Le Premier ministre va devoir affronter dans les prochains jours deux nouvelles motions de censure qui n’ont guère de chance de passer. Mais François Bayrou devrait être à nouveau sur la sellette au printemps avec le conclave sur les retraites ou la possibilité d’une nouvelle dissolution.
Un air de soulagement à Matignon. Les deux motions de censure déposées par La France insoumise et soutenues par les communistes et les écologistes ont largement été rejetées à l’Assemblée nationale ce mercredi soir. De quoi donner un peu d’air à François Bayrou.
Sans addition des forces du RN et du Nouveau Front populaire, c’est impossible d’obtenir 289 voix pour faire adopter une motion de censure.
C’est d’ailleurs ce cas de figure qui a permis au Premier ministre de faire adopter le budget de l’État et du premier volet de la sécurité sociale.
Le PS ne votera pas de motion de censure sur les budgets
Mais la situation peut-elle durer dans les prochaines semaines? Les socialistes ont déjà annoncé qu’ils ne voteraient aucune des prochaines motions de censure tant que la séquence budgétaire n’est pas finie.
C’est une bonne nouvelle pour le locataire de Matignon qui va devoir encore affronter deux nouvelles motions de censure sur le second volet de la sécurité sociale.
« Nous sommes lucides », « ce n’est pas un budget juste », mais « nous avons besoin d’un budget », s’est justifié le député socialiste Emmanuel Grégoire à la tribune de l’hémicycle lors des débats.
Une motion « au nom des valeurs » qui ne sera pas « une balle à blanc »
Mais soucieux de ne pas donner un blanc-seing à François Bayrou, les socialistes déposeront le 19 février une motion de censure spontanée portant sur l’ensemble de sa politique, en réaction tout particulièrement à ses propos sur le « sentiment de submersion » migratoire.
« Nous sommes contre la trumpisation du gouvernement », a expliqué Olivier Faure le premier secrétaire du PS sur BFMTV, assurant que cette future motion n’était pas « une balle à blanc ».
Elle devrait largement recueillir toutes les voix du Nouveau Front populaire soit 192 voix, toujours loin donc des 289 voix. Mais du côté des socialistes, on banalise déjà le geste.
Elle « n’est pas faite pour faire tomber le gouvernement, mais pour l’interpeller », a ainsi expliqué l’ancien chef de l’État François Hollande, redevenu député lors des dernières législatives sur France 5.
Gérer les affaires courantes
Quant au RN et aux députés d’Éric Ciotti, qui pourraient faire pencher la balance, il est peu probable qu’ils votent une motion de censure qui critique les propos du chef du gouvernement de l’immigration.
Si le Premier ministre parvient à enjamber l’essai du PS pour le faire tomber, il aura deux options sur la table pour continuer à durer. Le centriste pourra d’abord souhaiter limiter les risques politiques en gérant les affaires courantes et en limitant au maximum les projets de loi sur lesquels il peut risquer de tomber à chaque occasion.
Le spectre d’un renversement à l’été
Seconde possibilité pour François Bayrou: vouloir continuer à légiférer quitte à fâcher. Pour l’instant, les seuls textes gouvernementaux sur la table sont la question de la fin de vie, un sujet transpartisan et un projet de loi sur la question de l’immigration à Mayotte, réclamé par les LR et le RN depuis des années.
Mais le calendrier aussi devrait jouer.
Le député RN Sébastien Chenu a expliqué sur notre antenne ce mercredi matin qu’il ne voit pas l’intérêt de censurer « jusqu’à ce qu’il y ait la possibilité » d’une nouvelle dissolution. Elle ne peut intervenir avant l’été. Très concrètement, les troupes de Marine Le Pen pourraient donc actionner la cartouche d’une motion de censure à la fin du mois de juin.
Les retraites motif de censure
Le tempo pourrait aussi convenir aux socialistes à l’occasion du conclave des partenaires sociaux sur les retraites qui devrait rendre ses conclusions au printemps.
« À l’issue de la conférence sociale, si le Parlement n’a pas le dernier mot, qu’il y a une entourloupe, l’option d’une motion de censure sera aussi sur la table », a lancé Olivier Faure sur notre antenne.
Si les voix du NFP se mêlent à celles du RN, François Bayrou tomberait immédiatement.
C’est le cas de figure qui s’était produit pour Michel Barnier en décembre dernier.
Mais le centriste croit en sa bonne étoile. « Notre but, notre intention, c’est que le budget en 2026 ne soit pas le même que cette année », a lancé le patron du Modem à l’Assemblée nationale ce mercredi.
Autrement dit, le Premier ministre se projette au moins jusqu’au mois de décembre prochain, quand les budgets de l’État et de la sécurité sociale devraient être adoptés.
bmftv