À Mayotte, le bureau des étrangers de la préfecture est fermé depuis le mois d’octobre. Dans le 101e département français, où près de la moitié de la population est étrangère, cette fermeture a des conséquences dramatiques pour de nombreuses personnes. Faute de pouvoir renouveler leurs papiers, des habitants se retrouvent en situation irrégulière et ne sortent pas de chez eux de peur de se faire arrêter par la police aux frontières.
Depuis le mois d’octobre, le bureau des étrangers de la préfecture mahoraise est fermé. Il a été bloqué pendant deux mois par un collectif de citoyens hostiles à l’immigration. L’île a ensuite été frappée par le cyclone Chido, le 14 décembre 2024, et le bureau n’a pas rouvert depuis son passage.
Une situation handicapante pour de nombreux habitants car si les démarches pour certains titres de séjour peuvent être faites en ligne, pour d’autres un rendez-vous en préfecture est obligatoire.
C’est notamment le cas de Déborah, dont le prénom a été modifié.
En 2022, elle fuit le Burundi pour Mayotte avec ses enfants. Puis, le 22 janvier 2024, la préfecture de Mayotte reconnaît dans un courrier son statut de réfugiée et lui accorde une carte de résident pour 10 ans. Mais un an et trois mois plus tard, la Burundaise l’attend toujours à cause de la fermeture du bureau des étrangers. Sans ce document, la Burundaise est bloquée.
« Je suis allée à la CAF pour recevoir des allocations pour mes enfants mais on m’a demandé mon compte bancaire.
Mais sans carte de résident, je ne peux pas avoir de compte bancaire. Je ne peux pas non plus avoir de travail. Sans ce papier, je ne peux rien faire », s’agace-t-elle.
Une atteinte aux droits
Pour Hugues Bourrien, avocat en droit des étrangers au barreau de Mayotte, cette fermeture représente une atteinte aux droits. « Depuis un peu moins d’un an et demi, la préfecture, grosso modo, a été ouverte un quart du temps, en tout cas le bureau des étrangers. Et c’est véritablement problématique parce qu’on expulse des personnes qui sont en situation irrégulière, mais on les empêche de pouvoir régulariser leur situation.
Donc c’est un peu le serpent qui se mord la queue », déplore ce juriste.
Malgré l’impossibilité de se rendre à l’administration, les contrôles de la police aux frontières continuent. Contactée, la préfecture de Mayotte n’a pas répondu à nos questions.
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