Dans le cadre de leur projet HYBRIT, un groupe d’industriels suédois est parvenu à produire le premier acier « sans énergie fossile ». Une petite révolution, qui pourrait transformer l’industrie sidérurgique si elle était appliquée à grande échelle.
L’une des grandes questions qui se posent par rapport aux enjeux écologiques, c’est la place de nos industries; car malheureusement, certaines d’entre elles sont aussi indispensables que nocives d’un point de vue environnemental, du moins dans le cadre des processus industriels actuels. C’est par exemple le cas de l’acier; sa production est une véritable plaie écologique tout au long de la chaîne.
Mais plutôt que d’abandonner entièrement la production, ce qui est évidemment inconcevable dans l’immédiat, des pistes existent pour réduire son impact écologique. Selon Forbes, le dernière innovation dans ce sens nous vient de Suède; des ingénieurs de SSAB, premier fabricant d’acier du pays, ont réussi pour la première fois à produire de l’acier “sans aucun combustible fossile.”
Un changement de paradigme radical
En temps normal, la production d’acier est largement dépendante de ces ressources; selon la méthode de production, le charbon peut représenter jusqu’à 11% des apports en énergie pour une production par arc électrique. Mais le vrai problème réside dans les hauts-fourneaux, où il représente la très grande majorité des apports en énergie. Au cours de ce processus, on constate des émissions de gaz à effet de serre à chaque étape. C’est notamment le cas lors de la production des granulés de minerai, qui constituent l’ingrédient phare de cette recette. On peut aussi citer la production de coke, un sous-produit du charbon utilisé pour réduire le minerai afin de le transformer en fonte. Dans ces deux cas, SSAB a remplacé le combustible fossile par de l’hydrogène issu d’une filière renouvelable.
Le processus serait donc intégralement débarrassé des énergies fossiles, “de la mine à l’acier en passant par la production d’électricité”; mais il faut toutefois prendre cette affirmation avec des pincettes, car cette formulation reste ouverte à l’interprétation. Par exemple, si les entreprises assurent également avoir optimisé l’extraction des ressources, elles n’expliquent cependant pas par quel procédé; et à l’heure actuelle, il paraît difficilement envisageable de produire des ressources sans utiliser de combustibles fossiles à un moment donné. L’extraction du minerai à elle seule est connue pour être très énergivore; si le groupe d’industriels a réellement trouvé une façon de le faire sans aucune énergie fossile, cela représenterait également une avancée considérable dont toute l’industrie pourrait bénéficier.
Volvo déjà sur les rangs
Mais en attendant d’en savoir plus sur l’extraction, cet acier constitue tout de même une avancée indiscutable sur le plan écologique. Il a même déjà trouvé son premier client : il s’agit de Volvo, le constructeur automobile suédois qui a récemment entamé une transition complète vers les énergies vertes et souhaite atteindre la neutralité carbone à terme.
Appliquée à grande échelle, cela représenterait un progrès loin d’être anecdotique. À l’heure actuelle, d’après un rapport de l’Union des Industries Métallurgiques et Minières de 2019, la production d’acier représenterait environ 7,6% des émissions de CO2 dans le monde; il s’agit donc bien d’une méthode concrète et potentiellement applicable à grande échelle pour diminuer nos émissions de gaz à effets de serre. Avec ses partenaires Vattenfall et LKAB, SSAB envisage de lancer la production à l’échelle industrielle dès 2026. Il sera intéressant de suivre l’évolution de ce projet sur les années à venir, afin de voir si le groupe parvient à tenir cette deadline et à démocratiser son processus industriel.
Source: journaldugeek
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