L’administration Trump semble viser le potentiel que représente le marché unique continental en construction (ZLECAf), dans un contexte de recherche de nouveaux marchés et de limitation de l’influence chinoise et russe entre autres.
Lors d’un échange avec des journalistes à Abidjan, en Côte d’Ivoire, le mardi 20 mai 2025, Troy Fitrell (photo), haut responsable du Bureau des affaires africaines du département d’Etat américain, a présenté une nouvelle stratégie de diplomatie commerciale pour l’Afrique subsaharienne. Elle marque une étape, passant d’une approche centrée sur l’aide humanitaire et sociale à une politique axée sur le commerce et les investissements.
Fitrell a expliqué que ce virage s’appuie sur des décennies d’observations montrant que les partenariats commerciaux sont plus efficaces pour stimuler une croissance économique durable que les aides traditionnelles.
Le contexte de cette orientation, qui n’est pas nouvelle, repose sur les dynamiques économiques et géopolitiques actuelles. L’Afrique, avec une population jeune et une urbanisation rapide, représente un marché attractif pour les investisseurs mondiaux. Les Etats-Unis reconnaissent ce potentiel, notamment à travers des initiatives comme la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), qui vise à créer un marché unique pour 1,3 milliard de personnes.
La stratégie de diplomatie commerciale cherche à aligner les intérêts des entreprises américaines avec les objectifs de développement africains, tels que l’industrialisation, la transformation des matières premières et la création d’emplois. Ce changement intervient après des décennies de relations marquées par l’aide humanitaire et les interventions sécuritaires, nécessitant un ajustement des perceptions des deux côtés.
Pendant son séjour à Abidjan, Fitrell a indiqué avoir participé à plusieurs activités pour promouvoir cette stratégie.
Il a, lors de l’Africa CEO Forum, annoncé la nouvelle approche. Il a également réuni les Chambres de commerce américaines de 12 pays voisins pour discuter des opportunités commerciales. De plus, il a tenu des discussions bilatérales avec des représentants gouvernementaux africains, incluant des présidents, des vice-présidents, des ministres du Commerce et des ministres des Affaires étrangères.
Pour renforcer l’engagement avec les pays francophones, un nouveau bureau a été établi à Abidjan.
Cette initiative vise à faciliter les interactions et à accroître les opportunités commerciales dans les pays francophones d’Afrique, en tenant compte des spécificités linguistiques et juridiques. Cette décision reflète une reconnaissance de l’importance de la Côte d’Ivoire comme hub économique régional et de la nécessité d’adapter les approches aux contextes locaux.
De nombreux mécanismes de coopération existent actuellement entre les USA et l’Afrique, il s’agit entre autres du financement du développement du secteur privé via US Eximbank ou encore US Development Finance Corporation (DFC). Il y a aussi le Prosper Africa, un guichet unique des opérations entre agents économiques africains.
Des structures d’aides comme USAID et le Millenium Challenge ont fait l’objet de coupes ou de suppressions budgétaires, tout autant que des engagements comme ceux visant à soutenir le Fonds africain de développement (FAD). Enfin, le renouvellement de l’AGOA, la loi américaine par excellence de promotion du commerce Afrique-USA qui expire fin septembre 2025, n’est toujours pas clair.
Dans ses nouvelles perspectives, l’Afrique a elle aussi des attentes en termes de bénéfices locaux.
Elles vont de la création d’emplois aux transferts de technologies, des aspects qui font encore défaut chez le plus grand partenaire commercial de la région, à savoir la Chine. Mais quelles que soient leurs priorités, les gouvernements africains devront être capables de négocier des accords plus équitables face à la concurrence mondiale.
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