PSG : plus c’est gros, moins ça passe ?

Quoi qu’il annonce, le PSG démarre sa double confrontation contre Aston Villa dans la position de favori. Difficile posture que celle déjà expérimentée face à Dortmund, Manchester United, Barcelone ou d’autres. Et si Paris préférait arriver à un match avec l’étiquette de galérien sur le front ?

« Je crois que c’est du 50-50. Face à Liverpool, tout le monde disait qu’on avait moins de chances qu’eux. Pour moi, les favoris n’existent pas. Il y a huit équipes qui sont là, qui l’ont mérité et peuvent se qualifier. Sur la route, il y a beaucoup de favoris éliminés. Favori, ça ne compte pas, il faut mériter de gagner sur le terrain, et c’est ça qui est difficile. » Présent en conférence de presse de veille de match, Luis Enrique a bien raison : au football, être favori sert seulement à aiguiller les bookmakers.

Et encore, ça fonctionne moins que dans d’autres sports.

Pour le reste des affiches de gala, peut-être que Lucho doit se souvenir que le PSG n’a combiné victoire et beau jeu – en Ligue des champions – qu’à 11 contre 10 à Barcelone la saison dernière et une mi-temps contre Manchester City et à Liverpool cette saison. Ou sait-il que cet Aston Villa, rempli de revanchards, a les moyens d’inquiéter une équipe qui a déjà trébuché contre Eindhoven, Arsenal, l’Atlético de Madrid et le Bayern Munich, rien que pendant la phase de ligue de cette nouvelle formule de Ligue des champions.

Au début de l’hiver, espérer atteindre les quarts de finale relevait alors du miracle.

Depuis, s’en contenter serait un gâchis. Le PSG est sorti miraculé contre Manchester City. Il a ensuite échappé à l’accident industriel en terrassant Stuttgart. Il s’est évadé des poules plus sain et plus sauf et a magnifiquement renversé Liverpool. Pas de catastrophe, ouf. Dans ce moment annuel de vérité, celui qui peut changer la couleur d’une saison ou encore faire et défaire les prochains Ballons d’or, le PSG affronte Aston Villa comme un rescapé.

Pas de regrets à avoir

Côtoyer le gros désastre est pourtant une routine parisienne. Pas passé loin du drame en quarts de finale la saison dernière contre Barcelone, Paris fut déjà près de s’encroûter dès les poules la saison dernière et en 2021 (avec Leipzig et Manchester United), ou après des matchs allers rendant le retour a priori abordable (Chelsea 2014, Barcelone 2017 et Manchester United 2019). À chaque fois la même histoire : des défaites face à des équipes qu’il aurait dû maîtriser. La saison dernière, le PSG avait doublement affronté le Borussia Dortmund dans la position de favori.

Résultat : regrets et désolations et le sentiment d’avoir été plombé par la belle et rare position de favori.

Cette histoire n’est pas unique.

La faute à pas de chance diront certains, la faute à beaucoup diront les méticuleux : à un marquage de Mats Hummels la saison dernière, à l’arbitre un soir à Barcelone, ou à un coude de Presnel Kimpembe. Point commun de la défaite à Chelsea en 2014, la remontada et le piètre Manchester United en 2019 : avoir commencé le match en position de force.

En rembobinant beaucoup, saison 1982-1983, le premier parcours européen du PSG s’est soldé par une défaite, une vraie, contre les Belges de Waterschei. Après une victoire 2-0 à l’aller pour établir le record d’affluence du PSG au Parc, les Belges se sont imposés 3-0 au retour. Voilà l’ADN.

Conscience, donc méfiance

Ainsi va la vie du PSG : se mettre en danger, se rappeler qu’on l’est, et chuter contre plus faible que soi. Ou entretenir l’épopée. Le simple fait d’être resté en vie ne suffit pas à ce PSG. Demandez à Marquinhos, capitaine des rescapés et condamné à ce qu’on lui rappelle ces stigmates à chaque fois qu’il chausse une paire de crampons, suspendu pour cette manche aller pour mieux savourer les frissons du retour. Cette saison, le PSG a conscience que le drame n’est pas passé loin, et doit donc vivre pleinement son histoire.

Ou vivre pour ceux qu’il a châtiés.

À l’image de Dominik Szoboszlai dans le dernier So Foot (« le PSG est un cauchemar »), Liverpool clame depuis un mois avoir affronté la meilleure équipe du monde. Pour atteindre le dernier carré de la Ligue des champions, côtoyé trois fois lors des cinq dernières éditions, Paris doit avoir conscience de la chance d’être en quarts. Car le rescapé va au bout de sa galère. Sinon, avoir été très grand face à Manchester City et commencer à écrire son épopée face à Liverpool n’aura pas été très utile.

sofoot

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