La forêt amazonienne, souvent surnommée la « poumons de la Terre » S’étend sur neuf pays, absorbant d’importantes quantités de dioxyde de carbone et libérant de l’oxygène essentiel à la vie dans le monde entier. Au Pérou, deuxième plus grand pays de cet écosystème vital après le Brésil, une récente modification de la loi forestière nationale, connue sous le nom de Modification de la loi forestière du Pérou or Loi n° 31973, a déclenché une vive controverse.
Adopté en janvier 2024, cet amendement est accusé de démanteler des protections essentielles et d’ouvrir la voie à une déforestation galopante. Les écologistes, les communautés autochtones et les observateurs internationaux avertissent que les conséquences pourraient être catastrophiques, non seulement pour le Pérou, mais aussi pour la planète. Voici ce que vous devez savoir sur cette crise en cours.
Contexte : L’Amazonie péruvienne et ses défis
La forêt amazonienne du Pérou s’étend sur plus de 70 millions d’hectares.environ 60 % du territoire nationalC’est un haut lieu de biodiversité, regorgeant de milliers d’espèces végétales et animales, dont beaucoup sont uniques au monde. Plus de 50 peuples autochtones y vivent, dont certains vivent en isolement volontaire, à l’abri du monde moderne.
Au-delà de ses richesses écologiques, l’Amazonie joue un rôle mondial : elle agit comme un immense puits de carbone, absorbant le CO₂, régulant les précipitations et offrant un potentiel inexploité pour les médicaments dérivés de ses innombrables espèces.
Pourtant, cette merveille naturelle est menacée. La déforestation – le défrichement des forêts pour l’agriculture, l’exploitation forestière ou l’exploitation minière – constitue une menace persistante.
Entre 2001 et 2021, le Pérou a perdu 2.7 millions d’hectares de forêt, soit une superficie équivalente à celle d’Haïti. Rien qu’en 2022, 146,575 1,465 hectares (6 XNUMX kilomètres carrés) ont disparu, soit une augmentation de XNUMX % par rapport à l’année précédente. Les coupables ? Les petits agriculteurs, les entreprises agroalimentaires qui cultivent l’huile de palme et le cacao, les exploitants forestiers illégaux, les mineurs et les trafiquants de drogue qui cultivent la coca.
En 2011, le Pérou a tenté d’endiguer la marée avec la Loi sur les forêts et la faune (loi n° 29763)
Cette loi historique exigeait l’approbation de l’État pour toute modification de l’utilisation des terres forestières, comme leur conversion en terres agricoles, et imposait des études environnementales. Elle a également marqué l’histoire en obtenant le consentement libre, préalable et éclairé (CLPE) des communautés autochtones pour les projets sur leurs terres, un clin d’œil à leurs droits constitutionnels. Mais son application était inégale et la déforestation se poursuivait, détruisant 150,000 200,000 à XNUMX XNUMX hectares par an.
L’amendement de 2024 : qu’est-ce qui a changé ?
Le 10 janvier 2024, le Congrès péruvien a adopté la loi n° 31973 modifiant la loi forestière de 2011, après un débat précipité de 15 minutes en décembre 2023. Deux recours en révision en cours ont été ignorés, suscitant immédiatement des critiques. Voici les effets de cet amendement :
- Plus de surveillance de l’État : Elle supprime la nécessité d’une autorisation gouvernementale avant de convertir des terres forestières à d’autres usages, donnant ainsi carte blanche aux propriétaires fonciers et aux entreprises.
- Pardonner les crimes passés : Toute déforestation illégale avant janvier 2024 est désormais légale, ce qui remet à plus tard les coupables du passé.
- Changement de puissance : La responsabilité du zonage des terres forestières passe du ministère de l’Environnement (Minam), axé sur la conservation, au ministère de l’Agriculture, considéré comme favorisant l’exploitation.
- Ignorer les voix autochtones : La loi a été adoptée sans consultation des communautés autochtones, violant ainsi leur droit au consentement libre, préalable et éclairé.
Avocat en environnement César Ipenza l’a qualifié de désastre, en disant que « approuve la partie la plus néfaste » de la loi. L’expert péruvien Marc Dourojeanni a ajouté : « Cela va générer le chaos dans la gestion des forêts au Pérou et accélérer la déforestation. »
Impacts environnementaux et sociaux : une bombe à retardement
Les conséquences de l’amendement pourraient remodeler l’Amazonie, et pas pour le mieux. Voici comment il menace l’environnement, les peuples autochtones et le climat.
Risques environnementaux
- La déforestation s’intensifie : Sans surveillance, les accaparements de terres et le déboisement pourraient exploser. Le ministère public prévient que plus de 3,000 4,000 affaires de criminalité forestière, impliquant XNUMX XNUMX hectares de déforestation illégale, pourraient être concernées.
- Grande agriculture : Les plantations de palmiers à huile, un facteur notoire de déforestation, sont passées de 15,000 2000 hectares en 108,000 à 2019 XNUMX en XNUMX. L’amendement pourrait accélérer cette croissance, en favorisant l’agro-industrie au détriment des forêts.
- Exploitation illégale : Jusqu’à 80 % du bois du Pérou est récolté illégalement. La loi pourrait encourager les bûcherons, les mineurs et les cultivateurs de coca, qui n’ont guère à craindre de sanctions.
Menaces sur les communautés autochtones
- Terres en péril : Les territoires autochtones ont déjà perdu 276,000 23 hectares de forêt au cours de la dernière décennie. Des communautés comme Unipacuyacu (XNUMX % de leur territoire) et Catoteni sont confrontées à des menaces accrues.
- Des vies en danger : Les défenseurs de l’environnement sont pris pour cible. En 2023, les chefs autochtones Quinto Inuma et Benjamín Ríos ont été tués pour avoir résisté à la déforestation liée à la culture de la coca et à l’exploitation forestière.
- Droits violés : La série Association interethnique pour le développement de la forêt tropicale péruvienne (AIDESEP) a vivement critiqué la loi, la déclarant « constituant un grave danger pour les peuples autochtones et favorisant une déforestation à grande échelle ». Le Rapporteur spécial des Nations Unies sur les peuples autochtones, José Francisco Cali Tzay, a averti qu’il pourrait « légitimer et encourager » le vol de terres.
Implications climatiques
- Bombe de carbone : En 2019, les changements d’affectation des terres, principalement la déforestation, ont représenté 48 % des émissions de gaz à effet de serre du Pérou (210,404 XNUMX gigagrammes d’équivalent CO₂). Plus de déforestation signifie plus de carbone libéré et moins absorbé.
- Enjeux mondiaux : Le rôle de l’Amazonie en tant que régulateur climatique est irremplaçable. Sa perte pourrait aggraver les sécheresses, les vagues de chaleur et les inondations dans le monde entier, tout en compromettant les engagements du Pérou dans le cadre de l’Accord de Paris et les accords conclus avec des pays comme la Norvège et l’Allemagne.
Dimensions économiques et internationales : qui en bénéficie ?
Ses partisans, comme la députée Maria Zeta Chunga, affirment que l’amendement aide les petits agriculteurs – dont beaucoup sont des migrants des hautes terres – en leur offrant une sécurité juridique. Mais ses détracteurs affirment que les véritables gagnants sont les agro-industries, les trafiquants de terres et les criminels.
Préoccupations liées au commerce international
- Règles de l’UE : Le règlement de l’UE sur la déforestation (RDUE) exige que les importations, comme l’huile de palme, soient exemptes de déforestation illégale. Le Pérou affirme que l’amendement est conforme, mais Julia Urrunaga, de l’Agence d’investigation environnementale (EIA), qualifie cet argument de « faux ». La légalisation des déforestations passées pourrait inonder les marchés de produits autrefois illégaux, compromettant ainsi les chaînes d’approvisionnement de marques comme Nestlé et Kellogg’s.
- Accords commerciaux : Cette loi menace les accords commerciaux du Pérou avec l’UE et le Royaume-Uni, ainsi qu’une déclaration d’intention commune avec plusieurs pays pour protéger l’Amazonie. Les ambassades du Canada, du Royaume-Uni, de Norvège et d’Allemagne ont exprimé leur inquiétude.
Opposition et résistance : un combat pour l’avenir
La réaction a été rapide et féroce. Des groupes autochtones comme AIDESEP et ONAMIAPAux côtés des écologistes, des manifestants ont protesté, exigeant l’abrogation de la loi. En avril 2024, un procès a été intenté devant la Cour constitutionnelle du Pérou, arguant que l’amendement violait la protection constitutionnelle des forêts en tant que patrimoine national. La Cour a supprimé certaines parties, mais a confirmé la légalisation rétroactive de la déforestation passée, laissant les militants frustrés.
Partout dans le monde, des groupes comme Amazon Watch incitent les pays consommateurs à rejeter les produits issus de zones déboisées. Une lettre signée par des milliers d’organisations et de particuliers met en garde contre une escalade de la déforestation et de la violence si la loi n’est pas abrogée.
Conclusion : Amazon à la croisée des chemins
L’Amazonie péruvienne se trouve à un tournant. La loi n° 31973 reste en vigueur, mais les batailles juridiques et la pression internationale pourraient en modifier la trajectoire. Les enjeux sont cruciaux : il ne s’agit pas seulement d’une forêt, mais de l’air que nous respirons, du climat dans lequel nous vivons et des droits de ceux qui la protègent depuis des siècles. Les mois à venir révéleront si le Pérou peut concilier croissance économique et nécessité urgente de préserver l’un des plus grands trésors de la planète. Pour l’instant, le monde observe et attend.
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