Insomnies, migraines, déshydratation… Les effets de la chaleur sur notre corps sont bien connus. Mais saviez-vous que notre santé mentale aussi est en première ligne ?
Si un peu de chaleur fait du bien au moral, lorsque le thermomètre s’affole, c’est tout notre organisme qui est mis à rude épreuve. Car au-delà des symptômes physiques, les vagues de chaleur intense ont également un fort impact sur notre santé mentale. Plusieurs études se sont penchées sur le sujet ces dernières décennies et la plus récente, publiée en avril 2025 dans Nature Climate Change par une équipe australienne, établit un lien préoccupant entre réchauffement climatique et hausse des troubles psychiques.
Réchauffement climatique : une menace croissante pour la santé mentale
L’étude en question, fondée sur des données de santé couvrant tous les États et territoires australiens entre 2003 et 2018, montre que les hospitalisations et les passages aux urgences liés aux troubles mentaux augmentent lors des épisodes de forte chaleur. Et les projections sont préoccupantes : même en maintenant le réchauffement sous la barre des +3 °C d’ici 2100, la charge relative des maladies mentales pourrait croître de 11 % dès les années 2030, et de 27,5 % à l’horizon 2050. En l’absence d’efforts majeurs, ce fardeau pourrait bondir de près de 49 %.
Et cette étude n’est pas isolée. Une méta-analyse finlandaise, publiée en 2017 dans Environmental Health Perspectives avait déjà mis en évidence un lien entre vagues de chaleur et recrudescence des comportements agressifs en suggérant qu’une hausse de 2 °C des températures moyennes augmenterait les taux de criminalité violente de plus de 3 %.
Suicide, isolement, dérèglements biologiques : la face cachée des canicules
En France, une étude, publiée en août 2022 dans American Journal of Epidemiology et dirigée par Rémy Slama de l’Inserm, a montré une relation entre la hausse des températures et l’augmentation du risque de suicide. Les chercheurs ont croisé les données quotidiennes de mortalité, toutes régions confondues, avec les températures enregistrées depuis 1968. Leur conclusion : plus la température grimpe, plus la mortalité par suicide augmente.
Comme l’explique le directeur de l’étude :
_« Les hypothèses existantes incluent au moins deux pistes non exclusives :
_d’une part, une modification des relations sociales quand les températures sont très élevées, qui pourrait influencer un passage à un acte suicidaire ;
_d’autre part, sur le plan biologique, une altération du fonctionnement des systèmes endocriniens et nerveux en cas de grande chaleur, qui pourrait augmenter le risque de suicide ».
En conclusion, le réchauffement climatique ne menace pas seulement notre santé physique : il fragilise aussi notre équilibre mental. Face à cette réalité de mieux en mieux documentée, il est essentiel de réagir, notamment en mettant en place des dispositifs d’alerte et de soutien psychologique lors des périodes de chaleur inhabituelle.
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