Le mouvement de Jean-Luc Mélenchon compte se faire une place aux municipales en 2026 pour les 10 ans de son mouvement. Une large victoire donnerait une rampe de lancement vers la présidentielle en 2027 et permettrait de régler des comptes avec les socialistes.
Une élection sous forme de ballon d’essai. Le député insoumis Louis Boyard se présente ce dimanche 26 janvier au premier tour des municipales partielles à Villeneuve-Saint-Georges, dans le Val-de-Marne. Ce scrutin anticipé a valeur de test pour La France insoumise qui compte désormais décrocher plusieurs grandes villes en mars 2025.
Les écologistes en modèle
La manœuvre a de quoi surprendre pour un parti qui s’est toujours désintéressé des scrutins locaux. Le mouvement ne détient ainsi qu’une toute petite poignée de communes, conformément à la volonté de Jean-Luc Mélenchon qu’il avait expliquée dans une note de blog en 2020, entre volonté d’éviter l’émergence de barons locaux, susceptibles de lui faire de l’ombre, et obsession de la présidentielle.
Mais depuis les dernières municipales, l’atmosphère a changé.
Il faut dire que la réussite des écologistes pour ce scrutin a donné des idées à LFI, d’une éventuelle victoire à Lille en passant par Montpellier, Marseille, Roubaix, Brest, Villeneuve d’Ascq, Bobigny…
« Donner envie pour la suite »
Le parti a plusieurs objectifs en se lançant dans la bataille des municipales, à commencer par la volonté de faire ses preuves au quotidien sur le terrain. De quoi espérer qu’un an plus tard, pour la présidentielle, les électeurs soutiennent la très probable candidature de Jean-Luc Mélenchon.
« Il faut que les gens puissent nous voir à chaque élection, qu’on reste dans un coin de leur tête. C’est vraiment important quand on cherche à mobiliser ceux qui s’abstiennent mais qui votent pour nous quand ils le font », sous-titre un collaborateur parlementaire.
« La lassitude » de l’Assemblée
De quoi aussi permettre aux maires victorieux de lancer de grandes campagnes dans les communes pour encourager à l’inscription sur les listes électorales. Parmi les territoires où les gens sont les moins inscrits, on trouve ceux où LFI fait déjà d’excellents scores, que ce soit en Seine-Saint-Denis, en Guadeloupe, en Martinique ou dans le Rhône.
En attendant, le mouvement planche sur une plateforme qui permettrait à chaque candidat de piocher des idées pour faire son programme.
Parmi celles-ci, on trouve par exemple l’obligation d’installer des toilettes publiques dans toutes les communes de plus de 2.500 habitants, la cantine scolaire gratuite, le ramassage des ordures par des fonctionnaires de la commune et non plus par des entreprises privées, la création d’un service public pour les pompes funèbres…
« Tous ceux qui se sont notabilisés ont raison d’avoir de l’inquiétude »
Sans hésiter cependant à nationaliser les scrutins locaux. Louis Boyard a par exemple déjà promis qu’en cas de victoire, sa commune « s’engagera pour la Palestine en 2025 ».
Mais la bataille des municipales recouvre aussi un enjeu beaucoup plus prosaïque: mettre en échec les socialistes qui détiennent près du tiers des villes de plus de 100.000 habitants et la moitié des communes de plus de 30.000 habitants.
La question est sur toutes les lèvres à gauche: à quoi pourraient bien ressembler de futures listes insoumises sur fond de très fortes tensions avec les socialistes après leur décision de ne pas censurer François Bayrou mi-janvier?
« Ils préféreront nous faire perdre »
Plusieurs scénarios sont sur la table, d’une union de la gauche qui ressemblerait au Nouveau front populaire de l’Assemblée où la tête de liste pourrait être socialiste, LFI ou écologiste en fonction des rapports de forces locaux à des listes 100% insoumises en passant par des listes citoyennes qui compterait des candidats LFI.
« Quand ce sera gagnable, ils voudront y aller en leur nom propre et on aura qu’à s’écraser, peu importe qu’on soit un maire sortant ou pas », s’inquiète déjà un sénateur socialiste.
Continuer à faire « fonctionner le NFP »
« Toutes les villes où le NFP fonctionne, on a envie que ça continue », banalise le député Hadrien Clouet, en citant le cas de Tours où un maire écologiste a été élu aux côtés de socialistes et de communistes en 2020.
Dans cette commune, deux listes de gauche s’affrontent avec d’un côté celle dirigée par un élu communiste, très implanté, autour d’une alliance avec les PS et les écologistes. De l’autre, on trouve LFI, qui y a fait d’excellents scores ces dernières années et a préféré y aller seul.
« Ce qui va se passer à Villeneuve-Saint-Georges va s’inscrire dans l’histoire qu’est en train d’écrire LFI dans les municipales », a déjà lancé Louis Boyard jeudi lors de son meeting de fin de campagne.
bmftv