Afrique Subsaharienne : le prix du haut débit reste le plus cher du monde (rapport)Published 12 heures agoon 22 avril 2025By Kiala Curnis

Selon un rapport de l’Union internationale des télécommunications (UIT) publié le jeudi 10 avril 2025, le prix médian d’un forfait de données mobiles d’entrée de gamme (2 gigaoctets par mois) en Afrique subsaharienne reste le plus élevé. Cela du fait que ce prix s’est élevé à 3,9% du revenu mensuel moyen par habitant en 2024, soit le taux le plus élevé à l’échelle mondiale.

Le rapport intitulé « State of digital development and trends in the Africa region : Challenges and opportunities » précise que le prix médian du forfait de données mobiles d’entrée de gamme a fortement baissé depuis 2018, lorsqu’il se situait à 7,3% du revenu mensuel moyen par habitant.

Il reste cependant largement au-dessus du seuil maximal de 2% du revenu mensuel moyen par habitant fixé par la Commission des Nations Unies pour le haut débit.

Selon le rapport, le haut débit fixe est encore moins abordable au Sud du Sahara, avec un prix médian du forfait d’entrée de gamme (5 gigaoctets par mois) représentant 3,4 % du revenu mensuel moyen par habitant. Ces coûts élevés de l’Internet haut débit (fixe et mobile) ont un impact disproportionné sur les groupes à faible revenu, qui exacerbe les inégalités numériques.

Le rapport révèle, dans ce même cadre, que 38% de la population d’Afrique subsaharienne avait accès à Internet en 2024, contre une moyenne mondiale de 68%.

Les experts de l’UIT affirment que la région est cependant en train de rattraper lentement son retard.

Depuis 2005, le taux de pénétration d’Internet dans la région a augmenté de 16,7% en moyenne par an contre une moyenne mondiale de 8%.

Au cours des dix dernières années, la croissance a été plus modeste, avec un taux de 10,7% en moyenne annuelle contre 6,1% au niveau mondial.

Fracture numérique multidimensionnelle

Le taux de pénétration d’Internet en Afrique subsaharienne présente cependant de fortes disparités entre les pays, avec des extrêmes allant de 11% (Burundi) à 87% (Seychelles). Une fracture numérique entre les sexes est également perceptible. 43% des hommes utilisaient Internet durant l’année écoulée contre 31 % des femmes.

Bien que l’utilisation d’Internet ait globalement augmenté, des centaines de millions de personnes restent hors ligne au Sud du Sahara, en raison notamment du coût élevé des services, de l’analphabétisme numérique et du manque de connectivité fiable, en particulier dans les zones rurales. Les jeunes et les populations urbaines sont les moteurs de l’adoption du numérique, tandis que les adultes plus âgés et les communautés rurales restent à la traîne.

Il faudrait noter que la fracture numérique entre les villes et les campagnes demeure très marquée.

En 2024, l’utilisation d’Internet par la population urbaine a atteint 57% contre 23% dans les zones rurales, ce qui représente de loin l’écart le plus important à l’échelle mondiale.

Les réseaux 4G et 5G desservent principalement les populations urbaines, laissant aux communautés rurales des connexions plus lentes et moins fiables.

L’UIT souligne que les réseaux de téléphonie mobile constituent l’épine dorsale de l’accès à Internet en Afrique subsaharienne, étant donné que les infrastructures à large bande fixe sont encore limitées et coûteuses. En 2024, la région comptait 52 abonnements au haut débit mobile pour 100 habitants, ce qui est nettement inférieur à la moyenne mondiale de 95 abonnements pour 100 habitants.

Pour le haut débit fixe, la situation était encore pire, avec moins d’un abonnement pour 100 habitants.

Pour les spécialistes, le taux de couverture de la population de la région par les services à haut débit mobile s’est élevé à 86%, laissant 14% sans possibilité de connexion (cette proportion se situe à 25% dans les zones rurales).

Si 70% de la population est couverte par les réseaux de quatrième génération (4G), 16% des habitants dépendent encore de la 3G qui offre des vitesses plus faibles et une expérience en ligne limitée.

Le déploiement de la 5G a commencé dans plusieurs pays, mais n’a encore atteint que 11% de la population subsaharienne.

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