Droits de douane: Washington vise un accord avec Tokyo « dans les 90 jours »

Proche allié de Washington et première source d’investissements étrangers aux États-Unis, le Japon est visé, comme les autres pays, par des surtaxes douanières américaines de 25% sur l’automobile, l’acier et l’aluminium.

Le Japon a entamé mercredi 16 avril à Washington des négociations sur les massives surtaxes douanières imposées, des pourparlers pouvant faire figure de précédent, même si Tokyo assure que les États-Unis visent un compromis « dans les 90 jours ».

À la tête de la délégation japonaise, le ministre nippon de la Revitalisation économique Ryosei Akazawa a rencontré à Washington le président américain Donald Trump, le secrétaire au Trésor Scott Bessent et le représentant au Commerce Jamieson Greer.

Sans annoncer d’avancées immédiates sur un fléchissement américain, le ministre japonais a assuré à la presse que les deux pays s’efforceraient de « planifier la prochaine rencontre dans le courant du mois (d’avril) ».

« Il s’agit d’une négociation à deux parties »
« Je comprends que les États-Unis souhaitent conclure un accord dans les 90 jours. Nous souhaitons y arriver au plus vite, mais il s’agit d’une négociation à deux parties », a déclaré Ryosei Akazawa.

Il a indiqué avoir rappelé aux responsables américains que Tokyo jugeait les droits de douane « extrêmement regrettables »: « Après avoir exposé nos réflexions sur l’impact pour l’industrie japonaise et pour l’expansion des investissements et de l’emploi au Japon et aux États-Unis, j’ai vivement enjoint aux États-Unis de réexaminer ces mesures », a-t-il dit.

Proche allié de Washington et première source d’investissements étrangers aux États-Unis, le Japon est visé, comme les autres pays, par des surtaxes douanières américaines de 25% sur l’automobile, l’acier et l’aluminium.

Un enjeu majeur: l’automobile a représenté l’an dernier environ 28% des 132 milliards d’euros d’exportations japonaises à destination des États-Unis.

Menace d’une surtaxe « réciproque » de 24%
L’archipel nippon reste par ailleurs menacé d’une surtaxe « réciproque » de 24% sur toutes ses exportations, même si Donald Trump a mis en pause la semaine dernière pour 90 jours toutes les surtaxes, sauf sur la Chine. Une taxe-plancher de 10% s’applique néanmoins déjà.

Alors que l’administration Trump accuse volontiers Tokyo de tirer indûment avantage d’un yen affaibli pour doper ses exportations, le sujet des devises n’a pas été abordé mercredi, a précisé Ryosei Akawaza.

Ryosei Akazawa, qui espérait « construire une relation de confiance » pour conclure « un partenariat gagnant-gagnant », a vu mercredi Donald Trump s’inviter de façon inattendue aux pourparlers.

« Un grand honneur d’avoir rencontré la délégation japonaise sur le commerce. Des progrès importants », a écrit le président américain sur son réseau Truth Social avant la réunion.

« Le Japon vient aujourd’hui pour négocier les droits de douane, le coût du soutien militaire (américain au Japon) et la ‘JUSTICE COMMERCIALE' », a-t-il ajouté.

Si sa présence montre l’importance qu’il accorde aux négociations commerciales bilatérales, il insistait à nouveau pour lier la question des négociations commerciales au coût du soutien militaire américain dont dépend Tokyo face à Pékin et Pyongyang.

« Les discussions à venir ne seront pas faciles »
Selon les analystes, Tokyo pourrait proposer de gonfler ses achats de gaz naturel venant d’Alaska et ses importations d’équipements militaires américains.

« Bien sûr, les discussions à venir ne seront pas faciles, mais le président Trump a exprimé sa volonté d’accorder la plus haute priorité aux négociations avec le Japon. Cette (première) séance a posé les bases des prochaines étapes », a commenté jeudi à Tokyo le Premier ministre japonais Shigeru Ishiba.

« J’envisagerai de rencontrer directement Donald Trump au moment le plus opportun », a-t-il ajouté.

 AFP

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