Matin, midi, soir : à quel moment de la journée notre humeur est-elle la meilleure ?

Une étude anglaise réalisée sur près de 50.000 personnes retrace les grandes variations de l’humeur au fil du temps, à l’échelle d’une journée, d’une semaine, et d’une année. Si l’influence des saisons est largement documentée, les fluctuations au sein d’une même journée étaient encore peu renseignées.

L’humeur n’est pas simplement un état émotionnel, tel que la tristesse ou la joie. Elle détermine plus largement les croyances que l’on génère sur le monde, les réactions émotionnelles, ce qui pousse à chercher des récompenses ou fuir les dangers. « D’un point de vue évolutif, l’humeur pourrait ainsi être un régulateur de nos comportements, nous permettant de nous adapter aux changements de notre environnement », indiquait Hugo Bottemanne, psychiatre à l’Institut du Cerveau de Paris, en avril 2024. Il analysait alors l’influence de la météo sur l’humeur.

Mais comment évolue-t-elle dans le temps ?

Une nouvelle étude observationnelle de l’University College de Londres s’est intéressée aux fluctuations de l’humeur, à la fois saisonnières, hebdomadaires et quotidiennes. Sur la base d’un questionnaire détaillé, les chercheurs ont mis en évidence des périodes plus propices au bien-être, notamment le matin. Leurs résultats ont été publiés dans la revue BMJ Mental Health.

L’été, associé à une abondance de ressources alimentaires
Dans leur publication, les chercheurs ont analysé les données d’une étude sociale qui avait débuté en mars 2020, en pleine pandémie de coronavirus. Différents aspects de l’humeur ont été mesurés grâce à des questions. Par exemple : « au cours de la semaine écoulée, dans quelle mesure vous êtes-vous senti heureux », ou encore, « dans quelle mesure avez-vous été satisfaits de votre vie ?”. Plus de 49.200 personnes ont répondu à ces enquêtes régulières. Résultat ? L’étude confirme dans un premier temps l’influence de la saison sur l’humeur.

« La santé mentale des participants était incontestablement meilleure pendant la période estivale », rapportent les scientifiques.

Les symptômes dépressifs et anxieux étaient moins fréquents, tout comme le sentiment de solitude. La satisfaction et le bonheur avaient, eux, augmenté. L’étude est observationnelle et ne peut donc pas établir de liens de causalité. Toutefois, plusieurs travaux indiquent que le nombre d’heures d’ensoleillement joue un rôle important dans ce changement d’état d’esprit.

« La température, les précipitations ou encore l’humidité pourraient aussi être des facteurs de variabilité de l’humeur », suggèrent les auteurs. En effet, il existe de nombreuses recherches sur l’effet des conditions météorologiques sur la santé mentale. Au cours de son évolution, le cerveau de l’Homme aurait progressivement associé la météo aux potentialités de récompenses alimentaires.

Les périodes estivales, ensoleillées, sont propices à l’abondance des ressources : maturation des fruits, pousse des végétaux, reproduction des animaux…

A l’inverse, les périodes hivernales sont associées à une diminution des ressources.

« Ainsi, notre cerveau aurait à interpréter ces variables météorologiques comme un indice de la probabilité de rencontrer des ressources alimentaires », résumait Hugo Bottemanne. « L’évolution aurait ainsi favorisé une régulation de nos comportements d’exploration (lorsque l’humeur est haute) et de réserve (lorsque l’humeur est basse) en fonction de ces signaux météorologiques.”

Un optimum à 8 heures du matin
Dans cette nouvelle étude, les chercheurs ont essayé d’identifier des variations d’humeur au sein d’une journée. « La santé mentale et le bien-être sont des facteurs dynamiques par nature et susceptibles de changer sur des périodes plus ou moins longues », notent les chercheurs.

Ils ont donc analysé plusieurs facteurs en fonction de l’heure de la journée : la santé mentale (symptômes dépressifs et/ou anxieux), le bonheur, la satisfaction de vivre, le sentiment d’avoir une vie qui vaut la peine d’être vécue et le bien-être social. Leurs travaux révèlent une tendance nette : le matin, l’humeur est globalement meilleure, tous les facteurs sont évalués plus positivement, particulièrement autour de huit heures. Quant à l’heure la plus critique, il s’agit de minuit !

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Les chercheurs suggèrent que de telles variations pourraient s’expliquer par les changements physiologiques associés à notre horloge biologique. “Par exemple, le taux de cortisol atteint son maximum peu après le réveil et son niveau le plus bas à l’heure du coucher. Mais il est aussi important de reconnaître les différences entre les week-ends et les jours de semaine », écrivent-ils. En effet, il existe également des tendances hebdomadaires, moins marquées.

Le bonheur, la satisfaction dans la vie et l’appréciation de sa valeur étaient tous plus élevés les lundis et vendredis que les dimanches, et le bonheur était aussi plus élevé les mardis.

« Étant donné qu’il existe peu de preuves que les processus physiologiques diffèrent selon les jours de la semaine, les différences pourraient être liées à des facteurs contextuels et la séquence des activités quotidiennes », avancent les auteurs.

Finalement, la santé mentale et le bien-être ont tendance à être au plus bas vers minuit, en milieu de semaine et en hiver. Pour les chercheurs, ces résultats pourraient permettre une meilleure compréhension des évaluations cliniques.

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