100 jours après son retour à la Maison Blanche, Donald Trump doit faire face à une baisse de sa popularité dans les sondages. Un recul qui s’explique notamment par l’opinion des Américains sur ses résultats économiques, alors que sa politique tarifaire fait craindre à la fois une hausse de l’inflation et une baisse de la croissance. Pour le président américain, il est donc temps d’accélérer sur l’une des promesses phares de sa campagne : les baisses d’impôts.
Donald Trump célèbre aujourd’hui ses 100 jours à la Maison Blanche, avec un rassemblement de ses supporters dans le Michigan. Ce cap des 100 jours est franchi dans un contexte où les sondages sont de moins en moins favorables. Sur l’économie, son taux d’approbation est tombé à 42%, contre 51% début mars. En effet, depuis l’investiture, le 20 janvier, et encore plus depuis début avril, l’actualité a été dominée par les droits de douane et leurs impacts (à priori négatifs) sur les Américains.
Il est donc temps pour le président américain de faire passer les mesures plus favorables de son programme.
Dimanche, dans un message publié sur Truth Social Donald Trump a déclaré : « Quand les droits de douane entreront en vigueur, les impôts sur le revenu de nombreuses personnes seront considérablement réduits, peut-être même entièrement supprimés. L’accent sera mis sur les personnes gagnant moins de 200 000 dollars par an ».
Ces promesses de baisse d’impôts massives sont martelées depuis la campagne présidentielle.
Donald Trump souhaite d’abord prolonger les réductions d’impôts adoptées en 2017, lors de son premier mandat, dont une grande partie expire fin 2025. Mais le président américain a promis d’aller plus loin en exemptant les pourboires des travailleurs ainsi que les revenus issus de la sécurité sociale. Enfin, il propose de ramener l’impôt sur les sociétés de 21 % à 15 %.
L’idée générale de la politique économique de Donald Trump est de financer les baisses d’impôts par les droits de douane.
Le conseiller au commerce du président, Peter Navarro, avait estimé que les droits de douane pourraient générer 600 à 700 milliards de dollars de revenus par an. Des estimations qui semblent assez peu réalistes, d’autant que les négociations devraient aboutir à des tariffs nettement moins élevés que ceux fixés le « jour de la libération. »
Il semble donc difficile d’imaginer que les droits de douane puissent couvrir les baisses d’impôts.
Pour rappel, le Congressional Budget Office avait estimé que la seule prolongation du TCJA – Tax Cuts and Jobs Act, le plan de baisses d’impôts de 2017 – couterait 4500 milliards de dollars sur 10 ans.
Le plafond de la dette comme deadline
Mais cela n’a pas empêché le Congrès d’avancer sur ce front. Début avril, les Républicains avaient adopté une résolution budgétaire, ouvrant la voie au projet de baisse d’impôts de Donald Trump. La résolution est une feuille de route qui fixe les niveaux de dépenses futures pour l’Etat fédéral. Elle vise donc à donner aux commissions parlementaires des instructions et les montants avec lesquels les postes budgétaires pourront être construits.
Selon le Comité pour un budget fédéral responsable, un groupe non partisan, ce plan budgétaire pourrait augmenter la dette américaine de 5 800 milliards de dollars sur dix ans.
Les Républicains, de leurs côtés, affirment que ces coûts seront compensés par des coupes budgétaires, une plus forte croissance économique (et donc davantage de taxes) et des recettes issues de la déréglementation énergétique et des droits de douane.
Mais avec une majorité étroite à la Chambre (220 sièges contre 213) et au Sénat (53 sièges contre 47), l’équation ne sera pas simple pour les Républicains. Car pour convaincre l’aile la plus conservatrice du parti, les Républicains ont fixé un objectif de réduction des dépenses de 2 000 milliards de dollars sur dix ans et accepté de revoir à la baisse l’ampleur des baisses d’impôts si les économies ne sont pas au rendez-vous.
Des réductions de dépenses qui seront plus difficiles à faire passer auprès des modérés et risquent également d’affecter les électeurs de Donald Trump.
En effet, la principale économie pourrait venir du programme Medicaid – le programme d’assurance santé cofinancé par l’Etat fédéral et les Etats qui bénéficient aux Américains les plus modestes. Les crédits d’impôts pour les énergies vertes, l’agriculture et l’éducation seraient également concernés par ces coupes.
L’objectif de l’administration Trump est d’adopter ce plan pour le 4 juillet, jour de la fête nationale.
Un calendrier qui sera difficile à tenir selon le leader Républicain du Sénat, John Thune, qui déclarait hier : « ça ne se fera pas du jour au lendemain ». Le Congrès devra adopter cette législation avant que le plafond d’endettement fédéral ne soit atteint. Lundi, Scott Bessent a indiqué qu’une estimation de cette « X-date » pourrait être disponible dans les deux prochaines semaines.
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