La crise économique déjà latente en République du Congo s’est davantage accentuée suite à la pandémie de la Covid-19. Si l’on peut constater une hausse des prix de plusieurs denrées alimentaires de première nécessité dans les marchés domaniaux, le constat est sans appel sur le secteur de la « pierre », là où les couts de construction connaissent une hausse importante. Ne dit-on pas que « l’immobilier est le baromètre d’une économie » ?
Dans les faits, entre 2013 et 2017, le Congo a enregistré une évolution croissante des investissements directs étrangers notamment le secteur de la Construction, car en effet, les trois quarts des budgets étaient destinés à l’investissement, notamment dans les infrastructures de base (routes, aéroports, ports, édifices publics, logements). A ce titre, plusieurs groupes ont entrepris de produire localement du ciment afin de réduire une dépendance extérieure, et de ce fait, réduire les couts au niveau local, ainsi le déficit de la balance commerciale. Seulement ces études de marché étaient portées sur un niveau d’investissements croissant avec des perspectives plus que positives sur la décennie 2015-2025, et adossées sur un prix du baril avoisinant les 100 USD. La baisse drastique du volume des investissements a divisé par 3 les carnets de commandes des ces usines, qui doublée de la crise sanitaire, a entrainé la fermeture du groupe Diamond Cement dans le département du Pool.
Dans un souci de rentabilité, seules trois options s’offrent à ces groupes : réduire les effectifs, profiter pleinement du marché sous-régional en se redirigeant vers des corridors plus rentables ou augmenter les prix. Face à la pression sociale, et celle des acteurs publics est celle de préserver les emplois (souvent déjà payés au SMIC), les entreprises se sont vues obligées d’augmenter le prix de la tonne de ciment de façon incrémentale, afin d’éviter la banqueroute. En effet, entre 2017 et 2021, le prix de la tonne de ciment est passé successivement 60.000 FCFA à 75.000, puis à près de 90.000F CFA à ce jour. Ce gap important de 30.000 FCFA en 4 ans, va à n’en point douter alourdir la peine de ce secteur qui peine à se relever, sachant que les revenus n’ont pas augmenté depuis lors. L’un des risques est de voir une augmentation des prix des loyers, créant donc un déséquilibre entre le niveau de l’offre et la capacité de la demande.
Quelques pistes possibles
La République du Congo est en attente de deux aides d’urgence afin de redémarrer son économie à savoir la Facilité élargie de Crédit (FEC) du Fonds Monétaire international (FMI), ainsi que l’aide d’urgence post-Covid pour les pays africains. Pour la seconde, il est donc nécessaire d’orienter directement ces aides à l’endroit des entreprises (usines) spécialisées dans la construction par exemple, pour pouvoir non seulement préserver les emplois, ramener à un prix plancher le prix de la tonne. Dans un souci de transparence, ces subventions pourront être allouées directement au travers d’un dispositif mis en place entre les institutions financières internationales et la banque centrale. Préalablement une identification, et sélection des entreprises répondant aux critères sera effectuée.
Enfin, ce processus doit épouser une cartographie immobilière des grandes villes en définissant une fourchette des prix au m² à l’acquisition ou à la location, cela pour éviter une nouvelle dérégulation du marché, déjà latente.
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