Les autorités malgaches ont récemment annoncé le démantèlement d’un réseau international de trafic de tortues radiata, une espèce endémique de Madagascar, en danger critique d’extinction. Ce coup de filet sans précédent a abouti à l’arrestation de 19 personnes, dont trois étrangers – deux Comoriens et un Tanzanien – au cours des trois dernières semaines. Les autorités ont également interpellé deux ressortissants chinois en Tanzanie.
Tous ces individus sont suspectés d’être impliqués dans un réseau de revente de tortues radiata, destiné à l’exportation vers l’Asie du Sud-Est, principalement pour être utilisées comme animaux de compagnie.
Une saisie record : 2 700 tortues radiata interceptées
Selon les autorités malgaches, 2 700 tortues radiata ont été saisies lors de cette opération, prêtes à être expédiées à l’étranger. Ce chiffre souligne l’ampleur du trafic et la menace pesant sur cette espèce vulnérable, particulièrement prisée sur le marché noir asiatique. Les tortues radiata, connues pour leur carapace caractéristique en forme de radiations, sont une espèce protégée par la législation malgache et internationale.
Le rôle clé des forces de l’ordre et des partenaires internationaux
Le ministre malgache de l’Environnement, Max Fontaine, a salué l’efficacité de cette opération, soulignant que c’était la première fois qu’une telle saisie était réalisée dans un délai aussi court, avec plusieurs arrestations de maillons du réseau, depuis les collecteurs locaux jusqu’aux exportateurs étrangers. Cette arrestation en chaîne a été rendue possible grâce à l’interpellation, fin décembre 2024, d’un ressortissant tanzanien à Majunga, sur la côte ouest de l’île.
À partir de cette personne, les autorités ont pu démanteler le réseau et effectuer les arrestations à l’échelle internationale.
Les enquêteurs ont découvert que ce réseau sophistiqué disposait de moyens financiers et logistiques considérables, avec la saisie de véhicules neufs, d’un bateau rapide et d’armes. Cela a révélé une organisation structurée, bien au-delà du simple trafic d’animaux.
Collaboration internationale pour la lutte contre le trafic d’espèces
Cette opération a également mis en lumière la coopération fructueuse entre les différents ministères malgaches – Sécurité publique, Gendarmerie, Justice et Environnement – et leurs partenaires internationaux. Depuis la création d’une Task Force internationale en mai 2024, des outils technologiques avancés et des échanges d’informations via Interpol, l’UNODC (Office des Nations Unies contre la drogue et le crime) et le USFWS (Service américain de la faune et des pêches) ont permis de relier les différentes parties prenantes et d’obtenir des preuves substantielles pour démanteler le réseau.
Cette collaboration internationale a été déterminante pour l’identification et l’arrestation des suspects à l’étranger, en particulier en Tanzanie, où deux ressortissants chinois ont été appréhendés.
Le trafic de tortues radiata : un crime au-delà de l’animal
Le ministre Max Fontaine a aussi souligné l’aspect plus large du trafic de tortues radiata, en précisant qu’il ne s’agissait pas seulement d’un problème de préservation de la faune. Selon lui, ces réseaux sont souvent impliqués dans des activités de blanchiment d’argent et d’autres formes de trafic criminels. « Ces réseaux sont bien plus qu’un simple trafic de tortues. Ce sont des réseaux de blanchiment d’argent qui mènent d’autres activités illégales avec des modus operandi similaires », a-t-il averti.
Conséquences pour les responsables : poursuites et incarcération
Les 19 personnes arrêtées à Madagascar ont toutes été incarcérées et sont actuellement en attente de leur procès. Elles font face à des accusations graves de trafic d’espèces sauvages et, pour certaines, de blanchiment de capitaux. Le pôle anti-corruption d’Antananarivo a également pris en charge l’enquête, et il a été précisé que l’un des principaux responsables du réseau, au niveau national, fait partie des personnes appréhendées.
Une victoire importante dans la lutte contre le trafic d’espèces
Cette opération représente une victoire significative dans la lutte contre le trafic d’espèces menacé par le commerce illégal. Elle témoigne de la détermination des autorités malgaches à protéger leur biodiversité et à collaborer avec des partenaires internationaux pour démanteler des réseaux criminels sophistiqués. Néanmoins, la situation reste préoccupante, et la vigilance doit être maintenue pour garantir la préservation de la tortue radiata et d’autres espèces menacées de Madagascar.
FICOU