Une réunion du Conseil de sécurité des Nations unies vient de déplorer que « l’Afrique reste l’épicentre du terrorisme mondial », en particulier la zone sahélienne. Une situation qui susciterait trop peu de solidarité internationale.
Si la tenue de statistiques des attaques terroristes est un exercice parfois kafkaïen, sous certains régimes qui prônent une pudique méthode Coué, le Conseil de sécurité des Nations unies vient de tenter un chiffrage ce 21 janvier. Et les données ne sont guère de nature à inspirer l’optimisme au continent africain. C’est l’Africaine Amina Mohammed, ancienne ministre kényane et actuelle vice-secrétaire générale de l’ONU, qui a eu la lourde tâche de dévoiler le classement des continents les plus touchés par ces violences.
Selon le numéro deux de l’organisation, « l’Afrique reste l’épicentre du terrorisme mondial ».
Ce sont près de 60 % de tous les décès liés à ce type de violence, à l’échelle du monde, qui se produiraient sur la seule zone subsaharienne de l’Afrique. Le commissaire aux affaires politiques, à la paix et à la sécurité de l’Union africaine a donné quelques précisions fournies par le Centre de lutte contre le terrorisme de l’Union africaine. Basée à Alger, la structure citée par Bankole Adeoye a enregistré, pour la seule année 2024, « plus de 3 400 attaques », lesquelles auraient fait « plus de 13 900 morts ».
Le Sahel particulièrement touché
Certes, des violences qualifiées d’horribles ont lieu aussi bien en Afrique centrale – le Conseil a cité les ADF en République démocratique du Congo – qu’en Afrique de l’Est, des Shebab de Somalie au groupe Ahlu Sunna Waljama’a au Mozambique. Mais l’Afrique de l’Ouest suscite les plus grandes inquiétudes. L’épicentre de l’épicentre se trouve actuellement au Sahel…
Les Nations Unies estiment que, « pendant trois années consécutives », la zone sahélienne a enregistré « plus de 6 000 morts du terrorisme ».
C’est particulièrement le Burkina Faso – épicentre de l’épicentre de l’épicentre – qui arriverait à la première place du classement mondial des victimes du terrorisme. Mais la menace tendrait à s’étendre significativement vers les pays du golfe de Guinée. « Les groupes affiliés à Al-Qaïda et à l’État islamique ont étendu leurs tentacules meurtriers », rappelle Amina Mohamed.
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Au-delà de la compassion due aux victimes de la situation sécuritaire du continent africain, les intervenants de la réunion du Conseil de sécurité ont déploré deux aspects. Primo, la tendance des chiffres qui font craindre à Bankole Adeoye un véritable « point de basculement ». Dans certains pays d’Afrique de l’Ouest, notamment, l’augmentation du nombre de victimes du terrorisme s’exprime en pourcentage à trois chiffres. Or l’ONU regrette, secundo, le manque « de soutien pour aider à inverser cette tendance ».
Certes, les mésaventures vécues par des entités comme la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), la mission onusienne Minusma ou l’opération française Barkhane contribuent à aligner les positions sur les discours souverainistes qui entendent ne s’appuyer que sur des ressources sécuritaires endogènes.
Mais la vice-secrétaire générale de l’ONU plaide pour des procédures qui ne soient pas que militaires et qui pourraient combattre la « marginalisation des jeunes » ou l’«explosion du chômage», qui incitent certaines générations à écouter les sirènes des recruteurs de groupes extrémistes.
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