Guerre en Ukraine : les Européens préparent de nouvelles sanctions contre la Russie

Le ministre des Affaires étrangères français Jean-Noël Barrot a affirmé jeudi, après une rencontre avec son homologue américain à Washington, que les Européens préparaient une nouvelle série de sanctions contre la Russie, qu’ils souhaitent coordonner avec les États-Unis. Selon Paris, Vladimir Poutine reste le « seul obstacle » à la paix en Ukraine.

Un nouveau paquet de sanctions européennes contre la Russie est en préparation, en cas de refus persistant de Moscou de tout cessez-le-feu en Ukraine. C’est ce qu’a affirmé à l’AFP, jeudi 1er mai, le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot.

Le ministre français s’exprimait peu après avoir rencontré son homologue américain Marco Rubio au département d’État, avec lequel il a dit avoir eu « un échange sans filtre ».

La visite de Jean-Noël Barrot à Washington intervient au lendemain de la signature entre Washington et Kiev d’un accord sur les minerais qui pourrait pérenniser à terme une présence américaine en Ukraine.

« Nous allons, nous, Européens, accompagner cette initiative américaine avec un 17e paquet de sanctions et je me suis engagé hier (mercredi) auprès de Lindsey Graham à ce que nous tentions de coordonner, à la fois sur la substance mais aussi sur le calendrier, ces deux paquets de sanctions », a déclaré le ministre français à l’AFP. Il faisait référence au sénateur républicain qui a proposé de durcir les sanctions américaines contre Moscou et dit avoir rassemblé près de « 70 » de ses collègues, démocrates comme républicains, en soutien à cette initiative.

La Russie ne fait « aucun effort »
Le président Donald Trump n’a pas écarté la possibilité de nouvelles sanctions américaines contre la Russie si celle-ci n’accepte pas de conclure un accord de paix avec Kiev.

« Il faut le reconnaître, je crois que désormais c’est clair comme de l’eau de roche que le seul obstacle à la paix en Ukraine aujourd’hui c’est Vladimir Poutine », a encore dit Jean-Noël Barrot, en soulignant que l’Ukraine avait « tenu sa part du marché ».

L’Ukraine « a accepté un cessez-le-feu sans condition et hier elle a accepté de conclure un accord sur les minerais critiques avec les États-Unis », a fait valoir Jean-Noël Barrot.

« Pendant ce temps-là, la Russie de Vladimir Poutine n’a fait aucun effort, n’a envoyé aucun signe qu’elle est prête au cessez-le-feu et à la paix à laquelle aspire le président Donald Trump et à laquelle aspirent les Européens et bien évidemment les Ukrainiens », a-t-il dit.

Le chef de la diplomatie française n’a pas écarté la possibilité que la France, qui détient selon lui une « expertise » en matière de terres rares, puisse conclure un accord économique avec l’Ukraine et fait part de discussions en cours à ce sujet. « Nous regardons les possibilités qui s’ouvrent à nous, et nous les saisirons, si elles sont dans l’intérêt mutuel de la France et de l’Ukraine », a affirmé Jean-Noël Barrot.

« Moment décisif »
Dans un communiqué jeudi, le département d’État a souligné que l’entretien entre Jean-Noël Barrot et Marco Rubio a largement porté sur les moyens de « faire avancer la paix en Ukraine ». « Le secrétaire d’État (…) a réaffirmé l’engagement des États-Unis à collaborer étroitement avec la France et les autres partenaires européens en vue d’aboutir à une paix durable », selon le texte. Mais, est-il ajouté, « l’Europe doit déployer des ressources réelles et la volonté politique nécessaire pour mettre fin à cette guerre ».

Les États-Unis et la France sont de vieux alliés mais depuis le retour au pouvoir de Donald Trump en janvier les contentieux s’accumulent, dont les droits de douane et les pressions américaines sur l’Europe en matière de défense notamment.

Pour Jean-Noël Barrot, « c’est un moment décisif pour l’Europe ». Il a rappelé à cet égard que le président français Emmanuel Macron appelle depuis des années à l’autonomie stratégique de l’Europe et pour « un pilier européen de l’Otan ».

Sur les droits de douane, le responsable français a plaidé pour « une désescalade pour que nous revenions à la situation qui précédait ces décisions prises par l’administration Trump dans l’intérêt des États-Unis comme de l’Europe », alors que l’Union européenne est engagée dans des discussions avec Washington. Il a tenu à rappeler que les États-Unis avaient longuement profité du règne du dollar pour « financer leur déficit lorsque c’était nécessaire » à très bon marché.

AFP

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