Coup de massue pour la politique économique de Donald Trump. Pour la première fois, l’influente agence Moody’s a retiré à la dette américaine sa note maximale du “triple A” et l’a rétrogradée à Aa1, en y ajoutant une perspective stable. Elle a justifié sa décision par la hausse de l’endettement des États-Unis, qui atteint désormais 36.000 milliards de dollars.
Selon Moody’s, la classe politique américaine échoue depuis des années à réduire le déficit budgétaire colossal et la hausse des charges d’intérêts. “Le niveau de la dette et des paiements d’intérêts est désormais nettement plus élevé que celui d’autres pays ayant une solvabilité comparable”, précise l’agence de notation.
La nouvelle note attribuée aux États-Unis, “Aa1”, reste élevée, mais n’est plus la meilleure. Auparavant, d’autres grandes agences de notation comme Fitch et Standard & Poor’s avaient déjà pris la même décision. Moody’s était la dernière à maintenir son “triple A”, jusqu’à présent.
L’importance des agences de notation
Moody’s, Fitch et S&P évaluent non seulement les pays, mais aussi les entreprises et autres institutions. Elles attribuent des notes (de AAA à D) en se basant sur les performances financières, la discipline budgétaire et les perspectives économiques. Ces notations permettent aux investisseurs d’évaluer le risque lorsqu’ils prêtent de l’argent: plus la note est élevée, plus l’investissement est sûr et plus les taux d’intérêt appliqués sont bas.
Pour les gouvernements et les entreprises, ces évaluations sont donc cruciales : une note inférieure se traduit par des coûts d’emprunt plus élevés. De plus, de nombreux fonds de pension et banques n’investissent que dans des pays ou entreprises ayant une notation optimale. Les agences de notation deviennent ainsi des baromètres clés de l’économie, avec une influence considérable. La crise financière de 2008 a toutefois révélé qu’elles sont loin d’être infaillibles.
La mesure a une forte valeur symbolique.
Depuis plus d’un siècle, les États-Unis sont considérés comme le refuge le plus sûr pour les investisseurs, en grande partie grâce à cette notation de crédit irréprochable. Jusqu’à présent, les créanciers prêtaient volontiers de l’argent à l’Amérique, convaincus que le pays rembourserait toujours ses dettes.
36 000 milliards de dollars de dette
Cette confiance est donc désormais mise à mal. La dette publique américaine atteint aujourd’hui 36.000 milliards de dollars, soit 20 % de plus que la valeur totale de l’économie américaine. Et la situation pourrait encore s’aggraver. Moody’s prévoit une augmentation continue de la dette au cours des dix prochaines années, notamment en raison de la volonté du président Donald Trump de prolonger les avantages fiscaux instaurés en 2017.
La Maison-Blanche furieuse
La dégradation de la note intervient à un moment délicat pour Trump. Le président américain souhaite réduire drastiquement les dépenses fédérales tout en augmentant les recettes grâce à des tarifs douaniers très élevés.
Son objectif: réduire les déficits budgétaires. Mais ces plans peinent à décoller, d’autant plus que l’économie américaine a reculé de 0,3 % cette année.
La Maison-Blanche a réagi avec véhémence à cette annonce.
Elle a tout d’abord une nouvelle fois expliqué dans un communiqué que son objectif principal était de “nettoyer le gâchis de Biden”, avant de s’en prendre directement à l’agence de notation: “Si Moody’s avait une quelconque crédibilité, elle ne serait pas restée silencieuse pendant le chaos financier de ces quatre dernières années”, a déclaré le porte-parole Kush Desai.
Le directeur de la communication de la Maison-Blanche, Steven Cheung, a pour sa part critiqué Mark Zandi, économiste en chef chez Moody’s Analytics. “Personne ne prend ses ‘analyses’ au sérieux. Il a été prouvé qu’il avait tort à maintes reprises”, a écrit M. Cheung sur X.
Il convient toutefois de préciser que M. Zandi n’est pas impliqué dans les évaluations de crédit, qui sont réalisées par une branche distincte de l’agence.
L’ancien conseiller de Donald Trump, Stephen Moore, a également qualifié le verdict d’excessif. “Si une obligation du gouvernement américain n’est pas digne du triple A, qu’est-ce qui l’est?”, s’est-il interrogé auprès de l’agence de presse Reuters.
Revers au Congrès
Comme si cela ne suffisait pas, Trump a essuyé un nouveau revers. Plusieurs élus républicains ont fait capoter vendredi au Congrès un vote clé sur l’avancement d’un mégaprojet de loi, vu comme la pièce maîtresse du programme du président Donald Trump.
Celui-ci doit notamment concrétiser la prolongation des crédits d’impôt accordés durant son premier mandat avant leur expiration, en fin d’année.
Le projet de loi prévoit également 880 milliards de dollars de coupes budgétaires sur une dizaine d’années, concernant principalement les programmes d’assurance santé de 70 millions d’Américains aux revenus modestes.
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