« C’est de l’inconscience »: la Californie conteste en justice les droits de douane imposés par Trump

L’État dirigé par les démocrates estime que le président américain ne pouvait pas instituer de surtaxes douanières sans l’accord du Congrès. La Californie, qui représente 14% du PIB américain, est aux premières loges de ce bouleversement économique.

La Californie a contesté mercredi 16 avril en justice les droits de douane imposés par Donald Trump, car l’État dirigé par les démocrates estime que le président américain ne pouvait pas les instituer sans l’accord du Congrès.

« Trump n’a pas le pouvoir unilatéral de bouleverser radicalement le paysage économique du pays.

Ce n’est pas ainsi que fonctionne notre démocratie », a expliqué le procureur général de Californie, Rob Bonta, lors d’une conférence de presse.

« Le Congrès n’a pas autorisé ces droits de douane, et encore moins l’imposition de droits de douane pour ensuite les augmenter, les suspendre, puis les rétablir immédiatement sur un coup de tête », a-t-il insisté.

La Californie représente 14% du PIB américain
Depuis son retour au pouvoir, le milliardaire républicain a précipité le monde dans une guerre commerciale, en revenant sur des décennies de libre-échange.

La Chine est soumise à des droits de douane américains de 145% et certaines importations en provenance du Canada et du Mexique sont taxées à 25%.

Début avril, Donald Trump a également instauré des droits de douane de 10% sur les produits de dizaines de pays du monde et promis d’autres taxations bien plus punitives, avant de les suspendre.

Avec cette politique protectionniste, le président assure vouloir faire revenir la production industrielle aux États-Unis.

Mais dans l’immédiat, elle crée surtout beaucoup d’incertitude et va se traduire par une augmentation des prix pour les consommateurs, des faillites d’entreprises et des pertes d’emplois, selon de nombreux économistes.

La Californie, qui représente à elle seule la cinquième économie mondiale et pèse 14% du PIB américain, est aux premières loges de ce bouleversement économique.

Berceau du secteur de la tech, l’État le plus peuplé du pays est aussi le premier producteur manufacturier et agricole du pays. Il dépend énormément de ses relations avec le Mexique, le Canada et la Chine.

« Ce type détruit l’économie des États-Unis »
« Aucun autre État ne sera plus touché par les conséquences de cette incertitude », a dénoncé le gouverneur de Californie, Gavin Newsom.

« C’est de l’inconscience. (…) Ce type détruit l’économie des États-Unis », a ajouté le démocrate de 57 ans, auquel la presse américaine prête régulièrement des ambitions présidentielles pour 2028.

Gavin Newsom a accusé Donald Trump d’avoir « trahi les gens qui l’ont soutenu », en remarquant que la guerre commerciale affecte particulièrement les agriculteurs, qui ont largement voté pour l’homme d’affaires républicain.

Le gouverneur a aussi dénoncé la chute des marchés provoquée par cette politique, qui rogne « l’épargne-retraite » des Américains.

Début avril, le gouverneur avait déjà annoncé que la Californie allait chercher des accords avec le reste du monde pour être exemptée des ripostes douanières à venir contre les États-Unis.

D’après l’action en justice lancée mercredi, la loi de 1977 invoquée par Donald Trump ne lui permet pas d’imposer des droits de douane, un pouvoir que la Constitution américaine attribue au Congrès.

La quinzième procédure judiciaire contre Trump
« Où est le Congrès? (…) Faites votre travail ! », a taclé Gavin Newsom, en brocardant la majorité républicaine au Sénat et à la Chambre des représentants.

Il s’agit de la quinzième procédure judiciaire intentée par la Californie contre l’administration Trump depuis le retour du milliardaire républicain au pouvoir.

L’État démocrate conteste notamment la remise en cause du droit du sol et le pouvoir accordé à Elon Musk pour tailler dans le budget de l’État fédéral.

Lors de son premier mandat, la Californie avait mené la résistance à Donald Trump, en intentant plus de 120 actions en justice contre son gouvernement.

AFP

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