De nouveaux modèles d’une précision inégalée, produits par le supercalculateur Aleph, sont très pessimistes quant à l’avenir du phénomène d’oscillation australe; un clou supplémentaire dans le cercueil d’El Niño,et de La Niña ?
La région la plus équatoriale de l’océan pacifique est connue pour être le siège de manifestations climatiques connues sous les noms d’El Niño et la Niña. Ils correspondent aux deux phases alternantes d’un même phénomène, baptisé ENSO.
Il fait aujourd’hui partie des facteurs qui façonnent le climat tel qu’on le connaît; il joue un rôle direct sur l’intensité de certains phénomènes météorologiques, comme les moussons de l’océan indien. Mais son influence ne s’arrête pas là; ses fluctuations jouent un rôle clé dans la dynamique climatique de la planète entière… du moins, pour l’instant.
En effet, de nombreux chercheurs et institutions dont la NASA considèrent que les jours d’ENSO pourraient bien être comptés. Et tout récemment, cette hypothèse a bénéficié d’un renfort de poids grâce à une équipe internationale de chercheurs.
Une simulation d’une précision inégalée
Ceux-ci ont conduit une vaste série de modélisations climatiques sur le supercalculateur sud-coréen Aleph, qui compte parmi les plus puissants du pays. Les chercheurs ont mis la bête à contribution pendant plus d’un an de travail acharné et ininterrompu. Ils ont ainsi récolté assez de données pour remplir 2000 disques durs, d’après le Dr. Sun-Seon Lee qui a conduit ces expériences. De quoi produire une simulation d’une précision encore jamais atteinte, avec une résolution de 10km pour l’océan et 25km pour l’atmosphère. Ce modèle ultra-précis peut désormais simuler des phénomènes aussi variés que des cyclones tropicaux ou des vagues d’instabilité tropicale, qui jouent un rôle clé dans le phénomène ENSO.
Et lors de l’analyse de ces résultats, l’équipe s’est concentrée sur un problème qui titille les climatologues depuis bien longtemps : l’évolution d’ENSO en fonction des émissions de gaz à effet de serre. Grâce à la précision de leurs modèles, ils ont pu étudier les échanges de chaleur entre l’océan et l’atmosphère. Ils ont ainsi mis au jour un bras de fer entre différents facteurs, qui confirme ce que les tentatives précédentes n’avaient fait que suggérer : l’intensité du cycle ENSO va diminuer avec l’augmentation de la concentration atmosphérique en CO2.
“Nos recherches démontrent que le réchauffement climatique va probablement réduire au silence l’un des phénomènes climatiques les plus puissants au monde, qui opère pourtant depuis des milliers d’années”, explique Axel Timmermann, l’un des auteurs de l’étude.
Des conséquences encore peu claires
Le problème, c’est que les conséquences de cet affaiblissement progressif ne sont pas encore claires. Car au vu du nombre de paramètres dont dépend cette dynamique, toute la puissance de calcul disponible à l’échelle de la planète ne suffirait pas à pousser les modélisations assez loin. Résultat : nous avançons pour l’instant à tâtons sur cette question. “Nous ne savons pas encore quelles seront les conséquences écologiques de cette situation sans précédent”, renchérit Axel Timmermann.
Il existe donc une probabilité bien réelle que cette dynamique cache de très nombreux points de bascule climatique, susceptibles de faire dégénérer la situation encore davantage. En attendant d’avoir des réponses plus précises sur les implications potentielles de ces découvertes, il n’y a donc qu’une façon d’agir : continuer coûte que coûte la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre.
Source: journaldugeek
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