Le dégel du pergélisol en Arctique, souvent qualifié de « bombe climatique », devient un phénomène de plus en plus préoccupant pour le climat mondial. En effet, avec l’accélération du réchauffement climatique, d’énormes quantités de gaz à effet de serre, principalement du dioxyde de carbone (CO2), auparavant stockées dans le sol gelé depuis des millénaires, sont désormais libérées dans l’atmosphère.
Une étude publiée mardi dans la revue Nature Climate Change révèle que la situation s’aggrave rapidement, et qu’aujourd’hui, un tiers de l’Arctique émet plus de gaz à effet de serre qu’il n’en capte.
Une bombe climatique qui se déclenche progressivement
Le pergélisol de l’Arctique, qui recouvre des millions de kilomètres carrés de terres, est l’un des réservoirs naturels de carbone les plus importants de la planète. Il contient une quantité de gaz à effet de serre deux fois plus élevée que celle actuellement présente dans l’atmosphère. En temps normal, ces gaz sont emprisonnés dans le sol, ce qui en fait un puits de carbone naturel, crucial pour modérer le réchauffement climatique.
Cependant, à mesure que les températures mondiales augmentent, le pergélisol dégèle, libérant ainsi ces gaz dans l’air, ce qui accélère encore le réchauffement.
Le phénomène est particulièrement marqué dans les régions de la toundra sibérienne, de l’Alaska et du Canada, où le sol gelé se transforme en terre meuble et instable. Ce dégel libère non seulement des gaz à effet de serre, mais permet également aux bactéries de se développer et d’agir sur les matières organiques enfouies, augmentant ainsi la production de CO2 et de méthane.
Un tiers de l’Arctique émet plus de gaz à effet de serre qu’il n’en capte
D’après l’étude de Nature Climate Change, environ un tiers de la toundra, des forêts et des zones humides arctiques émet désormais des quantités nettes de gaz à effet de serre. Cela signifie que ces zones contribuent davantage au réchauffement climatique qu’elles ne participent à son atténuation.
Bien que les températures plus élevées aient stimulé la croissance de la végétation dans certaines régions de l’Arctique, ce phénomène ne compense pas la libération massive de gaz par le dégel du sol. L’augmentation de la végétation, qui pourrait théoriquement capter une partie de ces émissions de carbone, n’est pas suffisante pour contrecarrer les effets du dégel.
Le sous-sol arctique : un réservoir de carbone colossal
Les experts suivent de près l’évolution de cette situation, car le sous-sol arctique regorge de carbone qui, s’il est libéré dans l’atmosphère, pourrait avoir des conséquences dramatiques sur le climat. Selon les estimations, l’Arctique pourrait contenir plus de 1 500 milliards de tonnes de carbone enfouies dans ses sols. Ce carbone, principalement sous forme de dioxyde de carbone et de méthane, devrait idéalement rester emprisonné sous la glace et ne jamais se libérer, car son relâchement contribuerait de manière significative au réchauffement climatique mondial.
Le dégel du pergélisol arctique représente donc une menace majeure pour les efforts mondiaux de lutte contre le changement climatique.
Les chercheurs appellent à une surveillance accrue et à des actions urgentes pour atténuer les effets de ce processus irréversible, qui pourrait avoir des conséquences bien plus graves si des mesures ne sont pas prises rapidement.
VivAfrik