sont confrontés à de nombreux risques financiers dans des zones rurales difficiles. Pour atteindre l’objectif d’un accès universel à l’électricité d’ici à 2030, estimé à 7 milliards de dollars selon l’organisation SEforALL, Madagascar devra continuer à renforcer ses partenariats et à favoriser l’implication du secteur privé.
FICOU