Démantèlement de camps en Tunisie : « Les pays européens doivent financièrement aider au retour des migrants dans leur pays »

Quatre mois après le passage du cyclone Chido, le président Emmanuel Macron était en déplacement à Mayotte lundi pour soutenir la reconstruction de l’île. Il a notamment annoncé l’opération « Uhura Wa Shabat » (« mur de fer », en mahorais) pour lutter contre l’immigration irrégulière. Le président a également annoncé la « création d’une zone d’attente pour étrangers en situation irrégulière ».

« D’ici un an, les choses auront profondément changé », a promis Emmanuel Macron lors de son déplacement à Mayotte lundi 21 avril, quatre mois après le passage du cyclone Chido qui a fait une quarantaine de morts et détruit la quasi-totalité des habitats informels de l’île. Face aux élus réunis dans l’hémicycle du conseil départemental de l’île, le président français a annoncé le lancement de l’opération Uhura Wa Shabat (« mur de fer », en mahorais).

Un dispositif qui vient concrétiser des annonces déjà faites par l’ex-ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, en février 2024.

Ainsi, pour lutter contre la situation migratoire, qualifiée « d’anormale » par le chef de l’État, plusieurs dispositifs doivent être mis en place « d’ici la fin de l’année ». De nouveaux radars visant à détecter les embarcations de migrants vont être rachetés car la plupart ont été endommagés par le cyclone Chido.

Le nombre d’intercepteurs, les bateaux utilisés par les forces de l’ordre, va augmenter de huit à treize.

En 2024, le LIC [une branche de la préfecture qui lutte contre l’immigration illégale, ndlr] a intercepté 494 kwassas – les embarcations utilisées par les migrants pour parcourir les 70km d’océan qui séparent les Comores de Mayotte -, et depuis le début de l’année 2025, elle en a interpellé 93.

Le président a également annoncé la « création d’une zone d’attente pour étrangers en situation irrégulière », le « renforcement de la coopération entre services de renseignements », un « état-major de lutte contre l’immigration » et la « montée en force » du groupe d’action opérationnel (GAO), l’unité de la police nationale à Mayotte spécialisée dans la lutte contre l’immigration clandestine, « pour intervenir plus vite et plus fort ».

« Il y aura aussi des recrutements de moyens humains » a promis aux élus le chef de l’État à propos de ce plan qui doit « avoir tous ses effets à l’horizon début 2026 ».

Le CRA de Mayotte. Crédit : Romain Philips pour InfoMigrants

Plus tôt dans la journée, Emmanuel Macron a fait un tour à bord d’un des intercepteurs de la police nationale.

L’occasion pour le sous-préfet de présenter ses décisions pour rendre, selon lui, « Mayotte moins attractive », notamment l’agrandissement du centre de rétention administratif (CRA), qui doit évoluer de 250 à 354 places d’ici 2027.

5 216 migrants ont été expulsés de Mayotte au premier trimestre de 2025
Et l’annonce de cette opération a été accompagnée d’un projet de loi organique. Présenté lors du conseil des ministres présidé par Emmanuel Macron depuis l’avion en route vers la Réunion le soir du 21 avril, il prévoit de durcir les conditions d’accès au séjour, étendre l’aide au retour volontaire ou encore faciliter les évacuations d’habitats insalubres dans les bidonvilles.

Le texte de loi propose de rendre possible le retrait des titres de séjour des parents « du fait de faits commis par leurs enfants ».

L’objectif de tout cela, selon le président, est donc de « prévenir les flux migratoires, stopper les barges qui arrivent et [permettre] véritablement 35 000 retours ». En 2024, 20 762 personnes ont fait l’objet d’une mesure d’éloignement. Lors de sa première visite après le passage du cyclone Chido, Emmanuel Macron avait promis de faire monter ce chiffre à 35 000. Selon le ministère de l’Intérieur contacté par InfoMigrants, 5 216 migrants ont été expulsés de Mayotte durant le premier trimestre de 2025.

Ils étaient 4 699 sur la même période l’année dernière.

Le projet de loi doit être voté « d’ici l’été », a promis le président qui veut agir vite face à une immigration « qui a changé ». « Elle s’est doublée d’une immigration qui vient du continent africain et qui accroit les difficultés », estime-t-il. Notamment en provenance de la région des Grands Lacs.

Selon les chiffres de Solidarité Mayotte, l’organisme en charge de l’asile sur l’île, « les ressortissants africains du continent représentent la majorité des demandes d’asile”.

Les ressortissants comoriens représentent 1036 demandes d’asile contre 1 407 pour les Africains venant du continent, dont 922 Congolais. Une hausse qui s’explique notamment par le regain de tensions dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC) entre les forces armées et le mouvement M23.

Un enfant dans le bidonville de Dzoumogné, à Mayotte. Crédit: Romain Philips

Mais pour autant, ce sont les Comoriens qui représentent la très grande majorité de l’immigration irrégulière sur l’ile mais leur nombre exact est inconnu.

Sur 321 000 habitants officiellement recensés par l’INSEE au 1er janvier 2024, la moitié vit sur l’île sous le statut d’étranger et 60 000 sont en situation irrégulière.

Et pour lutter contre les quartiers informels, des opérations de destructions d’habitats sont régulièrement organisées à Mayotte. La première de l’année a eu lieu le 8 avril à Dzoumogné, dans le nord de Mayotte. Ce jour-là, quelque 73 logements informels ont été détruits.

Ces destructions font écho aux dernières opérations de grande ampleur organisées à Mayotte. La dernière en date, intitulée « place nette » avait eu lieu en avril 2024.

Et en 2023, l’opération « Wuambushu » (« reprise », en mahorais), la première du genre, avait eu lieu sur l’île. Prévue pour « lutter contre l’habitat insalubre, l’immigration clandestine et trouver des chefs de bande », elle avait été critiquée sur place pour son maigre résultat, dont la destruction de 700 « bangas » – les cases en tôles qui constituent les bidonvilles – et l’arrestation de 60 individus.

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