À l’occasion d’une visite en République démocratique du Congo de la Directrice générale adjointe de l’Organisation internationale des migrations (OIM), l’organisation rappelle que plus de sept millions de personnes ont été déracinées par des conflits, notamment dans l’est du pays, mais aussi par des épisodes climatiques violents. Depuis janvier 2025, plus de 660 000 personnes ont été déplacées à nouveau dans la seule région de Goma.
En visite en République démocratique du Congo (RDC), la Directrice générale adjointe de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), Sung Ah Lee, a rappelé que « l’ampleur des déplacements massifs en RDC exig[eait] une attention mondiale renouvelée et une action coordonnée », selon un communiqué des Nations unies publié jeudi 1er mai.
Avant même le début de la nouvelle offensive du groupe armé M23 dans l’est de la RDC en janvier 2025, pas moins de 7,8 millions de Congolais avaient déjà quitté leur foyer pour trouver refuge ailleurs dans ce pays riche en minerais et miné par les conflits, rappellent les Nations unies.
« Depuis janvier 2025, plus de 660 000 personnes ont été déplacées à nouveau dans la seule région de Goma », souligne encore l’organisation.
Manque d’assistance pour les personnes vulnérables
RFI a notamment observé ces déplacements contraints dans le Maniema, dans le Nord-Kivu, dans l’est du pays. « Dans la localité de Lubutu, rien qu’entre le 14 et le 25 mars, les autorités locales y ont enregistré l’arrivée de près de 12 500 personnes déplacées, soit 2 500 ménages. À cela s’ajoutent les 8 400 personnes déjà arrivées, depuis janvier, fuyant de manière préventive les violences », rapporte la radio internationale.
Mais cette présence devient compliquée à gérer pour la société civile de cette région rurale et pauvre.
« Jusqu’à présent, aucune assistance n’a été fournie à ces populations vulnérables, parmi lesquelles figure un grand nombre d’enfants et de femmes dont certaines enceintes, allaitantes, les enfants qui ont abandonné les études, les survivantes, les femmes violées… », a déclaré à RFI Mutoro Mumbere Jean-Pierre, président de la Société civile de Lubutu.
Le responsable réclame au gouvernement congolais et ses partenaires humanitaires de l' »aide en vivres et non vivres et; dans le domaine médical, [une assistance pour la] surveillance épidémiologique ».
Une situation humanitaire très inquiétante
Début février, le groupe rebelle M23 a sommé les déplacés du Nord Kivu de rentrer chez eux. Mais les personnes qui ont quitté les camps de déplacés ont retrouvé leurs villes en ruines après les combats. Selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies, cité par l’AFP, 44 % des personnes retournées dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu « ont retrouvé leurs champs occupés et exploités par des personnes venues d’ailleurs » et « au moins 10 % ont trouvé leurs maisons occupées par d’autres personnes ».
Alors que l’administration américaine a mis fin au financement des programmes humanitaires qu’elle soutenait, l’OIM s’inquiète également du développement de l’épidémie d’anthrax dans le Nord-Kivu. « Seize cas humains suspects et un cas confirmé, [dont un décès], ont été signalés », indique l’organisation. « L’épidémie a touché quatre zones de santé autour du lac Édouard, à la frontière entre la RDC et l’Ouganda.
Elle est liée à celle qui sévit du côté ougandais du lac, où sept cas humains suspects ont été signalés dans le district occidental de Kabale », précise-t-elle.
Selon RFI, « la RDC a besoin de 2,58 milliards de dollars pour sa réponse humanitaire en 2025. Sans le milliard versé par les États-Unis, impossible de boucler les budgets de nombreuses ONG. En 2024, trois millions de personnes ont bénéficié de l’aide américaine dans le pays ».
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