Le nombre de déplacés à l’intérieur de leur pays a atteint un nouveau record en 2024 avec 83,4 millions de personnes enregistrées, selon un rapport conjoint de l’Observatoire des situations de déplacement interne (IDMC) et du Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC) publié mardi. Ce chiffre a bondi de 50% au cours des six dernières années.
Les conflits au Soudan, à Gaza, en République démocratique du Congo (RDC), en Ukraine ; les catastrophes naturelles… Autant d’évènements qui font bondir le nombre de personnes déplacées dans leur propre pays. C’est ce que révèle un rapport conjoint de l’Observatoire des situations de déplacement interne (IDMC) et du Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC) publié mardi 13 mai à Genève (Suisse).
Fin 2024, 83,4 millions de personnes étaient déplacées dans le monde, soit l’équivalent de la population de l’Allemagne – fin 2023, le monde comptait 75,9 millions de déplacés internes. Et ce chiffre a bondi de 50% au cours des six dernières années, précisent les deux organisations.
‼️A new record of 83.4 million people are living in internal displacement
Over the past six years, this number has doubled. The cost of inaction is growing & displaced people are paying the price.
Governments must take the lead on lasting solutions. Learn more in #GRID2025⬇️
— IDMC (@IDMC_Geneva) May 13, 2025
« Le déplacement interne est l’endroit où se croisent conflit, pauvreté et crise climatique, et qui frappe les plus vulnérables de plein fouet », a déclaré Alexandra Bilak, directrice de l’IDMC, dans un communiqué.
Contrairement aux réfugiés qui fuient un pays pour s’installer ailleurs, les déplacés sont des personnes contraintes de partir mais qui restent dans leur pays.
Le Soudan en tête du classement des déplacés internes
D’après le rapport, près de 90% de ces déplacements forcés sont dus aux violences et aux conflits. Ils concernent 73,5 millions de personnes, un chiffre en augmentation de 10% par rapport à 2023, et même de 80% depuis 2018.
Avec 11,6 millions de déplacés en raison des conflits, le Soudan compte le plus grand nombre de ces personnes jamais enregistré dans un seul pays, souligne le rapport. La Syrie suit avec 7,4 millions de personnes. La RDC arrive en quatrième position du classement mondial avec 6,2 millions de déplacés internes, derrière la Colombie qui en compte 7,3 millions.
Presque toute la population de la bande de Gaza était également déplacée fin 2024, avant même les nouveaux déplacements massifs provoqués par la reprise des bombardements israéliens, le 18 mars, après la fin d’une trêve de deux mois.
Les catastrophes ont, elles, obligé près de 10 millions de personnes à fuir et à s’installer ailleurs, soit une hausse de 29% par rapport à l’année précédente.
À noter que ce chiffre a doublé en cinq ans. Les phénomènes météorologiques, souvent aggravés par le changement climatique, ont provoqué 99,5% des déplacements dus à des catastrophes l’an dernier.
L’Afghanistan arrive en tête avec 1,3 million, suivi par le Tchad qui compte 1,2 million de personnes déplacées liées aux catastrophes naturelles.
Fin 2024, 10 pays comptaient chacun plus de trois millions de déplacés internes dus aux conflits et aux violences. Le nombre de pays signalant des déplacements résultant à la fois des conflits et des catastrophes a triplé en 15 ans. Plus des trois-quarts des déplacés internes en raison de conflits vivent dans des pays très vulnérables au changement climatique.
« Signal d’alarme »
Ces chiffres alarmants surviennent au moment où les organisations humanitaires mondiales sont en grande difficulté en raison du gel par Donald Trump de la majorité de l’aide financière américaine. De nombreuses coupes budgétaires touchent les déplacés, qui reçoivent généralement moins d’attention que les réfugiés.
« Les chiffres de cette année doivent être un signal d’alarme pour la solidarité mondiale », a insisté Jan Egeland, le directeur du NRC dans le communiqué. « À chaque fois qu’un financement est coupé, un déplacé n’a plus accès à la nourriture, aux médicaments, à la sécurité et perd espoir », a-t-il averti.
L’absence de progrès dans la lutte contre les déplacements dans le monde est « à la fois un échec politique et une tache morale pour l’humanité », insiste Jan Egeland.
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