« Libération » publie une enquête ce jeudi 6 février sur la crèche privée Bambou, située dans les Hauts-de-Seine. Une dizaine d’enfants y auraient subi des violences physiques et verbales de la part d’une salariée de la structure.
Ce sont des « coups de claquettes », des insultes et même des claques. Une enquête de « Libération », publiée ce jeudi 6 février, révèle les violences physiques et verbales qu’auraient subies une dizaine d’enfants de la crèche privée Bambou du groupe La Maison bleue, située à Montrouge, dans les Hauts-de-Seine. Ces violences auraient toutes été commises par une professionnelle de la structure, Noami F., 27 ans.
« Une petite avait détaché toutes les étiquettes des porte-doudous.
Ma collègue lui a mis une première claque assez forte sur le front. La petite était choquée, elle n’a pas bougé. Agacée, ma collègue lui a remis une deuxième claque », raconte ainsi Angèle anonymement, qui a travaillé en « binôme » avec Naomi F. Selon « Libération », la majorité de ces violences concerneraient la « section des grands » et auraient eu lieu à la fin de l’année 2024.
Plusieurs parents dénoncent auprès du quotidien les agissements de la professionnelle.
Le fils de Caroline (le prénom a été modifié), âgé de 2 ans et demi, aurait ainsi été traité de « bête » et de « chiant » par Naomi F. parce qu’il n’écoutait pas les consignes. Ces parents notent aujourd’hui des comportements « inhabituels » chez leurs enfants. « Un jour, j’ai grondé ma fille et elle est partie toute seule au coin en levant le bras. Ce comportement est totalement étranger à notre foyer », souligne Olivier (le prénom a été modifié). Au total, au moins deux plaintes et une main courante ont été déposées par des familles.
La direction remise en cause
Les employées de la crèche privée dénoncent un manque de réactivité de la direction. Angèle assure ainsi avoir « tout » dénoncé en décembre dernier auprès de ses supérieurs, sans retours. « Il y a des éducatrices qui en ont parlé, une stagiaire aussi, mais malgré tout ça, il n’y a pas eu de plan d’action », déplore-t-elle.
Le groupe La Maison bleue explique, lui, à « Libération » n’avoir été informé du comportement de Naomie F. que le 9 décembre, via le service de protection maternelle et infantile (PMI) du département. Le signalement aurait été réalisé par une auxiliaire de la crèche. Le groupe explique avoir lancé une enquête interne et mis à pied la professionnelle le 9 décembre. Naomi F. est ensuite licenciée pour « faute grave » le 27 décembre 2024.
L’enquête de « Libération » pointe enfin le turnover chronique auquel fait face la crèche Bambou.
Dans un mail à l’établissement, une trentaine de parents avaient dénoncé début décembre le « manque criant de personnel ne permettant plus d’accueillir sereinement [leurs] enfants ». Le poste de directrice a lui-même été vacant pendant plusieurs mois de 2024. « Nous avons toujours été en nombre suffisant pour accueillir les enfants », répond le groupe.
Celui-ci reconnaît cependant « peiner à recruter ».
Une situation qui illustre les difficultés de la majorité des crèches en France. Selon la Caisse nationale des allocations familiales (Cnaf), le secteur manque de 10 000 professionnels. Plusieurs livres ont par ailleurs dénoncé, ces derniers mois, les dérives des crèches privées.
ELLE