AFRIQUE – Financement du développement : « L’aide ne peut plus être considérée comme une solution fiable ni durable »

M. Claver Gatete, secrétaire général adjoint de l’organisation des Nations Unies et secrétaire exécutif de la Commission économique pour l’Afrique (Cea), a soutenu que « l’aide ne peut plus être considérée comme une solution fiable ni durable ». Il s’exprimait à l’ouverture de la 11ème onzième édition du forum régional africain pour le développement durable, ce mercredi, 9 avril 2025 à Kampala (Ouganda).

« Vu comme le monde évolue, il est maintenant clair que l’aide ne peut plus être considérée comme une solution fiable ni durable, et que les modèles de financement classiques sont de moins en moins en phase avec les aspirations de l’Afrique en matière de développement », a défendu le secrétaire exécutif de la Commission économique pour l’Afrique.

Le continent est à la croisée des chemins, a dit Claver Gatete ajoutant que pour renverser la situation, « nous n’avons d’autre choix que de nous recentrer, pour prendre des mesures audacieuses et transformatrices, qui soient fondées sur des données factuelles, l’innovation et l’inclusion, notamment en investissant dans les capacités de nos populations et de nos institutions ».

Il a signalé que cinq ans à peine avant l’échéance de 2030, les données ne portent guère à l’optimisme. Car a-t-il argué, sur les 144 cibles mesurables des objectifs de développement durable, seules 10 sont en bonne voie d’être atteintes, tandis que pour 106 d’entre elles, la mise en œuvre progresse trop lentement, et qu’on observe une régression dans 28 cas.

Étant donné que 83 % de la main-d’œuvre africaine travaille dans le secteur informel, que plus de 113 millions de personnes sont au chômage ou sous-employées et que près d’un tiers vivent dans l’extrême pauvreté laborieuse, M. Gatete trouve qu’il n’a jamais été aussi impérieux d’accorder la priorité aux moyens de subsistance durables.

« Nous devons absolument renforcer la formation professionnelle, promouvoir l’entrepreneuriat, intégrer les emplois dans le secteur structuré de l’économie et investir dans la protection sociale, de manière à tirer le meilleur parti de notre population en âge de travailler, qui comptera près d’un milliard de personnes d’ici à 2030 », a-t-il suggéré.

Dans son allocution, il a relevé que l’économie bleue de l’Afrique recèle un potentiel économique inexploité et reste menacée par la dégradation du milieu marin, la faiblesse de la gouvernance et le sous-investissement. A ce titre, il a déclaré que les acteurs concernés ont un immense coup à jouer avec cette économie, sachant que sa valeur pourrait passer de 296 milliards de dollars en 2018 à 576 milliards de dollars d’ici à 2063.

Or, elle ne reçoit actuellement que 3,5 % des fonds alloués aux Objectifs de développement durable (Odd).

Il ressort de sa prise de parole que la pêche illégale coûte également au continent 10 milliards de dollars par an, et l’indice de santé des océans de l’Afrique se traîne à un score de 52,7 contre une moyenne mondiale de 71,4.

Pour libérer ce potentiel de l’économie bleue, Claver Gatete a soutenu qu’il est indispensable d’investir durablement dans l’aquaculture, le tourisme côtier et les projets liés au carbone bleu, sur le modèle des accords conclus entre les Seychelles et le Gabon pour la conversion de dettes en faveur de la nature.

Actu-Economie

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