Le Caire ambitionne de devenir un fournisseur stratégique d’énergies propres pour l’Europe. En signant ce nouvel accord, les autorités marquent une étape majeure dans leur volonté de faire du pays un hub de l’hydrogène vert.
Mardi, un accord a été signé entre la France et l’Egypte pour la construction d’une usine intégrée d’hydrogène vert à Ras Shukeir. Il prévoit une coopération en vue de développer, financer, construire et exploiter l’infrastructure qui produira également des dérivés, notamment l’ammoniac vert.
Ce partenariat a été formalisé à l’occasion de la visite officielle du président français Emmanuel Macron au Caire.
La cérémonie de signature s’est déroulée en présence du ministre égyptien de l’Industrie et du Transport, Kamel El-Wazir, du ministre de l’Électricité et des Énergies renouvelables, Mahmoud Esmat, ainsi que du ministre français de l’Économie, Eric Lombard.
Le projet est porté par EDF Renewables et la société égypto-émiratie Zero Waste, réunis au sein de l’alliance Green Fuel Alliance.
Il représente un investissement total de 7 milliards d’euros, entièrement financé par le secteur privé, sans infrastructure publique ni soutien direct de l’État égyptien.
Il vise la production d’un million de tonnes d’ammoniac vert par an à l’horizon 2030, avec une première phase de 300 000 tonnes, opérationnelle dès 2029. À ce stade, l’alliance prévoit un investissement initial de 2 milliards d’euros pour développer, financer, construire et exploiter les installations.
Même si la France ne figure pas explicitement comme destinataire de la production, le projet est clairement conçu pour l’exportation.
Il s’inscrit dans la stratégie plus large de l’Égypte, qui entend attirer d’importants investissements dans l’hydrogène vert et multiplier les partenariats internationaux, à l’instar de ceux déjà conclus avec SK Ecoplant, Scatec, AMEA Power ou Masdar dans d’autres régions stratégiques du pays.
Pour la France, cet accord marque une volonté affirmée de s’insérer dans les chaînes d’approvisionnement mondiales en énergies propres tout en sécurisant un accès à un carburant décarboné à haute valeur stratégique. L’intérêt est également industriel et diplomatique, car EDF Renouvelables renforce sa position sur un marché d’avenir dans un contexte mondial de transition énergétique.
Du côté égyptien, l’enjeu est de positionner durablement le pays comme une plateforme énergétique régionale en tirant parti de ses ressources solaires et éoliennes abondantes, de sa situation géographique centrale et d’un cadre fiscal attractif. Le projet prévoit également des retombées directes pour l’économie égyptienne, à travers le versement de redevances et de taxes en devises, la formation d’une main-d’œuvre locale avec un objectif de 95 % de personnel égyptien.
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