Alors que les députés examinent le projet de loi pour lutter contre les réseaux de passeurs ce lundi, le ministère de l’Intérieur s’est félicité d’une hausse des contrôles et arrestations pour travail illégal depuis l’arrivée au pouvoir du gouvernement travailliste.
Les arrestations pour travail illégal n’ont jamais été aussi nombreuses, s’est réjoui le ministère de l’Intérieur britannique ce lundi 10 février. Selon les données publiées par le Home Office, entre le 5 juillet dernier – jour de retour au pouvoir du Labour – et le 31 janvier 2025, les contrôles et arrestations pour travail illégal ont bondi d’environ 38% par rapport à la même période un an plus tôt.
Rien que pour le mois de janvier, les autorités ont effectué 609 arrestations, contre 352 en janvier 2024, après avoir réalisé 800 contrôles, notamment dans des bars à ongles, des restaurants et des épiceries.
Au total, plus de 16 400 personnes ont été expulsées depuis les élections – dans le cadre, pour la moitié d’entre elles, de retour volontaire, note le Guardian – et le gouvernement affirme que ce nombre devrait augmenter. « J’espère que cela envoie un signal fort indiquant qu’il n’y a aucun endroit où se cacher de la loi, et nous continuerons à intensifier nos activités pour garantir que les personnes impliquées subissent toutes les conséquences de leurs actes », a commenté Eddy Montgomery, responsable de l’application de la loi au ministère de l’Intérieur.
« Les règles d’immigration doivent être respectées et appliquées »
Dans le communiqué, la ministre de l’Intérieur Yvette Cooper martèle que « les règles d’immigration doivent être respectées et appliquées », estimant que « pendant trop longtemps, les employeurs ont pu embaucher et exploiter des migrants illégaux, et trop de personnes ont pu arriver et travailler illégalement sans qu’aucune mesure de contrôle ne soit jamais prise ».
Toujours selon la ministre, c’est la facilité d’être embauché qui « crée une dangereuse tentation pour les gens de risquer leur vie en traversant la Manche dans une petite embarcation ».
Or, une analyse réalisée par le Refugee Council en 2024 montre que la plupart des personnes traversant la Manche à bord de petites embarcations sont des réfugiés, et non des migrants économiques. Le taux d’octroi de l’asile atteint 71% pour les personnes arrivées dans des « small boats » entre 2018 et juin 2024, selon les statistiques officielles. Concernant les déboutés, les deux tiers obtiennent finalement la protection internationale suite à une procédure en appel.
Projet de loi contre les réseaux de passeurs
« Nous avons renforcé les contrôles à un niveau jamais atteint, parallèlement à la mise en œuvre d’une nouvelle législation stricte visant à éradiquer les gangs criminels qui compromettent la sécurité de nos frontières et qui s’en tirent impunément depuis bien trop longtemps », a aussi déclaré la ministre de l’Intérieur Yvette Cooper évoquant aussi la future loi immigration.
Car cette recrudescence des opérations contre le travail illégal du gouvernement travailliste de Keir Starmer vient en complément d’un durcissement de l’appareil législatif.
Les députés examinent ce lundi un projet de loi contre les passeurs qui s’inspire de la loi antiterroriste. Si le texte est adopté, les forces de l’ordre pourront interpeller une personne soupçonnée de posséder ou de partager en ligne des informations dans le but d’organiser des traversées de la Manche, et un nouveau délit – sanctionné d’une peine d’emprisonnement maximale de cinq ans – va être créé. Les forces de l’ordre seront autorisées à saisir les appareils des migrants à la frontière afin de pouvoir recueillir des informations sur les passeurs.
Avec ce texte, Londres espère freiner les traversées de la Manche par « small boats », ces fragiles embarcations pneumatiques sur lesquelles s’entassent plusieurs dizaines de personnes. L’an dernier, près de 37 000 migrants sont parvenus au Royaume-Uni en traversant la Manche, soit 25% de plus qu’en 2023. Un chiffre toutefois encore en dessous du record enregistré en 2022 avec l’arrivée de 45 000 personnes.
En revanche, l’année 2024 a été particulièrement meurtrière pour les exilés. Au moins 76 personnes sont mortes noyées ou étouffées. Rien que depuis le 1er janvier, 1 489 migrants ont rejoint les côtes anglaises et quatre personnes sont décédées en tentant la traversée.
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