Un migrant érythréen est mort mardi soir à Marck, près de Calais, après avoir été percuté par un poids lourd dans lequel il essayait de se cacher pour atteindre l’Angleterre. Des milliers d’exilés, désargentés et incapables de s’offrir les services d’un passeur, continuent chaque année de tenter de monter dans des camions.
Les drames continuent dans le nord de la France. Un corps sans vie a été retrouvé mardi 13 mai vers 23h20 sur un parking de Marck, près de Calais, a indiqué mercredi une source policière à l’AFP. Il s’agit de la dépouille d’un exilé érythréen décédé après avoir été percuté par un camion dans lequel il essayait de monter pour atteindre l’Angleterre.
Le chauffeur du poids lourd, un ressortissant bulgare, avait quitté les lieux lorsque le migrant a été découvert. Il a été retrouvé peu après, interpellé et placé en garde à vue.
Le 4 février, un autre migrant érythréen avait également été mortellement percuté par un poids lourd sur l’autoroute A16 près de Calais.
Les passages par camion, bien que plus rares que les traversées de la Manche, n’ont pas disparu.
Des milliers d’exilés désargentés et incapables de s’offrir les services d’un passeur continuent chaque année de tenter de monter dans des poids lourds.
Généralement, ces migrants sont soudanais.
Ils patientent à des endroits stratégiques au bord de l’A16, sur des aires de parkings, ou marchent le long des voies en tentant leur chance à l’improviste.
Amjad, 17 ans, vit à Calais, dans un campement de fortune.
Il a confié en novembre 2024 à InfoMigrants avoir tenté plus de 20 fois le passage par camion. Pour lui, ce sont pas les contrôles policiers mais les altercations violentes avec certains chauffeurs routiers qui posent problème. « Un jour, un conducteur a essayé de me rouler dessus », affirme-t-il. « Une autre fois, on m’a sorti d’un véhicule avec violence, on m’a balancé par terre ».
Amjad rentre souvent dans son campement vers 3h du matin, épuisé par ses tentatives avortées.
« Tous les jours, j’essaie. Évidemment qu’on sait que c’est risqué, mais c’est quoi l’autre option ? Les canots dans l’eau ? Vous avez de l’argent pour moi ? »
En 2024, 5 000 migrants interceptés dans les zones portuaires de la Manche
Selon le média britannique BBC, l’année dernière, plus de 5 000 migrants ont tenté de se cacher dans des véhicules pour rejoindre illégalement le Royaume-Uni. Ils ont tous été stoppés dans les ports de la Manche.
La France sécurise depuis des années les ports de la Manche pour tenter d’enrayer les départs illégaux de migrants vers l’Angleterre – en se cachant dans des camions qui empruntent l’Eurotunnel, en embarquant discrètement sur des ferries ou en se cachant dans des camionnettes affrétées par des passeurs. Détecteurs de mouvements, caméras thermiques, agents de sécurité supplémentaires, constructions de barbelés…
Les ports sont aujourd’hui ultra-sécurisés.
Cette militarisation de la frontière française a été rendue possible grâce aux deniers britanniques. En 2023, Londres a annoncé verser plus de 500 millions d’euros sur quatre ans à la France pour militariser davantage la frontière maritime. « Cela a rendu les incursions dans les ports et les entrées clandestines dissimulées dans des véhicules beaucoup plus difficiles », écrivait David Bolt, l’inspecteur en chef indépendant des frontières et de l’immigration, dans un récent rapport sécuritaire de mars 2025.
« En 2016, on en comptait plus de 56 000. En 2024, on en comptait environ 5 000 ».
« Les ressources et les capacités de la Border Force sont mises à rude épreuve, et ses opérations, ainsi que celles de ses prestataires de sécurité, sont étroitement surveillées par les migrants et les réseaux de passeurs afin d’identifier et d’exploiter toute faiblesse », cite encore la BBC.
« Il est donc vital que les forces frontalières continuent d’investir dans le personnel, les équipements de détection et les systèmes informatiques dans les ports juxtaposés ». Et de proposer par exemple « l’installation d’un système intégré de reconnaissance automatique des plaques d’immatriculation (ANPR) » entre la France et l’Angleterre.
infomigrants