Jean Michaël Seri : “j’aurais pu revenir en France” [Exclu]

Exilé en Arabie Saoudite, à Al-Orobah, depuis l’été dernier, l’international ivoirien Jean Michaël Seri s’est confié en exclusivité au cours d’un long entretien accordé à Afrik-Foot.com. Dans cette première partie, le milieu de terrain de 33 ans passé par Nice, Bordeaux, Fulham, Hull City ou encore Galatasaray évoque la blessure qui perturbe sa saison, le choix de rejoindre l’Arabie Saoudite et plus généralement sa carrière.

Jean Michaël Seri, donnez-nous des nouvelles de votre blessure…

Ça va beaucoup mieux, on est dans la dernière phase de la récupération. Il y a de l’amélioration, ça avance plutôt bien. Je prends mon temps. Le médecin m’a dit de prendre étape par étape. Il faut d’abord laisser le temps de bien cicatriser et donner un programme pour la ré-athlétisation. J’ai recouru 3 mois après ma blessure et j’ai senti que ça n’allait pas. Qu’il fallait que je stoppe. 

On m’a retiré un peu de cartilage qui se baladait dans la cheville, qui causait la douleur.

Maintenant, je suis dans la deuxième phase de récupération après l’arthroscopie. Il faut laisser le cartilage bien cicatriser, former un nouveau tissu et puis repartir. Je fais les choses de façon très sûre pour ne pas avoir mal. 

Vous êtes arrivé à Al Orobah l’été dernier. Comment ça se passe en Arabie Saoudite : niveau, ambiance, etc ? 

J’ai fait des matchs entre août et octobre et je me suis blessé lors de la trêve en octobre, au Libéria (défaite 1-0 contre la Sierra-Léonais dans les éliminatoires de la CAN 2025, ndlr). Au final, je n’ai pas beaucoup joué (6 matchs et 1 but), je suis surtout dans les soins.

C’est un bon championnat franchement.

D’aucuns diront que c’est un championnat où l’on ne va que pour l’argent mais non, c’est faux. Il faut être ici pour connaître la réalité du championnat et ne pas tirer de conclusions. Il y a beaucoup beaucoup de joueurs de qualité.

Le but de Jean Michaël Seri en Saudi Pro League

Aujourd’hui, le but de la fédération saoudienne de football, c’est de monter un championnat de très haut niveau en vue de la Coupe du monde que le pays va organiser en 2034. Maintenant, ils sont plus sur des profils très jeunes, moins expérimentés. Franchement, c’est un bon championnat, rapide, c’est bien. Les stades sont bien, les pelouses sont top.  C’est un bon championnat. 

“Je ne sais pas pourquoi Ronaldo a dit que le championnat saoudien est meilleur que la L1 “

Est-ce que vous pensez comme Cristiano Ronaldo que le championnat saoudien est meilleur que la Ligue 1 française ?

Moi, je ne suis pas dans ce genre de comparaisons. Chaque championnat a sa particularité. C’est son avis à lui, je ne sais pas pourquoi il a dit ça. Moi, je dirais que la Ligue 1 a ses particularités, comme la Ligue saoudienne, la Premier League ou la Liga. Il n’y a pas de comparaisons possibles, ça dépend du style, de la philosophie. 

Pourquoi avez-vous opté pour ce choix de carrière ? Aviez-vous des possibilités en Europe ?

Moi, j’étais dans ma deuxième saison à Hull City et je ne croyais plus vraiment au projet du club, au regard du déroulé de certaines choses. L’opportunité Arabie Saoudite se présente tout de suite à moi à ce moment-là. Et c’est un championnat où je voulais atterrir. J’avais l’ambition et l’objectif d’intégrer un des meilleurs clubs du championnat, à Riyad ou ailleurs.

Je n’ai pas cherché à vouloir partir ailleurs.

J’aurais pu revenir en France, mais je n’ai pas voulu y retourner. J’avais des intérêts vraiment concrets, mais je n’ai pas voulu retourner en Ligue 1, tout simplement. J’avais ma femme qui ne voulait pas non plus retourner en France. Donc c’était soit ça, soit l’Arabie Saoudite. 

“La saison où j’ai été le meilleur, ce n’était pas à Nice”

Revenons sur votre riche carrière en club. On vous connaît en France depuis votre arrivée à Nice. Mais avant cela, après votre départ de l’ASEC Mimosas, vous avez découvert l’Europe au Portugal, à Porto d’abord puis à Paços. Racontez-nous cet épisode de votre parcours. 

C’était une bonne expérience ! J’ai fait un parcours vraiment très remarquable là-bas, qui m’a permis de pouvoir intégrer ensuite la Ligue 1, la Ligue des Talents. Ça n’a pas été facile au départ. Quand je pars à Paços, je me dis qu’il y a vraiment moyen de faire quelque chose de bien. Mais la première saison est moyenne, on lutte pour le maintien. C’est la deuxième saison qui se passe vraiment bien. Je fais une saison pleine et je signe à Nice. Donc ça c’est très très bien passé.

Vos années à l’OGC Nice, quels souvenirs en gardez-vous ? 

Je n’en garde que des bons souvenirs. Ce qui s’est passé, ça a été vraiment inoubliable. Est-ce que c’est là que j’ai été le meilleur ? Je dirais que j’ai eu de belles stats mais j’ai été meilleur plus tard dans ma carrière. En termes de productivité, Nice c’est vrai, c’est ma meilleure période.

En termes de rendement et de niveau, j’ai joué, en 2023/24, une saison à 40 matches de Championship avec Hull, avec de la régularité et constance, sans blessure, pour moi, ça, c’est plus fort. 

Jean Michael Seri, Mario Balotelli, OGC Nice
Au Gym, vous avez côtoyé Mario Balotelli, Wesley Sneijder, Hatem Ben Arfa, Dante, etc. Lequel vous a le plus impressionné ? 

J’ai toujours dit que le plus impressionnant était Hatem Ben Arfa, avec qui j’ai passé une super saison 2016/17. Il était vraiment très fort. Il s’est lui-même donné ce boost-là pour nous propulser collectivement vers les sommets.

Mario Balotelli, je ne l’oublie pas non plus, a fait sa meilleure saison en carrière avec nous aussi.

Dante, j’en ai déjà parlé, il n’y a rien à rajouter. Ce sont des joueurs avec lesquels j’ai pris énormément de plaisir sur le terrain et dans le vestiaire. Une expérience vraiment inoubliable. 

“Mario Balotelli jouait des tours à certains dans le vestiaire”

Balotelli, Ben Arfa, Aurier… Lequel est le plus imprévisible hors du terrain ? 

Je dirais Mario ! C’est quelqu’un avec qui tu ne sais jamais à quoi t’attendre. Il peut être de bonne humeur un jour, de très mauvaise humeur le lendemain. Ça s’est Mario ! Il jouait des tours à certains dans le vestiaire, il mettait de l’herbe dans les chaussures des autres, il cachait les crampons de certains joueurs, il faisait un tas de choses, je ne peux pas tout citer. Mais c’est un mec vraiment génial !

Vous découvrez ensuite la Premier League à Fulham la saison suivante. Est-ce vraiment le meilleur championnat du monde ? 

Si tout le monde dit ça, c’est parce que c’est vraiment le meilleur championnat du monde. Quand vous regardez les stades, les pelouses, l’intensité des matches, la qualité des joueurs…

C’est un championnat qui ne pardonne pas, la moindre erreur se paye cash.

Si vous n’avez pas de certitudes, vous pouvez vous faire avoir par n’importe quel club. Et en même temps, le dernier peut aller gagner chez le premier. C’est ça la Premier League, en comparaison à d’autres championnats où les différences sont évidentes.

Le résultat n’est jamais acquis d’avance. Je suis fier d’avoir joué en Premier League, je le conseille à tous les jeunes joueurs. 

Jean Michael Seri, Fulham, Sadio Mané, Liverpool
Vous n’êtes resté qu’un an à Galatasaray (2019/20), mais vous êtes vite entré dans le cœur des supporters. Que retenez-vous de cette expérience en Turquie ?

 

Mis à part le tremblement de terre, c’était une belle expérience. C’est un club qui mérite que tu te donnes à fond. Les supporters t’accueillent comme un des leurs et méritent qu’on leur donne tout. Le championnat est bon. Istanbul, c’est une belle ville.

C’était une très bonne expérience. 

Sofiane Feghouli, Jean Michael Seri, Galatasaray
“Enchaîner sur une carrière d’entraîneur, ce n’est pas possible pour moi”

 

Vous rebondissez à Hull City en 2022, en Championship. On a l’impression que vous avez retrouvé une seconde jeunesse chez les Tigers, n’est-ce pas ?  

En termes de performances, ma saison 2023/24 à Hull City est la préférée de ma carrière. Le président avait un projet clair, il a fait venir Liam Rosenior, un entraîneur jeune, très ambitieux, pour jouer au ballon.

Un entraîneur qui me donne les clés du jeu. J’ai beaucoup travaillé physiquement. Tout était vraiment réuni pour que je sois au meilleur niveau.

Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si je suis à un bon niveau à la CAN cette année-là, c’était le fruit de mon travail avec ce club cette saison-là. C’est dommage de terminer 7e à la porte des play-offs.

Et quand j’ai compris que le coach allait rejoindre Strasbourg et qu’on allait encore partir sur un nouveau projet, j’ai décidé de partir.

Jean Michael Seri, Hull City
Entraîneur, est-ce une idée tentante pour votre après-carrière ?

Pas du tout. J’ai envie de m’occuper de mes enfants une fois ma carrière terminée. Le métier d’entraîneur, ça prend vraiment beaucoup de temps. Sortir d’une aussi longue carrière et enchaîner sur entraîneur, ce n’est pas possible pour moi.

Je suis quelqu’un de très famille et j’ai très envie de profiter de ces années pour passer du temps avec ma famille. Entraîneur, c’est analyser beaucoup de matches, partir en déplacement avec l’équipe, à l’étranger, donc ne pas être là. Je n’ai pas envie de faire encore subir ça à ma famille. 

Quel championnat et/ou équipe prenez-vous le plus de plaisir à suivre ?

Avant je supportais le Barça pour Xavi, c’était mon joueur préféré, mon modèle. J’ai continué à regarder après son départ parce que j’aimais voir Lionel Messi jouer. Après, j’ai stoppé, je n’ai plus continué. Maintenant, je regarde juste les matchs pour apprendre, pas pour supporter une équipe en particulier. 

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