En Allemagne, Friedrich Merz dévoile son accord de gouvernement avec les sociaux-démocrates

Plus d’un mois après leur victoire aux élections législatives allemandes, les conservateurs de la CDU emmenés par Friedrich Merz se sont entendus, mercredi, sur les termes d’un accord de coalition avec les sociaux-démocrates du SPD.

Le conservateur Friedrich Merz a dévoilé, mercredi 9 avril, son accord de gouvernement avec les sociaux-démocrates pour « faire avancer l’Allemagne » confrontée à « des défis historiques », de la menace russe à la guerre commerciale de Donald Trump.

Il a précisé vouloir que « le nouveau gouvernement puisse commencer son travail début mai ».

La feuille de route du gouvernement de coalition pour les quatre années à venir a été établie après des négociations « menées dans un contexte de tensions politiques mondiales croissantes (…) où de nombreuses forces, à l’intérieur comme à l’extérieur, travaillent (…) contre nous en Allemagne », a mis en avant le futur chef du gouvernement en présentant l’accord à la presse.

Un mois et demi après les élections législatives, les conservateurs du camp CDU/CSU s’apprêtent à prendre les rênes du pays dans une alliance avec le centre gauche du chancelier sortant Olaf Scholz, sévèrement battu dans les urnes.

La pression est grande pour la première puissance européenne qui fait face à une somme d’urgences rarement vues depuis la réunification : relancer l’économie en récession depuis deux ans, barrer la route au parti d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne (AfD) qui font jeu égal avec les conservateurs dans les sondages, soutenir le renforcement de la défense européenne face au désengagement américain.

Autant de priorités déclinées mercredi par Friedrich Merz et ses futurs partenaires de coalition.

« Défis historiques »
Le futur gouvernement allemand promet un « soutien complet » à l’Ukraine sur le plan militaire et diplomatique face à la guerre d’agression de la Russie et veut augmenter fortement les dépenses de défense dans les années à venir, indique le contrat de gouvernement de coalition scellé entre les deux partis.

« L’agresseur russe Poutine ne montre aucune volonté de mettre fin à la guerre et de faire taire les armes », a justifié Friedrich Merz en conférence de presse.

Dans le contrat de coalition de 140 pages, les signataires soulignent « les défis historiques » auxquels fait face l’Allemagne.

« La politique des années à venir déterminera en grande partie si nous continuerons à vivre dans une Allemagne libre, sûre, juste et prospère », est-il écrit.

Dans un sondage publié mercredi par l’institut Ipsos, l’AfD arrive désormais en tête des intentions de vote à 25 %, soit près de cinq points de plus que son résultat record aux législatives, tandis que les conservateurs reculent à 24 %.

Merz promet également un « nouveau cap dans la politique migratoire », affirmant notamment vouloir mettre fin à l’immigration irrégulière et suspendre le regroupement familial.

La conclusion des négociations devrait rassurer les autres pays européens, impatients de voir l’Allemagne se doter d’un nouveau capitaine pour affronter les défis économiques et sécuritaires du moment.

Les Vingt-Sept peaufinent leur riposte à l’avalanche de droits de douane imposés par Donald Trump, auxquels l’économie allemande, fortement dépendante des exportations, est l’une des plus exposées.

Revirement budgétaire
Selon des informations de presse, les postes de ministres des Affaires étrangères et de l’Économie devraient revenir aux conservateurs tandis que le SPD décrocherait les Finances et la Défense, avec le maintien à ce poste du populaire Boris Pistorius.

Le gouvernement tripartite d’Olaf Scholz s’était effondré début novembre en raison de différends budgétaire devenus insurmontables entre son parti, les Verts et les libéraux du FDP.

Un problème que n’aura pas le probable nouveau gouvernement.

Face aux bouleversements mondiaux, Friedrich Merz a réussi à faire adopter début mars un plan géant d’investissements de plusieurs centaines de milliards d’euros afin de réarmer et moderniser le pays.

L’Allemagne va assouplir son « frein à l’endettement », qui limite la capacité d’emprunt du pays, pour les dépenses militaires et pour les régions.

S’y ajoute un fonds spécial – hors budget – de 500 milliards d’euros sur douze ans pour moderniser les infrastructures et relancer la première économie européenne. Il s’agit de rénover routes, ponts, chemins de fer, écoles, installations énergétiques.

 y compris notamment dans les rangs des conservateurs, tant Friedrich Merz s’était posé en garant de l’orthodoxie budgétaire durant la campagne électorale

AFP

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