Des Rafale français avec l’arme nucléaire pour protéger l’Europe? Moscou répond à Emmanuel Macron

Emmanuel Macron a de nouveau déclaré mardi que le parapluie nucléaire français pourrait bénéficier à d’autres pays européens. Une affirmation que le Kremlin accueille avec scepticisme.

Des Rafale emportant l’arme nucléaire déployés en Europe? Le Kremlin est dubitatif. Le porte-parole du Kremlin a affirmé mercredi que l’éventuel déploiement en Europe d’avions français dotés d’armes nucléaires, évoqué la veille par le président Emmanuel Macron, n’apportera pas « de sécurité » au continent européen.

« Le déploiement d’armes nucléaires sur le continent européen, ce n’est pas ce qui apportera de la sécurité, de la prévisibilité et de la stabilité au continent européen », a déclaré Dmitri Peskov, estimant que des « efforts importants » de Moscou, de Washington et des pays européens dotés de l’arme nucléaire étaient nécessaires « pour former une architecture de sécurité stratégique en Europe ».

Le chef de l’État est revenu ce mardi sur TF1 sur la question de la dissuasion nucléaire européenne.

« Je veux engager un débat, mais la France ne paiera pas pour la sécurité des autres, cela ne sera pas en soustraction de ce qu’on a, et la décision finale reviendra toujours à la France », a expliqué Emmanuel Macron.

« Nous sommes prêts à ouvrir une discussion », notamment sur le déploiement d’avions armés de « bombes » nucléaires dans d’autres pays européens, a cependant précisé le président.

Aujourd’hui, la doctrine française n’offre que des options limitées de coopération en matière de dissuasion nucléaire, telle que la participation d’avions européens aux exercices nucléaires français, en fournissant par exemple des chasseurs d’escorte.

La France est le seul pays d’Europe occidentale, avec le Royaume-Uni, doté de l’arme nucléaire. Les autres pays européens membres de l’Otan sont jusqu’ici sous le parapluie nucléaire américain.

En deux mois, plusieurs pays membres de l’Union européenne se sont exprimés, dont les dirigeants scandinaves, traditionnellement réservés sur la question nucléaire, mais qui se sont montrés ouverts.

Ouvrir le parapluie nucléaire à l’Europe
À la tête de l’une des deux puissances nucléaires en Europe, Emmanuel Macron s’était dit déjà prêt le 28 février à « ouvrir la discussion » sur la dissuasion nucléaire à ses partenaires européens.

Un déploiement déjà mis en œuvre de longue date par les Américains dans un certain nombre de pays européens.

Le président de la République a souligné combien de telles discussions ne modifieraient pas, selon lui, la doctrine française.

« Depuis qu’une doctrine nucléaire existe, depuis le général de Gaulle, il y a toujours eu une dimension européenne dans la prise en compte de ce qu’on appelle les intérêts vitaux. On ne le détaille pas parce que l’ambiguïté va avec la dissuasion », a-t-il relevé.

Le sujet avait été posé sur la table début mars lors d’une allocution du président français, qui avait indiqué vouloir « ouvrir le débat stratégique » sur la protection de l’Europe par le parapluie nucléaire français.

Il répondait à Friedrich Merz, alors futur chancelier allemand, qui avait jugé nécessaire que l’Europe se prépare « au pire scénario » d’une Otan dépourvue de la garantie de sécurité américaine.

Et il s’était donné, quelques jours plus tard, jusqu’à « la fin du semestre » pour voir « s’il y a des coopérations nouvelles qui peuvent voir le jour », au sein de l’Union européenne, sur ce dossier.

Protéger les « intérêts vitaux »
Le sujet ne cesse de prendre de la substance au fur et à mesure qu’augmentent les craintes d’un repli des États-Unis de Donald Trump, de leur désengagement en Ukraine et d’une rupture historique de leur alliance avec les Européens, qui dure depuis la deuxième guerre mondiale.

Vendredi dernier, Emmanuel Macron avait déjà souligné que les « intérêts vitaux » de la France, à la base de sa stratégie de dissuasion nucléaire, intégraient aussi ceux de ses « principaux partenaires » en Europe.

Des propos prononcés aux côtés du Premier ministre polonais Donald Tusk à Nancy, dans l’est de la France, où les deux hommes ont signé un traité renforçant la coopération bilatérale de défense.

« Le moment que nous vivons, c’est celui d’un réveil géopolitique. Notre Europe, elle a été faite d’abord pour la paix », a rappelé Emmanuel Macron mardi. « Le défi des défis pour nous, c’est de rester libres ».

AFP

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