Emmanuel Macron et Friedrich Merz veulent «répondre ensemble» aux défis de l’Europe

Lors de leur rencontre ce mercredi 7 mai à Paris, Friedrich Merz, le nouveau chancelier allemand élu la veille dans la douleur, et Emmanuel Macron, ont exprimé leur volonté de « répondre ensemble aux défis que l’Europe affronte » en donnant un « nouveau départ » à la relation franco-allemande.

« Nous souhaitons que l’action se construise systématiquement ensemble. Nous voulons répondre ensemble aux défis que l’Europe affronte », a lancé le président français Emmanuel Macron lors de sa rencontre avec le nouveau chancelier allemand Friedrich Merz à Paris ce mercredi. Il a aussi appelé à relancer le « réflexe franco-allemand » après quatre années souvent compliquées avec le social-démocrate Olaf Scholz.

« L’Europe n’est possible que si l’Allemagne et la France se coordonnent sur leurs réformes économiques et sociales respectives pour faire converger nos modèles sur l’investissement, sur la défense, sur l’énergie, sur l’espace », a déclaré Emmanuel Macron.

Un avis partagé par le chancelier allemand, élu la veille lors d’un scrutin chaotique pour le conservateur.

« Nous avons convenu d’un nouveau départ pour l’Europe », a renchéri Friedrich Merz lors d’une conférence de presse commune à l’Élysée. « Nous avons une responsabilité particulière pour l’Europe. Nous allons œuvrer ensemble pour un meilleur avenir commun », a-t-il martelé, promettant des « impulsions décisives » pour la construction européenne.

Ainsi, les deux dirigeants ont également indiqué vouloir la mise en place d’un conseil de défense et de sécurité franco-allemand pour apporter des « réponses opérationnelles » concrètes aux défis stratégiques communs. Un Conseil des ministres franco-allemand devrait aussi, dès l’été, concrétiser la volonté de relance tous azimuts de la coopération et la coordination bilatérales.

Dossier ukrainien

Paris fonde de grands espoirs dans Friedrich Merz, qui parle ouvertement de renforcer la souveraineté européenne, y compris militaire. D’autant plus que sur les questions de défense et l’Ukraine, l’hostilité affichée par Donald Trump et son administration à l’égard de l’Europe, et les doutes sur le soutien militaire américain, ont fait bouger les lignes en Allemagne.

Concernant la participation allemande à une éventuelle force de réassurance européenne en Ukraine ou à d’autres garanties de sécurité, le chancelier a toutefois conditionné tout engagement à « un accord de paix » et à une participation américaine au « processus ». « La guerre en Ukraine ne prendra pas fin sans encore plus d’engagement politique et militaire des États-Unis, les Européens ne peuvent pas s’y substituer », a-t-il estimé. Et d’ajouter qu’un futur cessez-le-feu « devrait être garanti par une participation des États-Unis ».

Le nouveau chancelier a par ailleurs confirmé vouloir engager des discussions avec Paris et Londres, les deux seules puissances nucléaires en Europe, sur la dissuasion nucléaire. Il s’était déjà dit favorable à l’idée de placer son pays – dépendant jusqu’ici de la protection nucléaire américaine – sous le parapluie français et britannique. Ce qui constitue une rupture énorme avec la tradition atlantiste germanique.

Points de désaccord

Toutefois, de profondes divergences persistent. Friedrich Merz, dont le pays est fortement exportateur, a demandé aux États de l’Union européenne de ratifier « rapidement » l’accord de libre échange entre l’UE et des pays du Mercosur (Argentine, Brésil, Uruguay, Paraguay), auquel la France s’oppose, craignant une fronde agricole.

« On trouvera des accords qui permettent la juste préservation des conditions de travail, l’équité pour nos producteurs », a répondu le président français.

Autre point de divergence, Berlin a certes assoupli en mars sa règle du « frein à l’endettement », qui limite la capacité d’emprunt du pays pour les dépenses militaires et pour les régions, mais elle n’est pas prête à donner son feu vert à des euro-obligations, promues par Paris.

RFI

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