Depuis plusieurs années, l’Afrique est au cœur d’une intense compétition foncière, souvent qualifiée d’« accaparement des terres » ou de « ruée sur l’or vert africain ». Ce phénomène, perçu par certains comme une nouvelle forme de colonisation économique, suscite de vives inquiétudes quant à ses conséquences sur la sécurité alimentaire, les droits fonciers et le développement durable du continent.
Un intérêt croissant pour les terres africaines
La pression sur les terres arables s’intensifie à l’échelle mondiale en raison de la croissance démographique, du besoin accru en ressources agricoles et de la transition énergétique. L’Afrique, avec ses vastes espaces encore disponibles, attire les investisseurs étrangers, qu’il s’agisse d’États, de multinationales ou de fonds d’investissement.
Selon plusieurs rapports internationaux, des millions d’hectares de terres africaines ont été cédés à des entreprises étrangères pour l’agriculture industrielle, souvent destinée à l’exportation. Parmi les pays les plus concernés figurent l’Éthiopie, le Soudan, Madagascar, la République Démocratique du Congo et le Mozambique.
Quels impacts pour les populations locales ?
L’un des principaux débats autour de cette ruée foncière concerne ses conséquences sur les communautés rurales. Dans de nombreux cas, ces transactions sont effectuées sans consultation des populations locales, mettant en péril leurs moyens de subsistance. En Afrique subsaharienne, où près de 60 % de la population dépend de l’agriculture de subsistance, la perte de terres agricoles menace directement la sécurité alimentaire.
Par ailleurs, les conditions de travail dans les exploitations agricoles industrielles sont souvent précaires, avec peu de garanties en matière de droits des travailleurs et de protection environnementale.
Une réglementation encore insuffisante
Bien que certains gouvernements africains aient mis en place des lois pour encadrer ces transactions foncières, la réglementation reste insuffisante ou mal appliquée. L’opacité des contrats, le manque de transparence dans les accords et la corruption aggravent la situation.
Des initiatives comme la déclaration de Malabo de l’Union africaine ou les directives volontaires de la FAO sur la gouvernance foncière tentent d’apporter des solutions, mais leur mise en œuvre reste limitée.
Vers une gestion plus équitable des terres agricoles ?
Pour assurer une exploitation durable des terres africaines, plusieurs solutions sont envisagées parmi lesquelles le renforcement des droits fonciers des populations locales:
_pour éviter les expropriations abusives ;
_l’amélioration de la transparence des transactions foncières en imposant des normes plus strictes sur les contrats ;
_le fait de favoriser les investissements responsables, qui respectent les droits humains et environnementaux et le développement des modèles agricoles inclusifs, intégrant les petits exploitants dans les chaînes de valeur.
Si l’Afrique veut tirer profit de l’intérêt mondial pour ses terres agricoles, elle doit impérativement adopter des politiques foncières équilibrées, garantissant à la fois la souveraineté alimentaire et le développement économique durable.
VivAfrik