Impôts sur les plus riches, préférence européenne… Que proposent les politiques pour augmenter la dépense militaire

(FILES) In this file photo taken on September 11, 2021 a French twin-engine, canard delta wing, multirole fighter aircraft Rafale flies in the air. - The United Arab Emirates has signed a deal for 80 French-made Rafale fighter jets, the biggest international order ever made for the warplanes, officials said on December 3, 2021 during a visit by French President Emmanuel Macron. (Photo by Christophe SIMON / AFP)

Le gouvernement réfléchit à ses moyens d’action pour augmenter les dépenses militaires françaises et renforcer ses moyens de défense, parlant de 50 milliards d’euros à trouver par an.

Une partie de la classe politique s’accorde pour imposer une préférence européenne et se fournir en armement au sein de l’UE.

La gauche plaide elle pour faire payer plus d’impôts aux 500 plus grandes fortunes françaises.

L’Europe mise au défi par Donald Trump

Comment augmenter les dépenses militaires alors que les caisses sont vides ? C’est l’équation à laquelle doit répondre le gouvernement, à l’heure où, face au rapprochement entre les États-Unis et la Russie(nouvelle fenêtre), l’Europe a décidé d’investir dans sa défense et de développer sa souveraineté militaire. Le ministre des Armées Sébastien Lecornu a indiqué ce week-end dans La Tribune dimanche qu’un budget « autour de 100 milliards d’euros par an constituerait le poids de forme idéal pour les armées françaises ».

Pour 2025, celui-ci est de 50,5 milliards d’euros, alors où et comment trouver 50 milliards d’euros supplémentaires ?

L’exécutif n’a toujours pas la réponse. Emprunt national, livret d’épargne, appel aux investisseurs privés : toutes les pistes sont sur la table. Toujours selon le ministre des Armées, il s’agit notamment de se doter de plus de frégates – 18 contre 15 aujourd’hui – pour « tenir plusieurs espaces maritimes en même temps, de la mer Rouge à l’Indopacifique en passant par la Baltique et la Méditerranée » ou acheter 10 Rafale de plus car « les scénarios de crise montrent que 20 à 30 Rafale en plus nous permettraient de tenir plus solidement sur des théâtres multiples ». La France souhaite aussi accélérer « sur les drones et la guerre électronique ».

Préférence européenne et 3% du PIB consacré à la défense pour le RN
Face à ces impératifs, les oppositions ont-elles plus de propositions ? Ce lundi, le président du Rassemblement national Jordan Bardella était sur France Inter, et a dit quelques mots de la stratégie qu’il fallait selon lui mettre en place pour augmenter nos capacités militaires. « Je plaide pour que la France retrouve sa capacité, ses moyens et sa souveraineté en matière de défense.

Ça veut dire pas un budget de défense inférieur à 3% du PIB, ça veut dire la préférence européenne dans les marchés publics », a-t-il déclaré.

Aujourd’hui, la France consacre 2,1 de son PIB aux dépenses militaires, quand la moyenne des pays de l’UE se situe à 1,9%. C’est pourquoi la semaine dernière les 27 se sont mis d’accord sur un plan de 800 milliards d’euros destinés à renforcer la défense de l’Union européenne, et à tous d’aller vers des dépenses équivalent à 3% de leurs PIB.

Toutefois, le parti de Marine Le Pen prévient : « Aujourd’hui, l’Europe de la défense ne nous profite pas. (…) Si retrouver notre sécurité ça consiste à donner l’argent des Européens pour se réarmer avec du matériel américain, ça n’est pas ça l’avenir. » Ce lundi, un rapport de l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm indique qu’en effet les importations d’armes des États européens membres de l’Otan ont plus que doublé ces cinq dernières années et dépendent à plus de 60% de l’armement américain.

Il y a quelques jours, Jordan Bardella avait également estimé que « tant qu’on ne fait pas des économies », « on ne peut pas redonner de la vitamine à la bonne dépense publique qui concerne la sécurité, la santé, la défense et le fonctionnement de nos services publics ».

Mettre à contribution les paradis fiscaux européens
À gauche, Olivier Faure a refusé de faire peser un quelconque effort sur les Français les plus modestes. À la place, il a évoqué dimanche sur BFMTV la possibilité de « travailler sur les paradis fiscaux européens », pour demander « par exemple au Luxembourg ou à l’Irlande d’arrêter d’exonérer de toute fiscalité les GAFAM (géants du numérique, ndlr) et les grandes multinationales américaines sur notre sol ».

Le Premier secrétaire du PS a aussi appelé au « civisme fiscal » des Français les plus riches, arguant que le patrimoine des 500 familles les plus riches de France avait doublé en sept ans, « passant de 600 milliards d’euros à 1200 milliards d’euros ». Il estime envisageable de leur « demander de faire un effort » et leur prenant « quelques pourcents » de leur fortune.

Olivier Faure plaide par ailleurs pour la mise en place d’un « emprunt européen » plutôt qu’un emprunt français pour financer « l’effort de défense » européenne.

« L’Europe n’est pas endettée et donc elle peut le faire. La France est très endettée, c’est plus compliqué pour elle », a-t-il justifié. Il a aussi assuré qu’il y avait « des possibilités non pas seulement de geler, mais de saisir les avoirs russes », se basant sur une étude des services juridiques du Parlement européen. Mais là-dessus, le gouvernement a déjà répondu et dit qu’il n’y était pas favorable.

25 milliards d’euros en taxant les plus riches
Chez les écologistes, Marine Tondelier avait écrit sur X après l’allocution d’Emmanuel Macron(nouvelle fenêtre) la semaine dernière que « faire payer l’économie de guerre aux plus précaires avec un budget austéritaire » « ça sera toujours non ». « Sans augmenter les impôts des plus riches, Emmanuel Macron ne pourra ni financer cet effort de guerre ni le faire accepter à la population », estimait-elle.

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Les Insoumis adoptent eux aussi des arguments déjà avancés ci-dessus. « Nous ne sommes pas contre le réarmement de la France et de l’Europe, la question c’est que là si on dépense 40 milliards cette année dans du matériel militaire ils vont aller où ces 40 milliards ?

Aux États-Unis », a regretté la députée Alma Dufour vendredi dernier sur France info, estimant que c’est la raison du « chantage » de Donald Trump envers l’Europe. L’élue a ensuite plaidé pour augmenter « les impôts des milliardaires ». « Avec 2% du patrimoine des 500 fortunes les plus riches de France on gagne 25 milliards d’euros, c’est-à-dire la moitié de l’effort militaire que vous souhaitez. »

tf1

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