L’UE s’apprête à discuter, potentiellement dès ce mercredi, des contre-mesures à adopter si Trump impose de nouveaux droits de douane envers l’Europe. “Nous ne nous sentons pas faibles”, assure le commissaire au Commerce.
La Commission européenne envisage d’imposer des droits de douane supplémentaires sur 100 milliards d’euros de produits américains si les négociations avec Washington n’aboutissent pas à un résultat satisfaisant, rapporte mardi l’agence de presse Bloomberg.
“Toutes les options restent clairement sur la table”
L’exécutif européen présenterait une proposition de contre-mesures aux États membres dès ce mercredi, selon des sources. Un cycle de consultations d’un mois suivrait alors, après quoi la liste finale des marchandises ciblées serait fixée.
Le commissaire européen au commerce, Maros Sefcovic, n’a mentionné aucun montant lors d’un débat plus tôt dans la journée au Parlement européen.
Il a toutefois confirmé que la Commission travaillait à des contre-mesures pour rétablir l’équilibre au cas où les négociations n’aboutiraient pas.
“Toutes les options restent clairement sur la table”, a assuré M. Sefcovic devant les eurodéputés.
Il a souligné qu’en tant que plus grand bloc commercial du monde, l’Union européenne avait des atouts pour se défendre. “Je tiens à rassurer tout le monde: nous ne nous sentons pas faibles. Et nous ne sentons pas mis sous pression pour accepter un accord qui ne serait pas juste pour nous”.
La fin de la suspension des “premiers droits de douane”?
M. Sefcovic négocie un accord commercial avec le gouvernement américain depuis que le président Donald Trump a annoncé, le 9 avril, une pause de 90 jours pour l’introduction de ses tarifs douaniers dits réciproques. En signe de bonne volonté, la Commission a décidé à son tour de suspendre une augmentation des droits de douane sur 21 milliards d’euros d’importations américaines.
Ces tarifs étaient la réponse de l’Europe aux droits de douane américains supplémentaires de 25 % sur l’acier, l’aluminium et les voitures.
Ces droits sont toujours en vigueur, tout comme les droits de douane de 10 % sur pratiquement tous les autres produits. Si aucun accord n’est conclu avec Washington, ces droits de douane pourraient être portés à 20 % à partir du 8 juillet.
L’OMC potentiellement saisie
Selon M. Sefcovic, les Américains visent actuellement les marchandises européennes pour une valeur de 380 milliards d’euros, ce qui représente 70% des exportations européennes vers les États-Unis. Ce taux pourrait atteindre 97% si les enquêtes américaines en cours sur les produits pharmaceutiques, les semi-conducteurs et le bois, entre autres, aboutissaient aussi à une augmentation des droits de douane, a averti le Slovaque.
M. Sefcovic a réaffirmé que les droits de douane étaient “injustifiés” et il n’a pas exclu la possibilité de saisir l’Organisation mondiale du commerce (OMC).
En attendant, la Commission reste pleinement engagée en faveur d’une solution négociée avec Washington. Elle a notamment déjà proposé un tarif zéro réciproque sur les produits industriels et formulé une offre pour acheter davantage de gaz liquéfié (GNL) et de soja aux États-Unis.
La Commission tente également de profiter de la situation pour développer ses relations commerciales avec le reste du monde.
Un accord avec le bloc commercial latino-américain du Mercosur est sur la table et des discussions avec l’Inde et d’autres pays asiatiques sont en cours. “Je peux vous dire que nos téléphones ne cessent de sonner parce que tout le monde veut accélérer les négociations avec nous sur les accords de libre-échange”, a assuré M. Sefcovic.
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