Le Premier ministre britannique Keir Starmer a dévoilé lundi de nouvelles mesures pour réduire l’immigration légale. « Tous les domaines du système d’immigration, y compris (les visas) de travail, de regroupement familial, d’étude, seront renforcés », a-t-il dit.
Ce plan va permettre « de reprendre enfin le contrôle de nos frontières », a affirmé le Premier ministre Keir Starmer. Ce lundi 12 mai, il a tenu une conférence de presse pour présenter dans les grandes lignes de nouvelles mesures pour réduire l’immigration légale au Royaume-Uni.
« Tous les domaines du système d’immigration, y compris (les visas) de travail, de regroupement familial, d’étude, seront renforcés afin que nous puissions mieux les contrôler. La mise en œuvre sera plus stricte que jamais et le nombre d’immigrants diminuera », a notamment déclaré le dirigeant travailliste.
Le gouvernement britannique a précisé ces réformes « radicales » du système d’immigration dans un livre blanc publié ce 12 mai.
Dans ce document, le Premier ministre assène d’emblée qu' »au cours des dernières années, le contrôle et la gestion appropriés du système d’immigration ont été perdus ». Depuis leur arrivée au gouvernement en juillet, les travaillistes promettent de réduire l’immigration nette – la différence entre arrivées et départs – qui s’est établie à 728 000 personnes entre juin 2023 et juin 2024. Elle avait atteint un record de 906 000 entre juin 2022 et juin 2023, contre 200 .000 en moyenne dans les années 2010.
Selon Keir Starmer, « les dommages causés à notre pays sont incalculables ».
Le nombre de migrants diminuera de façon « significative » d’ici les législatives de 2029, a promis le chef du gouvernement, sans pour autant fixer d’objectifs chiffrés. Selon un rapport du Home office, ces mesures devraient réduire d’environ 100 000 le nombre d’immigrés chaque année.
Nouvelles restrictions
Il sera désormais plus difficile d’obtenir un titre de résident permanent. Délivré à 162 000 personnes l’an dernier – en hausse de 35% sur un an -, ce titre sera réservé aux personnes pouvant prouver dix ans de présence sur le territoire, contre cinq actuellement. Les infirmières, médecins, ingénieurs et dirigeants dans l’intelligence artificielle pourront toutefois y prétendre avant.
Le plan prévoit également un durcissement des conditions d’octroi des visas de travail (369 000 ont été délivrés en 2024).
Maintenant, un étranger souhaitant un visa de travailleur qualifié devra aussi justifier d’un niveau de diplôme équivalent à une licence française, sauf exception prévue pour certains domaines en manque de main-d’œuvre. Et les employeurs qui veulent recruter des personnes à l’étranger devront investir dans la formation de travailleurs britanniques.
Le Royaume-Uni met aussi fin aux visas pour les travailleurs du secteur de la santé. Le secteur des soins aux personnes âgées, présentement très dépendant de la main-d’œuvre étrangère, ne pourra donc plus recruter hors du pays.
Enfin, dénonçant le fait que trop d’étudiants qui viennent au Royaume-Uni pour leurs études y reste ensuite, les autorités ont décidé de raccourcir la validité des visas étudiants.
Un jeune diplômé ne pourra plus rester légalement sur le territoire britannique plus de 18 mois.
Le niveau d’anglais nécessaire pour immigrer sera renforcé. De nouvelles exigences linguistiques seront imposées aux personnes qui souhaitent faire une demande de prolongation de visa ou d’installation afin de démontrer leur maîtrise de l’anglais. Tous les adultes à charge qui accompagnent les travailleurs ou les étudiants qui immigrent devront démontrer, au moins, des compétences de base en anglais.
Le gouvernement veut aussi pouvoir expulser plus d’étrangers condamnés pour des crimes. Actuellement, ils ne sont généralement expulsés que s’ils écopent d’une peine de prison supérieure à un an.
Enfin, un nouveau système numérique de visa et cartes d’identité va voir le jour pour « faciliter la tâche des agents de l’immigration pour retrouver et prendre des mesures contre ceux qui tentent de rester [au Royaume-Uni] illégalement ».
« Une vision à court terme, mais aussi une cruauté »
Dès leur annonce, ces nouvelles mesures ont suscité de nombreuses réactions au Royaume-Uni. Care England, l’organisme qui représente les prestataires de services sociaux, s’est notamment alarmé de la fin du système de visas. « Le recrutement international n’était pas une solution miracle, mais une bouée de sauvetage.
Le supprimer maintenant, sans avertissement, sans financement et sans alternative, c’est non seulement une vision à court terme, mais aussi une cruauté », a réagi Martin Green, directeur général de l’organisation.
Les universités ont aussi fait part de leurs inquiétudes et invitent le gouvernement à réfléchir « attentivement » à l’impact du livre blanc sur l’enseignement supérieur « et sur l’attractivité du Royaume-Uni comme destination d’études », a estimé Vivienne Stern, directrice générale d’Universities UK, le principal groupe représentant les universités.
Côté politique, le Parti vert a dénoncé les propositions du livre blanc sur l’immigration, les qualifiant de « paniquées et malavisées ».
Les Libéraux-démocrates, eux, ont déclaré que le gouvernement avait raison de vouloir réformer le système d’immigration. « Suite à la terrible gestion du précédent gouvernement conservateur, notre système d’immigration est en ruine et la confiance du public est ébranlée.
Il est juste que le gouvernement prenne des mesures », selon Lisa Smart, porte-parole des Libéraux-démocrates pour les affaires intérieures, qui incite toutefois le gouvernement à faire davantage pour garantir que les employeurs britanniques puissent recruter afin de combler les lacunes créées par les nouvelles restrictions de visa.
Pression migratoire
Pour justifier ces décisions, le Premier ministre a évoqué le besoin de « règles » dans chaque nation. « Sans elles, nous risquons de devenir une île d’étrangers », a-t-il avancé dans son discours ce lundi matin. Une remarque qui a suscité l’ire de nombreux britanniques, a commencé par la classe politique ou les associations. Keir Starmer a « écouté et appris de Reform UK », s’est félicité sur la BBC le député et chef adjoint du parti anti-immigration Richard Tice.
Outre l’immigration légale, le gouvernement est également sous pression pour endiguer l’arrivée de migrants traversant la Manche sur de petites embarcations. Quelque 36 800 sont arrivés l’an dernier, et plus de 11 000 depuis le début de l’année.
Et les drames se multiplient.
Un migrant est décédé dans la nuit de dimanche à lundi en tentant de rallier les côtes anglaises. Son corps a été ramené à Portel, une commune collée à Boulogne-sur-Mer. Ce nouveau mort porte à 11 le nombre total de décès en mer depuis le début de l’année.
infomigrants