Electrostimulation, acupuncture, ondes de choc… des spécialistes se sont penchés sur les traitements non médicamenteux dans l’arthrose du genou. Ils démêlent le vrai du faux.
Favorisée par le surpoids et l’obésité, la fréquence de l’arthrose du genou augmente avec l’âge. Cette maladie causée par la destruction des différentes zones de l’articulation provoque douleurs, gonflements et perte de mobilité. Antalgique, anti-inflammatoire, infiltration…, si les médicaments permettent de soulager la douleur, quelle place peuvent prendre les autres traitements ?
C’est l’objet de nouvelles recommandations élaborées par la Société Française de Rhumatologie (SFR), avec la collaboration de la Société Française de Médecine Physique et de Réadaptation (SOFMER).
« Malheureusement, il n’existe pas de traitement curatif. Les interventions non pharmacologiques sont complémentaires des médicaments. En terme de preuves, elles sont quasiment équivalentes. L’avantage, c’est qu’elles peuvent être réalisées par le patient lui-même pour améliorer ses symptômes et son potentiel handicap », indique le Pr Yves-Marie Pers, rhumatologue au CHU de Montpellier et coordinateur des recommandations.
En cas d’arthrose du genou, il faut choisir activité physique adaptée
« Dire au patient d’arrêter de bouger, c’est un contresens ! Les recommandations sont les mêmes que dans les autres maladies chroniques : 30 minutes par jour de marche modérée, 5 jours par semaine », note le rhumatologue.
« Selon le type d’arthrose, les patients sont plus ou moins gênés dans leur mobilité.
Il est donc essentiel de recourir à une activité physique adaptée », continue le spécialiste. Le kinésithérapeute peut réaliser un programme d’exercices adaptés, à base de mobilisation (pour gagner en amplitude), de flexion et d’extension du genou. On peut aussi faire appel à un enseignant en activité physique adaptée (APA).
Le régime méditerranéen pour faciliter la perte de poids
En cas de surpoids ou d’obésité, perdre 5% de son poids permet de réduire la douleur et d’améliorer la mobilité de 10%. « Il est important de perdre du poids de façon progressive, par exemple en suivant le régime méditerranéen, et en maintenant une activité physique pour ne pas perdre en masse musculaire », précise le rhumatologue.
Attention aux régimes d’éviction, sans gluten ou sans lactose qui n’ont pas apporté la preuve de leur efficacité.
De même, du côté des compléments alimentaires (probiotiques, curcuma, omega 3, collagène..): « les suppléments sont hétérogènes et déconnectés de la réalité des résultats biologiques » , décrypte le spécialiste.
Des thérapies efficaces contre l’arthrose du genou
Thermothérapie, laser, ondes de choc, ultra-sons, ondes électromagnétiques, ces techniques censées diminuer la douleur manquent de preuves. « Un soulagement peut être ressenti à très court terme, par exemple au début d’une séance de kinésithérapie. Mais les études n’ont pas montré de bénéfices à plus ou moins long terme pour les patients », constate le Pr Pers.
Du côté de l’électrostimulation, si les spécialistes ont émis un avis négatif, de toutes récentes études pourraient amener à le reconsidérer.
« Elles ont montré que cette technique permettrait de réduire la prise d’antalgiques. Notre travail n’est pas figé, cela pousse à améliorer les recherches quand les preuves manquent. » Quant à l’acupuncture, un bénéfice a été montré sur la prise en charge de la douleur. Enfin, pour les cures thermales, « elles sont bénéfiques lorsqu’elles sont associées à une activité physique et des conseils d’éducation au patient » précise le rhumatologue.
Attelles souples, rigides, bandes élastiques…quelles sont les plus efficaces en cas d’arthrose du genou ?
« D’après les études, les attelles souples ont peu ou pas d’effet sur la réduction des douleurs », estime le Pr Pers. En revanche, chez les personnes qui souffrent d’une déformation du genou, les attelles plus rigides (attelles de distraction) sont intéressantes.
« On note un bénéfice sur la douleur et sur la mobilité, quand elles sont portées 6 heures par jour. »
Dernier né : le kinesio taping, des bandes élastiques censées soutenir les articulations. « Les études ne démontrent pas d’intérêt réel dans la prise en charge de l’arthrose du genou » note le rhumatologue.
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