Nucléaire : nouvel imprévu pour l’EPR de Flamanville dont l’arrêt est « susceptible de se prolonger »

A l’arrêt depuis mi-février, le nouveau réacteur d’EDF ne redémarrera pas avant le 17 avril. Motifs invoqués : des avaries sur des « matériels » dans la partie nucléaire de l’installation.

Les imprévus se multiplient chez le dernier né des réacteurs nucléaires d’EDF. Ce jeudi, l’arrêt de maintenance de l’EPR de Flamanville a été prolongé jusqu’au 17 avril.

Cela porte à deux mois d’affilée la durée d’immobilisation du réacteur, qui avait été raccordé au réseau électrique en décembre dernier. Et l’arrêt est désormais « susceptible de se prolonger », indique EDF dans un message sur la disponibilité de ses centrales.

Travaux non programmés
Les travaux en cours sur l’EPR normand, qui se succèdent depuis le 15 février, n’étaient pas programmés contrairement à deux premières phases de maintenance, réalisées entre Noël et mi-janvier puis au tournant du mois de février.

Au total, EDF a prolongé à six reprises les opérations en cours depuis mi-février. Le dernier report a été communiqué ce jeudi, à quelques heures du redémarrage prévu à 23 heures.

Cette fois, l’intervention va concerner « plusieurs matériels dans la partie nucléaire de l’installation », indique une porte-parole.

Sont concernés un outil de mesure de la qualité de l’eau du circuit primaire du réacteur, qui fait déjà l’objet d’une intervention, et « des matériels » dont EDF ne précise pas la nature et l’emplacement.

Selon une source, EDF serait dans l’attente, un peu longue, d’un « doigt de gant » (tube de petit diamètre fermé à une extrémité) à changer et en profiterait pour faire d’autres opérations de maintenance et vérification.

L’énergéticien public avait prévenu que la montée en puissance de l’EPR serait très progressive et émaillée de plusieurs opérations de maintenance jusqu’à l’atteinte de la pleine puissance de ce mastodonte de 1.650 MW. Entre son raccordement au réseau le 21 décembre dernier et son potentiel redémarrage le 17 avril, le réacteur aura seulement fonctionné 24 jours.

Réglages sur la turbine Arabelle
Plusieurs avaries ont néanmoins été réglées. Cause initiale de l’arrêt de mi-février, le problème de débit insuffisant a été « soldé », tout comme les problèmes de réglages de la turbine géante Arabelle, affirme EDF.

Couplée à l’alternateur, cette dernière transforme la valeur produite par le réacteur en électricité. Or l’exploitant avait constaté un échauffement, lié à des frottements, sur deux des dix paliers – les pièces qui soutiennent les rotors de la turbine, longue comme une rame de métro.

Selon « La Tribune », l’EPR risque de ne pas pouvoir livrer toute sa puissance sans de lourds travaux réalisables lors de la première « visite complète », prévue l’an prochain et qui durera au moins huit mois. EDF maintient toutefois le planning d’une montée à 100 % de puissance cet été, tout en reconnaissant que le résultat des réglages du turbo-alternateur ne sera mesurable qu’après le redémarrage du réacteur. Alors seulement les réglages pourront être testés en conditions réelles…

Depuis la mise en service de l’EPR en mai dernier, l’Autorité de sûreté nucléaire et de radioprotection y a recensé 44 incidents de niveau zéro, sans incidence, et 16 de niveau 1, qui auraient pu avoir des conséquences sur la sûreté uniquement « en cas d’aléa complémentaire ».

Lesechos

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