Le médiateur de la République hellénique a rendu lundi son rapport sur la responsabilité des gardes-côtes grecs dans le naufrage de Pylos qui a fait plusieurs centaines de morts en juin 2023. De son côté, le ministre grec des Affaires maritimes a regretté que ce rapport déplace la responsabilité du naufrage sur ses hommes au lieu des trafiquants de migrants.
Un document accablant pour les gardes-côtes grecs. Après un an et demi d’enquête et la publication d’un rapport de 148 pages, le médiateur de la République hellénique, Andreas Pottakis, a recommandé dans un communiqué de presse, lundi 3 février, des sanctions contre huit gardes-côtes impliqués dans le naufrage de Pylos, ayant causé la mort de plusieurs centaines de migrants, en 2023, en Grèce.
« La conclusion de l’Autorité Indépendante fait état d’indications claires concernant huit officiers supérieurs quant à leur connaissance et à leur négligence du risque pour la vie, la santé et l’intégrité physique des étrangers à bord du navire de pêche Adriana », écrit-il dans son rapport.
Le 14 juin 2023, au moins 500 migrants sont morts après que leur chalutier surchargé a chaviré dans les eaux internationales, au large de la péninsule du Péloponnèse. Le navire avait quitté la Libye pour l’Italie et était resté sous la surveillance des gardes-côtes grecs pendant près de 12 heures avant de chavirer. Sur les 750 passagers, seuls 104 migrants ont survécu et 82 corps ont été repêchés.
Le ministre des affaires maritimes grec regrette une inversion des rôles
Dans son enquête, le médiateur pointe « une série d’omissions graves et persistantes dans les tâches de recherche et de sauvetage de la part d’officiers supérieurs du corps des gardes-côtes » grecs. Selon lui, les autorités « n’ont pas pris, dans le cadre de leurs pouvoirs, les mesures qui pouvaient raisonnablement être considérées comme propres à prévenir le danger ».
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Les conclusions d’Andreas Pottakis ont été transmises au ministre grec de la Marine marchande pour d’éventuelles poursuites, a indiqué le bureau du Médiateur.
Mais ce dernier regrette de ne pas avoir eu accès à certaines pièces cruciales de l’enquête, notamment les conversations enregistrées entre le capitaine et la salle des opérations des gardes-côtes ou encore les caméras de surveillance du bateau.
Selon l’agence de presse grecque Amna, le ministre grec des Affaires maritimes, Christos Stylianides, a déploré mardi que le rapport du médiateur « cherche à déplacer la discussion des réseaux criminels de trafic vers les officiers de la Garde côtière qui luttent jour et nuit pour la protection du pays ».
Des éléments cruciaux manquants
Les gardes-côtes, qui ont refusé de mettre en place une enquête interne à la suite du naufrage, ont été accusés à plusieurs reprises par des ONG et avocats grecs de travestir les faits pour se dédouaner de toute responsabilité.
En juin 2023, une enquête de la BBC a démontré que le bateau bondé était à l’arrêt au large de la Grèce et nécessitait une aide urgente, contrairement à la version donnée par les gardes-côtes, selon laquelle les exilés faisaient route vers l’Italie à une vitesse régulière.
En décembre 2024, un tribunal naval local a conclu une enquête préliminaire concernant le naufrage de Pylos, et transmis le rapport à un procureur général, mais les investigations n’ont pas permis de faire la lumière sur l’incident, estiment les avocats des victimes.
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