Harvard menacé : pourquoi Donald Trump veut geler les subventions de la prestigieuse université

La prestigieuse université s’est levée contre une demande de nouvelle administration de Donald Trump, menant à des changements profonds dans sa politique de diversité. Harvard pourrait être écarté de 2,3 milliards de dollars de financement de l’État fédéral.

Nouveau contentieux pour Donald Trump, après celui avec la NASA, et des entreprises exposées aux nouveaux droits de douane comme Apple. Havard, la prestigieuse université du Massachusetts, connue pour son excellence académique, est menacée d’un gel de 2,2 milliards de dollars d’investissement par le ministère américain de l’Éducation. La raison ? La nouvelle administration de Donald Trump, en chasse aux universités qui, selon le président, sont dépassées par leurs étudiants participant à des mobilisations contre la guerre menée par Israël à Gaza.

« La perturbation de l’apprentissage qui a frappé les campus ces dernières années est inacceptable. Le harcèlement des étudiants juifs est intolérable. (…)

Il est temps que les universités d’élite prennent le problème au sérieux et s’engagent à apporter des changements significatifs si elles veulent continuer à bénéficier du soutien des contribuables », peut-on lire dans le communiqué publié par le ministère, qui ajoutait que « la Task Force conjointe de lutte contre l’antisémitisme annonce le gel de 2,2 milliards de dollars de subventions sur plusieurs années ».

La réponse du président de Harvard
Le conflit entre l’université Harvard et le président Trump date du mois dernier, alors que le nouveau président américain menaçait déjà le campus d’un gel des subventions d’environ 9 milliards de dollars, à l’issue d’un « examen complet ». C’est ainsi que, début avril, la Maison-Blanche avait transmis plusieurs demandes à Harvard, des exigences qui menacent la politique de diversité de l’université.

Lundi 14 avril, en réponse, le président de Harvard Alain Garber écrivait dans une lettre aux étudiants et aux enseignants que l’université « n’abdiquera pas son indépendance ni ses droits garantis par la Constitution ».

Le président de Harvard a réitéré son intransigeance au sujet de son indépendance face à l’État. L’université privée, qui reçoit des subventions fédérales, mais aussi des contrats pluriannuels, rappelait que « aucun gouvernement, quel que soit le parti au pouvoir, ne doit dicter aux universités privées ce qu’elles doivent enseigner, qui elles peuvent enrôler et embaucher, ni sur quelles matières elles peuvent mener des recherches ». Les subventions de la Maison-Blanche représenteraient 11 % de ses rentrées d’argent, alors que son budget annuel atteint 6,4 milliards de dollars.

Havard compte emprunter à Wall Street « pour un plan d’urgence »
Pour se protéger d’une éventuelle coupe, Harvard avait signalé la semaine dernière qu’il prévoyait d’émettre 750 millions de dollars d’obligation à Wall Street, un emprunt d’urgence annoncé dans un communiqué « pour faire avancer ses priorités académiques et de recherche […] dans le cadre de la planification d’urgence en cours pour une série de circonstances financières ».

À New York, une autre université a payé les frais de la nouvelle administration Trump, clairement décidée à taper sur les budgets liés à la recherche et à l’éducation. Columbia, située à Manhattan, et particulièrement réputée dans le journalisme, le droit, la médecine, les sciences politiques, économiques et les sciences humaines, se voyait coupée de 400 millions de dollars de subventions.

En réponse à la lettre d’Alain Gerber, le ministère de l’Éducation a déclaré que le président d’Harvard « renforce le sentiment préoccupant de privilège qui est endémique dans les universités et collèges les plus prestigieux de notre pays — à savoir que l’investissement fédéral ne s’accompagne pas de la responsabilité de respecter les lois sur les droits civiques ». En réponse à la tentative de geler 9 milliards de dollars en tout, un groupe de professeurs se lançait la semaine dernière dans une action en justice pour bloquer l’examen souhaité par Donald Trump.

Au regard de la tech, Harvard a formé plusieurs importants fondateurs et dirigeants, parmi lesquels Mark Zuckerberg (Facebook), Bill Gates (Microsoft), mais aussi plus récemment le cofondateur et CEO de Hugging Face, Clément Delangue. Susan Wojcicki, l’ancienne CEO de YouTube, Marissa Mayer de Yahoo ou encore Steve Ballmer y ont reçu leur diplôme.

Comme le citait Renaud Pila, éditorialiste politique pour LCI, l’investisseur américain Ray Dialo pointait du doigt l’erreur de Donald Trump, à chercher à couper les investissements dans la recherche.

Selon lui, la désindustrialisation du pays provenait principalement du faible niveau d’éducation. « 1% de la population fait de grades études et 60% des Américains ont un problème de lecture » critiquait-il. Au sein de la NASA, les missions liées à la recherche scientifique sont menacées. La plupart des divisions risquent des coupes de plus de la moitié des subventions de la Maison-Blanche, et la scientifique en chef de l’agence spatiale a été écartée.

Reuters

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