Les édulcorants artificiels, utilisés pour remplacer le sucre, pourraient en réalité perturber notre sensation de satiété et stimuler la faim, selon plusieurs études.
Utilisés pour réduire la teneur en sucre des aliments sans en sacrifier le goût, les édulcorants artificiels comme l’aspartame sont présents dans de nombreux produits du quotidien. Mais sont-ils vraiment une alternative plus saine ? Une série d’études récentes, relayées par deux chercheuses de l’université britannique Anglia Ruskin dans The Conversation, sèment le doute.
Une illusion sucrée qui trompe le cerveau
Les édulcorants artificiels ont été conçus pour activer les récepteurs du goût sucré sans apporter de calories. Comme le sucre, ils envoient au cerveau un signal nerveux indiquant la consommation d’une source énergétique – des glucides. Mais contrairement au sucre, ils ne stimulent pas le système dopaminergique, responsable du plaisir et de la motivation. Ce qui pourrait perturber les mécanismes de satiété et fausser la régulation naturelle de l’appétit.
Une étude récente a ainsi montré qu’une consommation d’un édulcorant appelé sucralose – l’équivalent du sucre de deux canettes de soda – augmentait, deux heures après, l’afflux sanguin vers l’hypothalamus, la région du cerveau qui gère la faim.
Les chercheuses notent également une stimulation de neurones similaires à ceux activés par la leptine, l’hormone de la satiété. Conséquence : une hausse du seuil de satiété, qui pourrait pousser à manger davantage pour nous sentir rassasiés. « Cela suggère que la consommation d’édulcorants artificiels nous rend plus affamés, ce qui pourrait finalement nous faire consommer plus de calories », résument les chercheuses.
Un impact possible sur le poids et le diabète
Sur le long terme, les effets sont encore plus troublants. Une vaste étude menée sur 20 ans a associé la consommation régulière d’édulcorants à une augmentation de 70 % du risque d’obésité, indépendamment de l’apport calorique global. Une autre recherche a également trouvé un lien entre les boissons à édulcorants et le diabète de type 2.
Mais ces boissons contiennent d’autres additifs (colorants, acidifiants, émulsifiants), ce qui complique l’analyse, tempèrent les scientifiques.
Certains travaux montrent à l’inverse que les édulcorants permettraient de perdre du poids, et plusieurs études ne relèvent aucun lien avec le diabète ni avec les taux de glucose à jeun.
Reste qu’à ce jour, « le Scientific Advisory Committee on Nutrition (SACN) [Comité scientifique consultatif sur la nutrition, au Royaume-Uni] recommande de limiter la consommation d’édulcorants, surtout chez les enfants, tout en réduisant aussi celle du sucre », précise un rapport publié ce mois-ci. En attendant des données plus solides, le message semble clair : sucre ou édulcorant, mieux vaut en consommer avec modération.
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