_Elon Musk a nié avoir réalisé un salut nazi lundi lors d’un évènement après l’investiture de Donald Trump.
_Le geste a pourtant clairement été interprété comme tel par des figures de l’ultra-droite américaine.
_Focus sur le « dog whistle », cette technique qui consiste à faire un appel du pied aux sphères les plus radicales.
C’est l’un des gestes les plus connotés de notre époque. Bras tendu vers le haut, doigts serrés, Elon Musk est accusé d’avoir réalisé un salut nazi ce lundi 20 janvier devant la foule rassemblée pour l’investiture de Donald Trump. Une accusation démentie par le principal concerné, qui dénonce un « coup tordu », quand d’autres le décrivent comme un « geste maladroit ». S’il est impossible de connaitre l’intention du milliardaire, une chose est certaine : chez les partisans de la droite la plus radicale, le message est bien passé.
« Nous sommes de retour », scande l’ultra droite
Une technique baptisée « dog whistle ». Derrière cet anglicisme, une méthode venue tout droit des États-Unis. Elle consiste à utiliser des termes ou des concepts en apparence anodins pour le grand public, mais bien connotés dans les groupes politiques radicaux(nouvelle fenêtre). Des clins d’œil qui peuvent aussi prendre l’apparence de « meme », ces images détournées, ou par des signaux discrets.
L’intérêt de la stratégie pour celui qui l’utilise ?
Il pourra toujours nier son intention au grand public. Tout en captant l’intention de ses interlocuteurs. Objectif, chercher à obtenir leur soutien en toute discrétion. En réalisant ce geste très connoté, Elon Musk ferait donc un « appel du pied » ambigu en direction de la sphère dont il est proche : « l’alt-right »(nouvelle fenêtre) américaine, cette extrême droite radicale et connectée.
Il faut dire que le milliardaire ne cache pas ses accointances avec ce milieu.
Dès le rachat de X (Twitter à l’époque), le patron du réseau social réhabilite immédiatement plusieurs figures du néo-nazisme international, et accepte leur retour sur la plateforme, à l’instar d’Andrew Anglin(nouvelle fenêtre), la star de la jeunesse néonazie et Patrick Casey, le suprémaciste blanc des rangs républicains. Devenu propriétaire du réseau social où il promeut une liberté d’expression totale, il prend également la défense de figures antisémites, comme le Français Alain Soral, et diffuse des théories complotistes directement issues de l’ultra-droite européenne.
Récemment, il a ouvertement soutenu le parti d’extrême droite allemand Alternative fur Deutschland (AfD), dont l’extrémisme des idées est tel qu’il embarrasse son alliée, Marine Le Pen(nouvelle fenêtre).
Par la proximité qu’il entretient avec cette sphère, le geste accompli par Elon Musk a laissé peu de doute aux figures du mouvement suprémaciste américain, qui ont rapidement vu dans le geste du milliardaire une référence claire à leur idéologie.
Que ce soit sur Telegram ou Gab, le forum privilégié des militants de l’alt-right, la réponse de la communauté néo-nazie a été « instantanée et unanime », résume le quotidien américain The Wired. « Des choses incroyables se produisent déjà », s’est par exemple ému Andrew Torba, le fondateur de la plateforme Gab, publiant la photo du patron de Tesla bras tendu.
Sur son réseau social, le salut a été transformé en GIF et partout, les symboles en forme d’éclair affluent.
Une référence à l’escadron SS de l’Allemagne nazie. « Nous sommes de retour », s’est également réjoui sur tous ses réseaux sociaux Evan Kilgore. Administrateur l’un des plus gros canaux néo-nazis sur Telegram, il a écrit par le passé que « les nazis n’étaient pas aussi mauvais qu’on nous le fait croire ». Incontestablement, pendant qu’Elon Musk nie, cette sphère jubile.
tf1