Après le départ des troupes américains d’Afghanistan, les talibans se seraient saisis d’appareils d’identification biométrique d’une grande valeur stratégique. Une bévue regrettable, dont les conséquences ne sont pas encore claires.
Depuis le début du retrait des troupes américaines d’Afghanistan, il y a quelques mois, la situation est plus instable que jamais; les talibans ont remis la main sur une partie du pays, et ont glané un butin considérable. Les bases militaires désormais abandonnées de l’Oncle Sam, notamment, regorgeaient d’un butin précieux, et les talibans n’ont eu qu’à se baisser pour le ramasser. Internet pullule désormais d’images de propagande de talibans qui posent à côté d’équipements militaires dernier cri, généreusement sponsorisés par les contribuables américains.
Mais d’après The Intercept, souvent très bien informé sur ces questions, en plus des armes, munitions et véhicules de combat, les talibans auraient également récupéré une autre pièce d’équipement de grande valeur : des appareils d’identification biométrique appelés HIIDE. Il s’agit d’une prise inquiétante, car ces dispositifs stratégiques comportent des données très sensibles que les pillards pourraient mettre à profit de façon très concrète.
Une base de données aussi précieuse que sensible
En effet, pour opérer sur le territoire afghan, l’armée américaine n’a pas pu compter que sur elle-même. Elle a interagi en permanence avec la population locale; les militaires ont donc eu besoin de recenser certains individus considérés comme des menaces, ou au contraire, comme des atouts. Ces derniers ont notamment pu assister les militaires dans leurs missions de diverses façons. Pour éviter la dissémination d’informations sensibles, l’état-major américain a choisi d’introduire une couche de sécurité supplémentaire, basée sur la biométrie. Tous ces individus ont ainsi été consignés dans une vaste base de données; pour chacun d’entre eux, ils ont enregistré des données biométriques comme des empreintes digitales et des “éléments biographiques”. D’après NPR, l’objectif original du Département de la Défense était de recenser ainsi 80% de la population afghane.
C’est un système qui a fait ses preuves d’un point de vue strictement militaire; un système de ce type a par exemple contribué directement à l’identification d’Oussama Ben Laden, d’après First Post. Le souci, c’est que les dispositifs volés par les talibans leur donnent un canal d’accès direct à cette base. Et, par conséquent, à des informations particulièrement sensibles, à condition de pouvoir l’exploiter. Les alliés de l’armée américaine, en particulier, pourraient légitimement s’inquiéter d’éventuelles représailles.
Des conséquences encore peu claires
À l’heure actuelle, le gouvernement américain n’a pas encore l’air de savoir quelle proportion de cette base de données a été compromise. La raison derrière ce flou est particulièrement surprenante; aussi incroyable que cela puisse paraître, il semble que personne au Pentagone n’avait envisagé ce scénario ! “Je ne pense pas que qui que ce soit ait déjà pensé à l’éventualité où les HIIDEs tomberaient dans de mauvaises mains”, explique un ancien officier du renseignement cité par The Intercept. Une situation un tantinet embarrassante, sachant que “des milliers” de locaux étaient ainsi scannés tous les jours.
Reste à savoir quand et comment les talibans feront usage de leur butin. Il sera notamment intéressant d’observer s’ils disposent des outils pour exploiter les HIIDEs; dans le cas contraire, ils pourraient avoir recours à l’aide d’autres états ennemis des USA, et partager ces données avec eux. Mais une chose est sûre : cela servira de leçon à l’armée américaine. Désormais, l’Oncle Sam y réfléchira certainement à deux fois avant d’abandonner du matériel stratégique en territoire sensible. Espérons simplement que cette bévue ne soit pas trop lourde de conséquences.
Source: jourmaldugeek
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