Afrique: Arrêt des aides américaines – L’OMS recommande la hausse du budget de la Santé

Chaque jour, 800 femmes meurent dans le monde de causes évitables liées à la grossesse et à l’accouchement, dont 70 % en Afrique. La plupart de ces décès peuvent être évités grâce à des soins de qualité en temps opportun.

Madagascar a célébré, hier, la Journée mondiale de la santé. Une occasion pour les partenaires techniques et financiers de recommander à l’État d’augmenter les ressources allouées à ce secteur stratégique.

Ces partenaires appellent à un engagement accru des autorités pour renforcer le financement du système de santé.

« Nous plaidons pour l’augmentation du budget de la santé. Surtout dans cette situation où nous avons encore une crise financière avec le départ ou l’arrêt de certains financements dans le pays et chez les partenaires techniques et financiers », a déclaré le professeur Laurent Musongo, représentant résident de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) à Madagascar, lors de la cérémonie organisée à Ambohimangakely.

Il a insisté sur la nécessité d’augmenter les dépenses publiques en matière de santé afin de réduire un taux de mortalité maternelle et infantile encore trop élevé.

« On ne doit pas considérer la santé comme une dépense. La santé, c’est un investissement, et l’OMS a montré qu’un dollar dépensé chez la maman enceinte et le nouveau-né engendre 10 à 20 dollars dans l’avenir. Ce qui nous montre que l’acte investit chez la maman et le nouveau-né n’est pas une activité seulement sociale, mais un investissement à long terme pour le pays », a-t-il poursuivi.

L’amélioration du système de santé malgache repose en grande partie sur l’appui des bailleurs internationaux.

Dans les zones couvertes par le programme Accessibilité du continuum de soins et pérennisation des services essentiels (Access), financé par l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID), des résultats significatifs ont été observés : la mortalité maternelle est passée de 130 à 65 pour 100 000 naissances vivantes, et la mortalité néonatale de 5 à 3 pour 1 000 naissances vivantes dans les centres de santé, selon les données présentées cette année à l’issue du programme.

À Maintirano, une sage-femme témoigne : grâce à ce projet, de plus en plus de femmes enceintes bénéficient de suivis prénatals et accouchent dans des centres de santé de base.

Planning familial

En octobre 2024, quatorze millions de moustiquaires imprégnées d’insecticide ont été distribuées, dans le cadre de la lutte contre le paludisme, avec le soutien du gouvernement américain et du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme. Le gouvernement malgache a également collaboré avec divers partenaires, tels que le Fonds des Nations unies pour la population (FNUAP) et l’USAID, pour améliorer l’accès au planning familial.

Entre 2017 et 2022, ces partenariats ont permis l’achat et la distribution de plus de 44 millions de produits de planification familiale et de santé reproductive.

Utilisés à bon escient, ces produits auraient permis d’éviter deux millions de grossesses non désirées, de prévenir 3 600 décès maternels et 26 000 décès infantiles grâce à l’espacement des naissances.

Mais les perspectives suscitent de vives inquiétudes.

« Les moustiquaires distribués en 2024 seront périmés en 2027. Nous ne savons pas si nous allons trouver des partenaires qui vont nous accompagner dans la lutte contre le paludisme, d’ici là. En tout cas, avec le budget actuel de notre département, nous ne pourrons pas financer tout seuls la distribution de ces millions de moustiquaires », confie une source au sein du ministère.

Une autre, souhaitant rester anonyme, alerte : « Il est difficile pour un bailleur de combler le gap laissé par l’arrêt de financement de ce partenaire, d’un coup. Le souci est valide pour aujourd’hui, mais on ne sait pas ce qui va évoluer d’ici deux ou trois mois », observe-t-elle, en référence à la suspension des aides américaines.

Le ministre de la Santé publique, le professeur Zely Randriamanantany, assure que l’État malgache investit déjà massivement dans le secteur.

Il cite notamment les 270 milliards d’ariary engagés dans les campagnes de vaccination, les efforts dans la lutte contre la malnutrition, ainsi que l’équipement des centres de santé de base (CSB). Il souligne que seuls un tiers des districts présentent encore des taux élevés de mortalité maternelle et infantile, qu’il impute à une réticence persistante de certaines mères à se rendre dans les structures de soins. Des médecins de CSB confirment les progrès réalisés.

« Nous pouvons dire que nous disposons d’équipements en termes d’accouchement. Nos agents sont formés », assurent plusieurs responsables.

Les besoins restent néanmoins criants : réhabilitation des infrastructures, accès à l’eau potable, électrification des bâtiments. « Il est, aussi, nécessaire d’augmenter l’effectif du personnel, car chez nous, par exemple, les sages-femmes travaillent toutes les 24 heures.

Cela peut générer de la fatigue et la fatigue peut entraîner des erreurs. Il faudrait par ailleurs, motiver les agents de santé. Le travail est lourd, alors que nous sommes peu payés », concluent nos sources.

L’Express de Madagascar

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