Le Pakistan interpelle la communauté internationale et veut «faire rendre des comptes» à l’Inde

L’Inde a mené « 24 frappes » sur « six endroits » au Pakistan dans la nuit du mardi 6 au mercredi 7 mai, a annoncé le porte-parole de l’armée pakistanaise. New Delhi affirme avoir frappé « des infrastructures terroristes » et a baptisé son offensive « Opération Sindoor ». Le Pakistan a répliqué avec des tirs d’artillerie sur le territoire indien notamment.

_L’Inde a mené des frappes aériennes dans plusieurs régions du Pakistan, dans la nuit du mardi 6 au mercredi 7 mai. Six villes ont été touchées, au Cachemire pakistanais et au Pendjab. New Delhi dit avoir visé « des infrastructures terroristes » situées sur le territoire pakistanais.

_L’offensive indienne est une réponse à une attaque terroriste menée le 22 avril au Cachemire indien ; au moins 26 personnes, des touristes pour la plupart, avaient perdu la vie.

_Les missiles indiens et les échanges de tirs qui ont suivi ont tué 31 personnes et en ont blessé 57 autres, selon l’armée pakistanaise, qui ajoute qu’un barrage hydroélectrique au Cachemire a été endommagé.

Le Pakistan affirme avoir « abattu cinq avions » dans l’espace aérien indien, tandis qu’une source sécuritaire indienne a indiqué à l’Agence France-Presse que trois chasseurs de l’armée de l’air s’étaient écrasés, pour des raisons non précisées. Cible de nombreux tirs d’obus pakistanais, selon l’AFP, le village cachemiri indien de Poonch recense 12 morts et 38 blessés, de même source. De violentes explosions ont également secoué les alentours de Srinagar. Ce sont les violences les plus importantes entre les deux puissances nucléaires en deux décennies.

Un membre du gouvernement pakistanais exprime son indignation sur la BBC

Un ministre pakistanais s’est exprimé dans le cadre de l’émission Newshour de la BBC britannique après les frappes indiennes, qu’il qualifie d’« agression honteuse et lâche » visant dit-il des « civils pacifiques, y compris des femmes et des enfants ». Pour Ahsan Iqbal, l’affirmation de l’Inde selon laquelle des « sites d’infrastructures terroristes » au Pakistan et au Cachemire sous contrôle pakistanais constitue « un gros mensonge » pour essayer d’« induire le monde en erreur ».

« Qui sont les victimes ? Comment un garçon de 7 ans peut-il être un terroriste ?

Comment une fillette de 5 ans peut-elle être une terroriste ? Comment une femme au foyer peut-elle être une terroriste ? », demande-t-il. Et de confirmer que le gouvernement pakistanais a donné aux forces armées « le mandat de choisir le moment et la manière dont nous pouvons répondre de manière appropriée ».

Congés annulés pour le personnel médical dans la capitale pakistanaise

La BBC rapporte que tous les congés prévus ont été annulés pour les médecins, infirmières et autres personnels médicaux travaillant dans les hôpitaux publics d’Islamabad, qui doivent « se présenter au travail » immédiatement, selon le ministre de la Santé Mustafa Kamal. Dans un communiqué, ce dernier indique que des « mesures urgentes » pour la capitale ont été annoncées « en réponse à la crise ».

Un « centre d’intervention rapide d’urgence », ouvert 24 heures sur 24 et sept jours sur sept, a été créé pour « évaluer les urgences sanitaires découlant du conflit en cours et coordonner les efforts d’intervention immédiate ».

19h05 : Le président américain appelle à cesser les hostilités « maintenant »

Alors que l’Inde et le Pakistan, deux puissances nucléaires, sont engagées dans leur plus grave confrontation militaire depuis deux décennies, « je les connais tous les deux très bien et je veux les voir s’entendre, a déclaré ce mercredi Donald Trump depuis la Maison Blanche. Je veux qu’ils arrêtent. Et j’espère qu’ils peuvent arrêter maintenant. »

« Ils se sont rendu coup pour coup », constate le président américain, qui souligne : « Si je peux faire quoi que ce soit pour aider, je serai là. »

Le bilan humain revu à la hausse côté pakistanais

Le bilan des frappes aériennes indiennes et des tirs à la frontière de facto s’élève désormais à 31 morts, annonce l’armée. « Le bilan des morts s’élève à 31 et 57 autres personnes ont été blessées », a déclaré le lieutenant-général Ahmed Sharif Chaudhry dans une allocution télévisée.

17h30 : Shehbaz Sharif réaffirme que son pays n’est pas lié à l’attaque du mois dernier

Le Premier ministre pakistanais, dans son adresse, évoque l’attaque meurtrière de Pahalgam, le mois dernier. Il assure qu’elle « n’est pas liée » à Islamabad, « accusé pour de mauvaises » raisons selon lui. Nous avons demandé une enquête, plaide-t-il, mais à ses yeux, l’Inde n’est pas d’accord avec cette demande et l’ignore.

« Mon peuple pakistanais, pour votre sécurité, celle de notre armée et de notre peuple, nous serons toujours unis, promet le Premier ministre. Nous nous opposerons à eux et nous gagnerons. »

Il termine son discours en affirmant que pour la sécurité du pays, il a besoin du courage du peuple, et « parce que nous luttons tous pour la vérité, espérons que Dieu sera toujours avec nous ».

L'allocution du Premier ministre pakistanais, suivie dans un restaurant d'Islamabad, ce mercredi 7 mai 2025.

« L’Inde doit payer », affirme le Premier ministre pakistanais

Selon Shehbaz Sharif, New Delhi a commis une erreur, en lançant des frappes « lâches » contre son pays, et il va falloir « payer ». L’Inde pensait peut-être que le Pakistan reculerait, mais « a oublié qu’il s’agit d’une nation qui sait se battre pour son pays », lance-t-il dans son allocution. Le Pakistan a montré qu’il pouvait riposter, estime-t-il. L’armée a réussi à détruire  « les plans de nos assaillants et ennemis », ajoute-t-il.

16h50 : L’université indienne du Cachemire annonce le report de ses examens

Située à Srinagar, dans le Cachemire sous contrôle indien, cette université a décidé de reporter tous les examens prévus jusqu’au 10 mai inclus, a-t-elle annoncé dans un communiqué publié sur son site internet.

Communiqué de l'université du Cachemire, ce mercredi 7 mai 2025.

16h45 : Le chef du gouvernement pakistanais s’adresse à la nation

Après avoir rendu hommage au chef de l’armée de l’air devant l’Assemblée nationale, le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif s’adresse à ses concitoyens.

Le président du Sénat pakistanais en appelle à la communauté internationale

Le président de la chambre haute du Parlement pakistanais, Youssouf Raza Gilani, a condamné « l’attaque lâche de l’Inde », qu’il qualifie aussi d’acte « honteux ». Selon lui, l’agression indienne constitue « une grave menace pour la paix et la stabilité régionales ».

Il exhorte la communauté internationale à « prendre acte des provocations de l’Inde » et estime que « le Pakistan est pleinement préparé à répondre à toute agression ».

Le trafic aérien perturbé par la crise entre les deux pays asiatiques

L’affrontement entre l’Inde et le Pakistan a provoqué un brusque effondrement des relations économiques entre les deux pays voisins. Mais cela affecte aussi le secteur aérien international. D’après les estimations, le fait de contourner le Pakistan rallonge la durée du vol, entre 40 minutes et une heure de plus, notamment en direction de l’Asie centrale.

« Il y avait un contexte de fragilisation du traité sur l’eau depuis une bonne dizaine d’années côté indien »

L’escalade l’Inde et le Pakistan a endommagé le barrage hydroélectrique de Neelum-Jhelum, un édifice stratégique pour le Pakistan, servant à produire de l’électricité au Cachemire, alors que le Premier ministre indien avait annoncé mardi soir son intention de couper l’eau des fleuves qui irriguent le voisin, et suspendu sa participation au traité de partage des eaux de l’Indus, du nom du fleuve irriguant 65% du territoire pakistanais, notamment les vastes plaines fertiles du Pendjab, datant de 1960. Ce traité était l’une des rares réussites diplomatiques entre les deux pays.

Sa remise en question serait un cran supplémentaire qui fragiliserait surtout le Pakistan, explique Alexandre Thaite, chercheur à la Fondation pour la recherche stratégique (FSR).

Lorsqu’on fait le total des volumes, vous avez beaucoup plus de populations pakistanaises qui dépendent de l’Indus, c’est vraiment le seul gros fleuve qui traverse le pays. Donc l’Inde dit que c’est beaucoup trop. Le Pakistan est passé de 35 millions d’habitants en 1950 à 200 millions aujourd’hui. Il est vraiment au-dessus de ses ressources que ce soit en eau ou dans tous les domaines. Et il est d’autant plus fragile qu’il a besoin de l’hydroélectricité pour faire face déjà à des coupures qui durent parfois plusieurs heures par jour.

Un point sur les forces en présence

Sur le papier, le rapport de force entre les deux frères ennemis est nettement à l’avantage de l’Inde, pays le plus peuplé du monde avec 1, 4 milliard d’habitants face à seulement 240 millions de pakistanais, rappelle notre confrère Franck Alexandre, spécialiste défense à RFI, qui précise que cet écart se retrouve également dans les effectifs militaires.

Selon les statistiques de l’Institut international pour les études stratégiques, basé à Londres, les forces armées pakistanaises comptent 660 000 militaires, dont la moitié sont des policiers et paramilitaires, pour un budget de 10 milliards de dollars en 2025. Dans le détail, ces forces disposent de 812 avions, 322 hélicoptères et plus de 4 000 pièces d’artillerie.

L’armée indienne, quant à elle, est un géant : 1,5 million de soldats, 1 500 avions, 1 000 hélicoptères, plus de 10 000 canons et un budget annuel de 80 milliards de dollars.

Mais les deux bélligérants sont des puissances dotées de l’arme nucléaire.  Islamabad dispose de missiles nucléaires intermédiaires sol-sol et d’une composante nucléaire aérienne. L’Inde également. New Delhi développe en outre une capacité nucléaire sous-marine. En cas d’affrontement, le seuil nucléaire est rapidement atteint, ce qui a pour effet de rééquilibrer le rapport de force.

 Le Royaume-Uni se dit « prêt » à intervenir comme médiateur

Le gouvernement britannique est « prêt » à intervenir pour une « désescalade », selon le ministre du Commerce Jonathan Reynolds, pour qui les deux pays ont « un intérêt dans la stabilité régionale ». « Tout ce que nous pouvons faire en termes de dialogue, de désescalade, nous sommes prêts et en mesure de le faire », assure-t-il. « Nous sommes en contact avec les deux pays ainsi qu’avec d’autres partenaires internationaux », a déclaré de son côté le chef du gouvernement Keir Starmer devant la chambre des Communes, appelant les deux voisins, membres du Commonwealth, au « dialogue, à la désescalade et à protéger les civils ».

Dégâts documentés à Ahmedpur Sharqia, près de Bahawalpur

Des journalistes sont également allés inspecter les dégâts à l’intérieur d’un séminaire islamique après les frappes indiennes à Ahmedpur Sharqia, à environ 7 kilomètres de Bahawalpur.

Un séminaire islamique après les frappes indiennes à Ahmedpur Sharqia, dans la province pakistanaise du Pendjab, ce mercredi 7 mai 2025.

La mosquée Bilal également détruite la nuit dernière

L’Agence France-Presse et Associated Press a pu se rendre à Muzaffarabad, capitale du Cachemire sous contrôle pakistanais, où la mosquée Bilal a été détruite. Trois personnes, dont le gardien des lieux, sont décédées. Des centaines de personnes sont venues l’enterrer.

Muzaffarabad, la capitale du Cachemire sous contrôle pakistanais, ce mercredi 7 mai 2025.

L’Inde insiste sur le caractère ciblé de ses frappes pour « éviter les civils »

Le ministre indien de la Défense Rajnath Singh a répété mercredi, devant la presse, que les frappes indiennes menées au Pakistan n’avaient visé que des « camps terroristes » soigneusement identifiés pour « éviter la population ou des secteurs civils ».

Les échanges de tirs ont aussi endommagé le barrage hydroélectrique de Neelum-Jhelum, servant à produire de l’électricité au Cachemire, un édifice stratégique pour le Pakistan

Le Premier ministre indien a annoncé mardi soir son intention de couper l’eau des fleuves qui irriguent le Pakistan et a suspendu sa participation au traité de partage des eaux de l’Indus, du nom du fleuve qui irrigue 65 % du territoire Pakistanais, notamment les vastes plaines fertiles du Pendjab.

« Presque tous les fleuves qui traversent le Pakistan viennent d’Inde. C’est pour cela que le traité de partage des eaux de l’Indus était aussi important et a survécu aux conflits armés dans les deux pays.

Là, il est donc complétement remis en cause notamment du côté indien qui s’estime lésé sur les rivières qui sont au nord. Pour le Pakistan, l’Indus et ses affluents qui irriguent le Pendjab, sont une artère vitale. Avec ses plaines de riz basmati, c’est une source alimentaire importante et une source d’exportation pour le pays », explique Gilles Bocquérat, chercheur associé à la Fondation pour la recherche stratégique.

Si l’Inde réduit ou coupe comme elle l’a menacé le volume d’eau vers le Pakistan, cela pourrait constituer un point de basculement.

La fin du traité de l’Indus, si elle est intérinée, ferait rentrer les deux pays dans une nouvelle ère de grande incertitude.

Des maisons sur le lit asséché de la rivière Indus, au Pakistan, le 25 avril 2025.

Paris et Berlin appellent à « éviter toute escalade », dit le chancelier allemand

Paris et Berlin suivent « avec une grande préoccupation » les affrontements entre l’Inde et le Pakistan et appellent à « éviter toute escalade », a affirmé le chancelier allemand Friedrich Merz lors d’une conférence de presse avec le président français Emmanuel Macron. « Il faut vraiment garder la tête froide, il faut faire preuve de retenue et de raison », a insisté le nouveau chef de gouvernement allemand.

Kaboul appelle à la « retenue », une escalade n’est « pas dans l’intérêt de la région »

Le ministère afghan des Affaires étrangères a dit sur X « sa préoccupation à propos de l’escalade des tensions entre le Pakistan et l’Inde, considérant une poursuite de l’escalade comme n’étant pas dans l’intérêt de la région » et appelant « les deux parties à la retenue ».

Manifestation anti-indienne à Peshawar, au Pakistan, le 7 mai 2025.

La roupie indienne subit l’affrontement militaire avec le Pakistan, le dollar monte

La roupie indienne recule mercredi, dans le sillage d’échanges de tirs d’artillerie le long de la frontière contestée du Cachemire entre l’Inde et le Pakistan. « Les roupies indienne et pakistanaise sont sous pression aujourd’hui, les traders intégrant un risque accru de conflit entre les deux voisins dotés de l’arme nucléaire », car « contrairement aux menaces habituelles le long de la frontière, que les marchés ignorent généralement, cette escalade implique un engagement militaire de haute intensité », analyse Stephen Innes, de SPI AM, qui répondait à l’AFP.

Cette baisse « reflète les inquiétudes du marché quant à l’impact potentiel de cette escalade militaire, qui a déclenché une demande accrue de devises étrangères dans les deux pays », analyse de son côté Ricardo Evangelista, d’ActivTrade, interrogé par l’AFP.

L’Union européenne appelle l’Inde et le Pakistan à la « désescalade »

La Commission européenne a appelé mercredi l’Inde et le Pakistan à la « désescalade ».  « Nous exhortons les deux parties à faire preuve de retenue et à prendre des mesures immédiates en vue d’une désescalade », a affirmé Anouar El Anouni, porte-parole de l’exécutif européen.

Des maisons résidentielles sont photographiées après avoir été endommagées par un bombardement transfrontalier à Salamabad dans le district de Baramulla au Cachemire administré par l'Inde, le 7 mai 2025.

Plusieurs perturbations dans le secteur aérien

La compagnie aérienne Air France a suspendu jusqu’à nouvel ordre le survol du Pakistan sur fond de confrontation militaire de ce pays avec l’Inde, ce qui allonge le temps de vol vers certaines destinations, a indiqué le groupe à l’AFP. Cette décision est en vigueur depuis le 30 avril. En conséquence, la compagnie « est amenée à adapter son programme et ses plans de vols ». Pour les destination de Delhi, Bangkok et Hô Chi Minh, cela implique « un allongement du temps de vol », ajoute Air France sans plus de précisions.

Plusieurs autres compagnies aériennes comme Korean Air, China Airlines, Malaysia Airlines ou Thai Airways ont revu leurs plans de vol dans la région, entre annulations et itinéraires chamboulés.

L’Iran fait part de sa « profonde préoccupation »

« La République islamique d’Iran exprime sa profonde préoccupation face à l’escalade des tensions entre l’Inde et le Pakistan », indique un communiqué de la diplomatie iranienne. L’Iran, pays frontalier du Pakistan et qui entretient de bonnes relations avec l’Inde, avait proposé en mars sa médiation.

La Turquie alerte sur un « risque de guerre totale », Berlin appelle à empêcher « toute escalade »

La Turquie a mis en garde contre le « risque de guerre totale » entre l’Inde et le Pakistan, dans un communiqué du ministère des Affaires étrangères. « L’attaque conduite la nuit dernière par l’Inde fait courir le risque d’une guerre totale. Nous condamnons cette initiative provocatrice ainsi que les attaques visant des civils et des infrastructures civiles », a écrit le ministère.

Le gouvernement allemand a appelé de son côté à empêcher « toute escalade » et à « protéger les civils ». Berlin, en contact avec les deux pays, a ouvert une cellule de crise pour « suivre la situation de près », a déclaré le ministère des Affaires étrangères sur X.

Il s’agit de la plus grave confrontation militaire entre l’Inde et le Pakistan depuis deux décennies.

09h02 : Bilal Ahmad, 35 ans, habite la région frontalière de Karnah, au nord du Cachemire. Il raconte pour RFI les affrontements entendus durant la nuit depuis sa maison et les destructions dans la région.

Nous vivions déjà dans la peur des affrontements ces derniers jours. Quand notre armée, l’armée indienne, est intervenue à partir des 1h du matin, nous avons été saisis par la terreur.

« C’était la nuit. Il y a eu tellement de détonations que nous nous sommes immédiatement précipités sur le toit de notre maison », raconte Ghulam Mohayyudin Bukhari, 36 ans, un habitant de Bahawalpur, dans le Pendjab

Là, nous avons vu une lumière orange qui a rapidement viré au rouge sous nos yeux. Environ cinq secondes plus tard, nous avons entendu une autre explosion et les gens ont commencé à sortir précipitamment de chez eux.

«Il y a eu une énorme explosion», explique l’homme de 36 ans

Le ministère des Affaires étrangères indien vient de s’exprimer sur son opération cette nuit, rapporte notre correspondant en Inde, Côme Bastin

Différents porte-paroles ont affirmé avoir des preuves que les auteurs des attentats au Cachemire étaient liés à un réseau terroriste basé au Pakistan, rapporte notre correspondant à Bangalore, Côme Bastin. New Delhi a reproché à Islamabad son absence de coopération dans la lutte contre les groupes insurgés transfrontaliers. Et a donc justifié ses frappes sur neufs camps d’entraînement terroristes au Pakistan. Le Pakistan nie en bloc les accusations de New Delhi et promet une réponse à ce qu’il considère comme une déclaration de guerre.

Alors que la diplomatie est dans l’impasse, c’est à la frontière contestée entre les deux pays, dans la région du Cachemire, que la pression monte ce matin. Selon l’Inde, le Pakistan y déchaîne son artillerie, qui a déjà fait plusieurs victimes.

L’Inde a reconnu avoir perdu trois avions durant la nuit. Le bilan est d’ores et déjà jamais vu au XXIe siècle entre les deux puissances.

Un agent de sécurité privé traverse les décombres d'un bâtiment endommagé par une attaque de missiles indiens, à Muridke, une ville de la province pakistanaise du Pendjab, le 7 mai 2025.

Les réactions internationales se multiplient

Moscou a appelé l’Inde et le Pakistan à faire preuve de « retenue » après les bombardements mutuels entre les deux puissances nucléaires voisines. Le ministère russe des Affaires étrangères s’est dit « profondément préoccupé par l’escalade de la confrontation militaire », a exhorté « les parties à faire preuve de retenue pour éviter une détérioration supplémentaire » de la situation et a déclaré espérer que les tensions puissent « se résoudre par des moyens pacifiques et diplomatiques. »

Le gouvernement britannique s’est quant à lui dit « prêt » à intervenir pour une « désescalade » entre l’Inde et le Pakistan.

« Tout ce que nous pouvons faire en termes de dialogue, de désescalade, nous sommes prêts et en mesure de le faire », a déclaré le ministre du Commerce britannique Jonathan Reynolds sur la BBC.

Pékin de son côté a déclaré qu’elle était prête à jouer un « rôle constructif » dans l’apaisement des tensions entre le Pakistan et l’Inde, en réponse à une escalade majeure des deux pays dotés de l’arme nucléaire et frontaliers de la Chine.

« Nous sommes prêts à collaborer avec la communauté internationale et à continuer à jouer un rôle constructif dans l’apaisement des tensions actuelles », a déclaré Lin Jian, porte-parole du ministère des Affaires étrangères, lors d’une conférence de presse.

Des Pakistanais lisent les journaux du matin qui annoncent que l'Inde a tiré des missiles sur le territoire pakistanais, à Karachi, le 7 mai 2025.

Islamabad dit avoir convoqué le chargé d’affaires indien

Le Pakistan a dit avoir convoqué mercredi le chargé d’affaires indien à Islamabad. « Le chargé d’affaires indien a été convoqué pour protester contre ces bombardements » qui « constituent une violation manifeste de la souveraineté du Pakistan », a indiqué le ministère des Affaires étrangères.

 Le bilan mais aussi l’ampleur de ces opérations reste encore flou », rapporte notre correspondant en Inde, Côme Bastin 

Beaucoup d’Indiens se réveillent avec la nouvelle des ces frappes, rapporte notre correspondant à Bangalore. Cette riposte était attendue mais l’armée indienne laissait planer le doute sur ses modalités. Il règne en Inde depuis cet attentat une ambiance de ferveur nationaliste et de désir de revanche. L’Inde insiste sur le fait qu’il s’agit cette nuit d’une riposte proportionnée et qu’aucun site militaire n’a fait partie des cibles.

Elle aurait frappé depuis son espace aérien et avance le chiffre de 80 terroristes tués dans les bombardements.

La crainte est cependant celle d’une escalade. Le Pakistan déplore des morts civiles et parle d’une déclaration de guerre. Il affirme avoir abattu des avions indiens et promet une riposte. Des échanges de tirs ont eu lieu à la frontière, avec déjà plusieurs victimes civiles selon l’Inde

La journée à venir est extrêmement imprévisible, on attend une prise de parole officielle côté Indien.

Des sauveteurs cherchent des survivants dans un bâtiment endommagé par une frappe indienne à Muridke, près de Lahore, au Pakistan, le 7 mai 2025.

Le Comité de la sécurité nationale pakistanais entame sa réunion en pleine escalade avec l’Inde

Le Comité de la sécurité nationale pakistanais est réuni au moment où Islamabad et son voisin indien sont engagés dans ce qui semble être les violences les plus importantes entre les deux puissances nucléaires en deux décennies, a annoncé le bureau du Premier ministre pakistanais. Après cette réunion des plus hauts responsables civils et militaires du pays, convoqués uniquement en cas d’extrême urgence, le chef de gouvernement, Shehbaz Sharif, s’adressera à la nation, ajoute son bureau.

Les frappes indiennes ont endommagé un barrage pakistanais au Cachemire, affirme l’armée pakistanaise

Les frappes indiennes ont endommagé un barrage pakistanais servant à produire de l’électricité au Cachemire, a affirmé l’armée pakistanaise, après des bombardements sur son sol qui ont tué selon elle au moins 26 civils. L’Inde a ciblé « le barrage hydroélectrique de Neelum-Jhelum », proche de la frontière de facto qui sépare la région disputée en deux, a déclaré le porte-parole de l’armée, le lieutenant-général Ahmed Chaudhry.

Les « neuf camps terroristes » visés par les frappes indiennes « détruits », affirme l’armée indienne

Les neuf « neuf camps terroristes » frappés par des tirs de missiles indiens dans la nuit de mardi à mercredi au Pakistan en représailles à l’attentat du 22 avril au Cachemire ont été « détruits », a affirmé une porte-parole de l’armée indienne. « Neuf camps terroristes ont été frappés et détruits », a déclaré devant la presse la lieutenante-colonelle Vyomika Singh, précisant que ces cibles avaient été « choisies pour éviter tout dommage aux infrastructures civiles ou toutes pertes civiles ».

Des paramilitaires indiens montent la garde le long d'une route à Srinagar le 7 mai 2025.

Le chef de la diplomatie française appelle l’Inde et le Pakistan « à la retenue »

Le chef de la diplomatie française a appelé l’Inde et le Pakistan « à la retenue » après de violents échanges d’artillerie entre les deux pays qui ont tué des civils indiens et pakistanais. « Nous comprenons l’aspiration de l’Inde à se protéger contre le fléau du terrorisme mais nous appelons évidemment l’Inde comme le Pakistan, à la retenue pour éviter l’escalade et évidemment à la préservation des civils », a déclaré Jean-Noël Barrot, sur la chaîne TF1.

 L’armée pakistanaise dit avoir abattu cinq avions indiens dans l’espace aérien indien

L’armée pakistanaise a dit avoir abattu cinq avions indiens dans l’espace aérien indien, dont trois Rafale français, après une série de frappes indiennes sur son sol. « L’armée pakistanaise a abattu cinq avions de chasse et un drone de combat pour se défendre et répondre à l’ennemi » qui l’attaquait, a déclaré le porte-parole de l’armée, le lieutenant-général Ahmed Chaudhry.

Il a précisé que « trois Rafale, un MiG 29 et un avion SU » avaient été touchés.

Des débris d'avion dans l'enceinte d'une mosquée à Pampore, dans le district de Pulwama, au Cachemire sous contrôle indien, ce mercredi 7 mai 2025.

L’armée pakistanaise annonce un nouveau bilan de « 26 civils tués » et 46 blessés

Au moins « 26 civils » ont été tués et 46 blessés dans des frappes de l’armée indienne sur « six endroits » au Pakistan et des échanges de tirs entre les deux armées dans le Cachemire, a annoncé mercredi le porte-parole de l’armée pakistanaise, le lieutenant-général Ahmed Chaudhry.

Selon lui, la frappe la plus meurtrière a tué 13 civils « dont deux fillettes de trois ans », dans une mosquée de Bahawalpur, dans le Pendjab pakistanais, liée selon le renseignement indien à des groupes armés cachemiris.

Des agents de sécurité montent la garde alors qu'une ambulance arrive avec des personnes blessées par une attaque présumée de missiles indiens, dans un hôpital de Bahawalpur, au Pakistan, le 7 mai 2025.

Au moins huit morts et 29 blessés dans le village indien de Poonch selon un responsable local

Au moins huit personnes ont été tuées dans le village indien de Poonch, dans le nord-ouest, lors des tirs d’artillerie qui opposent mercredi l’Inde et le Pakistan à leur frontière dans la région contestée du Cachemire, a-t-on appris auprès d’un responsable local. Un total de 29 autres personnes ont été blessées lors de ces bombardements, a précisé à l’AFP ce responsable, Azhar Majid.

04h04 : Trois avions de l’armée indienne se sont écrasés sur le territoire indien selon une source sécuritaire indienne

Trois chasseurs de l’armée de l’air indienne se sont écrasés sur le territoire indien, pour des raisons qui n’ont pas été immédiatement précisées, lors des combats qui opposent mercredi les deux pays, a-t-on appris de source sécuritaire indienne.

Les débris de deux de ces appareils ont été retrouvés dans la partie indienne du Cachemire, l’autre dans l’État du Pendjab (nord-ouest), a précisé sous couvert d’anonymat cette source à l’AFP, sans donner de précision sur le sort des pilotes.

Des débris métalliques jonchent le sol à Wuyan, dans le district de Pulwama au Cachemire sous administration indienne, le 7 mai 2025.

La Chine « déplore » les frappes indiennes sur le Pakistan et appelle à la « retenue »

La Chine a indiqué mercredi « déplorer » les bombardements indiens effectués dans la nuit contre le Pakistan, se disant par ailleurs « préoccupée » par la nouvelle escalade des tensions entre ses deux voisins.

« Nous appelons l’Inde et le Pakistan à donner la priorité à la paix et à la stabilité, à rester calmes, à faire preuve de retenue et à éviter de prendre des mesures qui compliqueraient davantage la situation », a indiqué dans un communiqué un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.

Des soldats pakistanais patrouillent sur le site d'un immeuble potentiellement touché par une frappe aérienne de l'armée indienne à Muzaffarabad, la capitale du Cachemire pakistanais, le 7 mai 2025.

Un conseil national de sécurité doit se tenir à 10h, heure locale (05h TU)rapporte notre correspondante à Islamabad, Sonia Ghezali

« Le ciel est devenu rouge et quelques secondes plus tard des explosions ont retenti », témoigne un résident de Bahawalpur dans la province du Pendjab. Contacté par téléphone tôt ce matin par notre correspondante à Islamabad, Sonia Ghezali, il nous dit ne jamais avoir entendu d’explosions aussi fortes de toute sa vie. Les vitres de sa maison ont été brisées par la puissance de la déflagration vers 01h du matin.

Muridke, à une quarantaine de kilomètres de Lahore, dans l’est du Pakistan est l’autre ville du Pendjab qui a été visé la nuit dernière par des frappes de l’Inde. Kotli, Muzaffarabad et deux autres zones dans le cachemire administrés par le Pakistan ont aussi été visés. Aucune infrastructure militaire ne se trouve près des cibles qui ont été frappées. L’Inde assure qu’il s’agit de sites terroristes.

« Cet acte d’agression haineux ne restera pas impuni », a réagi le Premier ministre pakistanais sur les réseaux sociaux. Une déclaration faite dans la foulée d’une riposte du Pakistan à coup de tirs d’artillerie sur la ligne de contrôle qui sépare les deux pays, dans la région du Cachemire.

Le Pakistan dit avoir cinq jets de l’armée indienne dont trois rafales ainsi qu’un drone, selon le ministre de l’Information qui a donné à 07h heure ce matin une conférence de presse retransmise à la télévision. L’armée pakistanaise aurait également frappé plusieurs postes de sécurité de l’armée indienne de l’autre côté de la ligne de contrôle.

Le Pakistan informe le conseil de sécurité de l’ONU qu’il « se réserve le droit de répondre »

Face « à la flagrante agression de l’Inde et à la menace qu’elle représente pour la paix et la sécurité internationales », le Pakistan a informé le conseil de sécurité de l’ONU qu’il se réservait « le droit d’y répondre de la façon adéquate au moment et à l’endroit de son choix, conformément à son droit à l’auto-défense prévu par l’article 51 de la charte des Nations unies », a déclaré le chef de la diplomatie pakistanaise.

Rubio appelle l’Inde et le Pakistan à « désamorcer » la crise, indique la Maison Blanche

Le chef de la diplomatie américaine, Marco Rubio, s’est entretenu avec ses homologues indien et pakistanais, les appelant au dialogue pour « désamorcer » la situation après des frappes de l’Inde au Pakistan, a fait savoir la Maison Blanche. Le secrétaire d’État « encourage l’Inde et le Pakistan à rouvrir un canal de discussion entre leurs dirigeants afin de désamorcer la situation et d’éviter une nouvelle escalade », a indiqué Brian Hughes, le porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche, dont Marco Rubio est récemment devenu chef par intérim.

Trois civils tués en Inde par des tirs d’artillerie pakistanais, selon l’armée indienne

Trois civils indiens ont été tués lors des échanges d’artillerie qui continuent d’opposer l’Inde et le Pakistan à leur frontière commune dans la région contestée du Cachemire, rapporte l’armée indienne. « Trois civils innocents ont perdu la vie lors de tirs/bombardements aveugles » pakistanais, a indiqué l’armée indienne, ajoutant qu’elle y avait répondu « de façon proportionnée ».

Une manifestation signalée à Hyderabad, au Pakistan

Environ 200 Pakistanais ont défilé tôt mercredi matin dans la ville d’Hyderabad, dans le sud du pays, brûlant des drapeaux indiens et des portraits du Premier ministre indien Narendra Modi.

Dans un message posté sur le réseau social X, le secrétaire d’État américain Marco Rubio indique qu’il «suit de près » l’évolution de la situation entre l’Inde et le Pakistan. Un peu plus tôt, l’ambassade d’Inde à Washington avait indiqué que le conseiller indien à la sécurité nationale, Ajit Doval, l’avait tenu informé des frappes de l’armée indienne au Pakistan.

rfi

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