Cinq jours après le séisme qui a ravagé le sud-ouest d’Haïti et fait près de 2 200 morts, les autorités haïtiennes et leurs partenaires internationaux veulent coordonner l’aide humanitaire afin de ne pas revivre la désorganisation qui avait eu lieu dans la capitale après le terrible tremblement de terre de janvier 2010.
Avec près de 53 000 maisons entièrement détruites et plus de 77 000 autres endommagées dans la catastrophe du 14 août, la priorité jeudi des autorités et des acteurs humanitaires est d’éviter la concentration de personnes dans de grands camps informels.
« Pour ne pas répéter les erreurs de 2010, il n’y aura pas de distribution de tentes, il n’y aura pas de création de camps. Nous allons adopter des stratégies pour permettre aux personnes de réparer, de reconstruire leurs maisons », a expliqué Federica Cecchet, coordonnatrice pour l’Organisation internationale des migrations (OIM) en Haïti.
En plus des denrées alimentaires, de l’eau potable et de l’aide médicale d’urgence, des bâches plastiques mais aussi des planches et des clous ont déjà été acheminés via les premiers convois routiers partis de Port-au-Prince vers les régions sinistrées, a indiqué jeudi la Protection civile haïtienne.
« Il ne faut pas retomber dans les travers de 2010 à avoir des camps un peu partout, que l’on n’arrive pas à gérer ni à résorber », dit Jerry Chandler, directeur de la Protection civile, en ajoutant vouloir une gestion « dans les normes prescrites : il faut que les gens sinistrés soient dans la dignité ».
Devant le drame, la communauté internationale a rapidement témoigné de son soutien en offrant des appuis tant techniques que financiers. Les États-Unis ont affrété huit hélicoptères de l’armée depuis le Honduras pour continuer les efforts d’évacuation médicale des blessés les plus critiques vers des hôpitaux spécialisés dans la capitale haïtienne. Le Brésil a annoncé jeudi soir qu’il enverrait « des experts en recherche et sauvetage dans des structures urbaines effondrées et des kits de médicaments ».
Une plateforme qui répertorie les dons
Un hôpital de campagne va également être installé par l’armée américaine dans la ville des Cayes, chef-lieu du sud, le département où le bilan du séisme est le plus conséquent tant sur le plan humain que matériel. « Nous avons du personnel médical de l’armée de l’air là-bas pour aider », a déclaré jeudi au Pentagone le général Hank Taylor.
L’Union européenne a pour sa part mobilisé 3 millions d’euros d’aide auxquels s’ajoutent des contributions matérielles des pays membres, notamment un module de purification d’eau mis à disposition par la France ainsi qu’une station d’épuration fournie par l’Espagne.
Pour une meilleure gestion des ressources, l’OIM a établi une plateforme internet sur laquelle sont répertoriés les dons non alimentaires, servant à la construction d’abris : seuls les acteurs humanitaires dûment enregistrés auprès du gouvernement haïtien pourront prélever du matériel, en précisant les détails de leurs opérations de distribution aux sinistrés.
« Cela permet une répartition de l’aide plus équitable, pour localiser (les endroits) où il y a déjà eu de l’aide pour ne pas retourner toujours dans les mêmes zones et éviter les doublons », détaille Federica Cecchet.
Après le séisme qui, en janvier 2010, avait tué plus de 200 000 personnes dans la capitale Port-au-Prince et ses environs, des sinistrés vivant dans des zones plus enclavées avaient été totalement ignorés par des acteurs humanitaires agissant sans rendre de comptes aux autorités nationales, alors incapables de répondre à l’urgence car le séisme avait tué nombre de hauts cadres de la fonction publique et détruit la quasi totalité des ministères et bâtiments administratifs.
Source: lavoixdunord
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