Les entrées irrégulières dans l’UE ont baissé de 27 % depuis le début de l’année, selon Frontex

Selon l’agence Frontex, les franchissements irréguliers des frontières extérieures de l’Union européenne ont diminué d’un quart au cours des quatre premiers mois de 2025. Sur la route des Balkans, cette baisse est de 58 %.

Le nombre de franchissements illégaux des frontières extérieures de l’Union européenne a baissé de 27 % depuis le début de l’année, a annoncé Frontex. Selon le dernier communiqué de l’agence européenne de garde-côtes et de garde-frontières, la baisse concerne toutes les routes migratoires mais elle est particulièrement forte sur celle des Balkans.

Entre janvier et avril, 3 093 entrées irrégulières ont été recensées sur cet itinéraire, soit une baisse de 58 % par rapport à l’année précédente.

Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette chute, selon Helena Hahn, spécialiste des politiques migratoires à l’European policy center. « L’une des principales raisons est la situation des îles grecques, par lesquelles de nombreuses personnes au départ de la Turquie transitent pour arriver au continent européen », avance-t-elle.

Et de préciser : « Les pratiques brutales aux frontières maritimes et terrestres de la Grèce et de la Bulgarie, notamment les refoulements, ont également eu un effet dissuasif ».

En 2024, l’agence européenne avait déjà noté une baisse de 78 % des passages sur l’année.

Crédit : Frontex

Depuis plusieurs années, InfoMigrants a recueilli de nombreux témoignages de migrants racontant les conditions de vie très difficiles et les « pushbacks » violents des autorités.

« Sur la route, ceux qui doivent nous protéger [la police, ndlr] nous pillent, nous violentent. La torture n’est pas que physique, elle peut aussi être morale. Tout cela est déprimant », confiait par exemple Pierre, un ressortissant congolais, à InfoMigrants. Plusieurs enquêtes de médias ou ONG ont également documenté ces pratiques.

De son côté, Athènes a toujours nié procéder à des refoulements.

Cette année, la situation en Syrie aurait également un impact sur les flux migratoires. La chute de Bachar al-Assad en Syrie, pays de provenance d’une grande partie des migrants transitant par la route des Balkans, pourrait jouer « sur la décision des gens de partir ou même de retourner dans leur pays », selon elle.

Et enfin, les conditions météorologiques dans cette partie de l’Europe, combinées à des « conditions d’accueil inadéquates » réduisent généralement le « nombre de personnes voyageant par cette route pendant la période hivernale », avance l’experte.

Plus de 30 000 migrants interceptés sur le sol mauritanien
Sur la route de l’Afrique de l’Ouest, la baisse du nombre d’arrivées est aussi notable. Elles ont chuté de plus d’un tiers pour atteindre 10 400 (-34 %). Les principales nationalités sur ce corridor étaient les Maliens, les Sénégalais et les Guinéens.

Depuis le début de l’année, la Mauritanie, devenue fin 2023 l’un des principaux points de départ des exilés souhaitant rejoindre l’Europe en traversant l’océan vers les Canaries, mène une politique migratoire plus stricte. Des contrôles sont effectués dans les grandes villes et sur les autoroutes.

« Il y a des refoulements tous les jours. La police arrête même des gens dans leurs maisons, des hommes lorsqu’ils vont au travail », racontait, le mois dernier, à InfoMigrants Abdoulaye Diallo, président de l’association Ensemble pour un avenir meilleur, à Nouakchott.

Plus de 30 000 migrants ont été interceptés sur le sol mauritanien entre janvier et avril 2025. En quatre mois, le pays a aussi démantelé 88 réseaux de passeurs.

« Des réseaux de passeurs plus sophistiqués »
La Méditerranée centrale est la route la plus fréquentée cette année, avec un tiers de toutes les arrivées dans l’UE. Selon Frontex, 15 718 traversées irrégulières ont été enregistrées au cours des quatre premiers mois de 2025, un chiffre comparable à celui de la même période l’an dernier.

L’agence européenne note que les Bangladais sont la principale nationalité signalée depuis le début de l’année. Ils sont 5 858 à avoir transité par cette rouge migratoire ces quatre derniers mois, devant les Érythréens (1 725), les Pakistanais (1 683) ou encore les Égyptiens (1 600).

Une omniprésence notamment due à « des réseaux de passeurs qui semblent plus sophistiqués », estime Helena Hahn.

« Les réseaux de passeurs impliqués dans le trafic de Bangladais organisent l’intégralité du voyage, prenant en charge les vols et les demandes de visa. Le coût total du voyage se situerait entre 9 500 et 13 000 euros », précise de son côté Frontex.

La Méditerranée orientale, elle, est la deuxième voie d’entrée la plus active avec plus de 12 200 traversées même si le nombre d’arrivées enregistrées a diminué de 30 % par rapport à l’année précédente.

Pour rappel, Frontex prend en compte les franchissements irréguliers de frontières, et non les individus. Une même personne peut donc être comptabilisée à plusieurs reprises, à chacune de ses tentatives de passage.

infomigrants

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